CA BOUGE SUR LE DOSSIER DU BRUIT DES AVIONS A BRUXELLES

Nuisances sonores : le dossier du survol par les avions de Brussels Airport sur le point de décoller ?

Le dossier du survol des maisons par les avions de Brussels Airport polluent le quotidien des riverains depuis de nombreuses années. Crédit: Axelles De Smaele

Le ministre fédéral de la Mobilité, Jean-Luc Crucke (Les Engagés) et le médiateur fédéral pour l’aéroport national, Philippe Touwaide sont visiblement sur la même longueur d’ondes. Ce dernier vient de déposer un plan global détaillé de réduction du bruit pour les communes survolées par les avions de Brussels Airport. Il comporte une trentaine de mesures, notamment un allongement de la nuit, la création d’un fonds pour financer de travaux d’isolation des riverains et l’interdiction de construire des maisons d’habitation autour de l’aéroport. Brussels Airport Company va devoir investir sérieusement dans des mesures environnementales. A ce jour, l’Etat belge a déjà payé au moins 50 millions d’euros d’astreintes dans le dossier du survol pour n’avoir pas solutionné le dossier et pour avoir ignoré les décisions de justice.

Dans le cadre de la semaine de la Mobilité, le ministre fédéral Jean-Luc Crucke (Les Engagés) assure travailler sur des mesures concrètes pour diminuer la charge sonore du trafic aérien autour de Bruxelles-National. Il avance comme solutions notamment une réduction drastique des niveaux individuels de bruit des avions (le volume de bruit de chaque avion, le Quota Count) et un allongement de la période de la nuit aérienne du point de vue des opérations avec un couvre-feu des décollages éventuellement chaque matin jusque 7h (aujourd’hui, la nuit est limitée à 6h).

Le ministre Crucke veut exécuter les décisions de justice

Le ministre Crucke semble vouloir appliquer tout à coup les décisions de justice, mais curieusement il ne parle que de la dernière décision en faveur du Noordrand, car il « oublie » les 10 derniers jugements ou arrêts favorables à Bruxelles et au Brabant wallon, liés aux procédures du Canal, du Ring, du virage gauche et des atterrissages en piste 01.

Le ministre Crucke semble vouloir appliquer tout à coup les décisions de justice, mais curieusement il ne parle que de la dernière décision en faveur du Noordrand.

Tous les partis francophones l’attendent au tournant, car pour eux les priorités sont la stabilisation de l’utilisation des pistes par des normes de vent correctement appliquées, la fin de l’abus des atterrissages en pistes 01 et 07 et surtout la publication, pour toutes les pistes, de procédures de vol totalement identiques, soit le guidage satellitaire GPS partout et une répartition équilibrée des décollages 50/50 sur toutes les pistes entre Noordrand (Meise, Grimbergen, Machelen, Vilvorde et Wemmel) et Oostrand/Bruxelles.

Le Plan global du médiateur fédéral

Par pure coïncidence, Philippe Touwaide, le médiateur fédéral indépendant pour l’aéroport national, a diffusé, ce mercredi 17 septembre 2025, un Plan global de réduction du bruit à Bruxelles-National. Comme toujours un document très complet, bien ficelé, étayé par une argumentation technique et juridique impeccable. « Aucune société commerciale privée ne peut plus, en 2025, nier son impact négatif sur l’environnement et la santé publique ; dès lors il est primordial que des mesures radicales soient prises dans l’intérêt non seulement du secteur aéronautique mais aussi de son entourage, les riverains et communes survolées dans un respect équilibré entre économie, santé et environnement », commente Philippe Touwaide. L’homme connaît parfaitement le dossier du survol qu’il traite depuis de nombreuses années.

Aucune société commerciale privée ne peut plus, en 2025, nier son impact négatif sur l’environnement et la santé publique; dès lors il est primordial que des mesures radicales soient prises dans l’intérêt non seulement du secteur aéronautique mais aussi de son entourage, les riverains et communes survolées.

Le document du service de médiation est effectivement un plan global respectueux pour tout le monde, un plan équilibré qui entend concilier tous les intérêts ; réduire le volume de bruit et protéger les communes trop proches de l’aéroport. Il vise aussi à assurer le respect du droit et des lois, en appliquant toutes les décisions de justice mais aussi à garantir la sécurité du trafic aérien par une meilleure utilisation des pistes, en misant sur les pistes les plus longues et les mieux équipées.

Les pites parallèles 25 droite (25R) et 25 gauche (25L) sont les seules qui assurent une capacité opérationnelle très élevée : elles sont censées être les pistes prioritaires pour les opérations aéroportuaires à Bruxelles-National.

BELGA

Jean-Luc Crucke (Les Engagés) a déjà traité le dossier du bruit des avions lorsqu’il était ministre wallon des Aéroports. (BELGA PHOTO VIRGINIE LEFOUR).

Eliminer tous les avions anciens et bruyants

Le ministre Crucke et le médiateur Touwaide sont visiblement sur la même longueur d’onde. Ils défendent la fin des anciens avions bruyants et polluants du ciel bruxellois, l’extension de la période opérationnelle de nuit afin de garantir à tout le monde une plage horaire de nuit d’au moins 8 heures sans avions (contre 7 actuellement) en respectant les recommandations de l’OMS sur la définition de la nuit environnementale (8 heures).

De plus, ils sont tous les deux d’accord pour affirmer que le problème ne se résoudra que par une prise en compte commune de 3 composantes : économie, environnement et santé publique.

Le médiateur rappelle que Brussels Airport Company, la société gestionnaire de Bruxelles-National, doit, depuis 1988, construire un mur anti-bruit complet autour de l’aéroport et un hall couvert pour les essais de réacteurs. Ces deux mesures n’ont jamais été exécutées.

Par ailleurs, d’après le médiateur observe qu’aucun effort n’a été entrepris depuis 2009 pour éliminer les avions polluants et anciens, bref le Médiateur voudrait une LEZ (zone de moindre bruit) autour l’aéroport avec Z comme Zaventem.

Environ 50 millions d’euros d’astreintes payées

Les autres propositions du médiateur fédéral se réfèrent à la diminution globale du bruit de jour comme de nuit, à l’alimentation financière par Brussels Airport d’un fonds pour l’isolation, une meilleure adaptation des procédures aéronautiques, la réalisation d’un plan d’aménagement du territoire sans habitations autour de l’aéroport et la plantation d’arbres tout autour du domaine aéroportuaire. « J’encourage Arnaud Feist (CEO de Brussels Airport, ndlr) et ses collègues à soutenir ce plan juste et équilibré. S’ils ne le font pas, cela démontrera que Brussels Airport Company ne veut pas résoudre définitivement le dossier des survols », affirme Philippe Touwaide.

J’encourage Arnaud Feist (CEO de Brussels Airport, ndlr) et ses collègues à soutenir ce plan juste et équilibré. S’ils ne le font pas, cela démontrera que Brussels Airport Company ne veut pas résoudre définitivement le dossier des survols.

En tous cas, le ministre Crucke et le médiateur Fédéral Touwaide sont déterminés à avancer dans ce dossier pour mettre une fin aux indemnités et astreintes que l’Etat belge continue à payer dans ce dossier, en raison du manque d’organisation des atterrissages sur la piste 01 et des décollages par le Canal et le Ring. Dans un Etat de droit, le Gouvernement fédéral ne peut pas gérer un dossier en se laissant condamner et en ayant déjà payé presque +/- 50 millions d’euros de dommages et intérêts.

Axelle De Smaele