L’admirable feu sacré des hommes du feu !

Quel plus estimable don de soi que de donner sa vie pour sauver celle d’autrui ! Quel plus grand sacrifice que d’offrir son existence tout entière, guidé par le seul sens du devoir, afin de porter secours à ses semblables et, le plus souvent encore, à des gens inconnus ! C’est là l’admirable mais ultime geste, véritable acte de bravoure, de courage tout autant que d’abnégation, qu’a eu Maxime Coessens, pompier âgé de 40 ans seulement, mort ce jeudi 29 mai 2025, en tentant d’éteindre l’incendie qui ravageait une aile de la prison de Lantin, en province de Liège.
Oui, cet immense dévouement revêt l’humble mais grandiose étoffe des vrais héros, ceux qui, risquant leur vie quotidiennement, jour et nuit, en ne s’épargnant jamais, meurent en silence, sans esbroufe ni fanfaronnade, afin de soulager un tant soit peu les trop vastes douleurs, parfois, du monde !
Un concentré d’humanité
Un concentré là, en outre, d’humanité, pour le meilleur et pour le pire. Ce vaillant soldat du feu, exemplaire à plus d’un titre, dans son travail comme en société, a péri, en ces tragiques circonstances, en s’en allant sortir de cette portion d’enfer sur terre ceux, voleurs ou violeurs, voyous ou assassins, que les aléas de la vie avaient relégués, confinés derrière les impitoyables barreaux d’une obscure geôle, dans la solitaire et quasi anonyme peine de leurs propres crimes, graves ou mineurs qu’ils fussent !
Car, qu’on se le dise, tout homme comme toute femme de bonne volonté a droit, sinon à l’oubli de ses fautes ou au pardon de ses péchés, du moins à la rédemption, toute humaine, de sa personne !

Maxime Coessens, pompier, père de famille avait 40 ans.
Comment dès lors, face à cet exemplaire homme du feu, mort pour son prochain comme un soldat meurt pour sa patrie, ne pas m’incliner, modestement mais sincèrement, devant la dépouille de ce héros des temps modernes ? C’est là, précisément, ce que j’ai fait, en ce jeudi 5 juin après-midi, en me rendant discrètement, dans la cathédrale Saint-Paul de ma bonne vieille Ville de Liège, aux funérailles de Maxime Coessens, décédé donc une semaine, tout juste, auparavant !
L’immense prix de cet ultime sacrifice
C’est d’ailleurs là, au sortir de cette vénérable église, où des centaines de pompiers, venus des quatre coins de la Belgique (Wallons, Flamands, Bruxellois, tous réunis en cette triste mais importante occasion), lui rendaient un dernier hommage en formant une très digne haie d’honneur, que j’ai véritablement compris l’immense prix de cet ultime sacrifice. Cet émouvant cercueil que l’on plaça alors sur l’imposant camion rouge de pompier semblait ainsi être soudain porté par la grande et haute échelle qui, entièrement recouverte de magnifiques couronnes mortuaires et de plusieurs dizaines de gerbes de fleurs, s’élevait majestueusement, comme en une humble mais éternelle gloire, vers les cieux.
Et là, en ces pompes funèbres, où ce poignant adieu n’avait rien, paradoxalement, de pompeux ni de pompier, j’ai senti au creux de mon être, profondément ressenti, en même temps que, ému et solennel à la fois, j’applaudissais, avec quelques centaines d’autres personnes venues elles aussi se recueillir pour exprimer leur gratitude, le départ de ce simple mais précieux héros vers sa dernière demeure, l’immortel, indomptable et inextinguible feu sacré, au sens littéral du terme, de ces admirables, dignes entre tous, hommes du feu…
Paix à son âme !
DANIEL SALVATORE SCHIFFER