Moroccan Prime Minister Aziz Akhannouch takes part in a panel discussion at the 2023 Africa CEO Forum in Abidjan on June 5, 2023. Issouf SANOGO / AFP
Depuis le 27 septembre 2025, le Maroc est secoué par un mouvement social inédit conduit par le collectif Gen Z 212. Né sur Discord après le drame d’Agadir où huit femmes enceintes sont mortes faute de soins, ce groupe de jeunes mobilise des milliers de Marocains autour d’un slogan simple : « la santé et l’éducation avant les stades ». En une semaine, les rassemblements ont fait trois morts, des centaines de blessés et plus de 400 arrestations. Au cœur de la colère : la politique du Premier ministre, Aziz Akhannouch, accusé de sacrifier les services publics au profit du Mondial de foot de 2030. Entre silence royal, répression policière et promesse de dialogue, le Maroc se retrouve face à un test politique majeur.
Tout commence le samedi 27 septembre. Dans plusieurs villes du Maroc, des jeunes se réunissent à l’appel d’un collectif inconnu jusque-là : Gen Z 212. Leur point de départ : un scandale sanitaire. Le 15 septembre, huit femmes enceintes avaient perdu la vie à l’hôpital Hassan II d’Agadir, en raison d’une absence de prise en charge à temps pour une césarienne.
L’événement, largement commenté en ligne, fait exploser la colère. Sur Discord, le collectif rassemble plus de 150.000 membres en quelques jours.
L’événement, largement commenté en ligne, fait exploser la colère. Sur Discord, le collectif rassemble plus de 150.000 membres en quelques jours. Le ton est clair : « Nous ne voulons pas de la Coupe du monde, la santé est prioritaire », scandent les manifestants.
Dès le 27 septembre, les premières marches apparaissent à Casablanca, Oujda, Tétouan, Tanger et Inzegane. Les slogans résonnent : « Liberté, dignité et justice sociale ».
28-30 septembre : l’interdit, les heurts et la répression
Le dimanche 28 et le lundi 29 septembre, les autorités interdisent les rassemblements. Et pourtant, les mobilisations continuent. À Oujda et Inzegane, des affrontements éclatent. Le ministère de l’Intérieur dénombre près de 300 blessés, principalement parmi les forces de l’ordre, et plus de 400 interpellations.
Le 30 septembre, la tension monte encore d’un cran. À Salé, ville jumelle de Rabat, des groupes cagoulés incendient deux voitures de police et une agence bancaire. À Casablanca et Tanger, des marches improvisées se terminent en heurts violents.
La tragédie de Lqliâa et la sortie du Premier ministre
Le mercredi 1er octobre marque un tournant. À Lqliâa, près d’Agadir, des manifestants tentent d’entrer dans une brigade de gendarmerie. Selon les autorités, ils cherchaient à « voler des munitions et des armes ». La riposte est immédiate : trois jeunes sont tués par balles.
Le ministère de l’Intérieur parle de « légitime défense ». Mais pour Gen Z 212, il s’agit d’une répression meurtrière. La fracture entre l’État et les jeunes s’approfondit.
En une semaine de mobilisation, le bilan des manifestations est lourd : 3 morts confirmés à Lqliâa, plus de 600 blessés, en majorité des forces de l’ordre, plus de 400 arrestations dont 200 personnes poursuivies en justice.
Le jeudi 2 octobre, le Premier ministre, Aziz Akhannouch, prend enfin la parole. Il déplore des « événements regrettables » et confirme la mort de trois personnes. Il affirme la « disposition du gouvernement à dialoguer » et promet de « répondre aux revendications sociales ». Le même jour, Gen Z 212 annonce de nouvelles manifestations pacifiques dans 13 villes, de 17h à 20h. Le collectif appelle explicitement à rejeter « toute forme de vandalisme ou d’émeute ».
Gen Z 212 vs mouvement du 20 février 2011
En une semaine de mobilisation, le bilan des manifestations est lourd : 3 morts confirmés à Lqliâa, plus de 600 blessés, en majorité des forces de l’ordre, plus de 400 arrestations dont 200 personnes poursuivies en justice, 400 véhicules publics et privés détruits ou incendiés et 80 établissements publics, bancaires ou commerciaux vandalisés.
La mobilisation du Gen Z 212 rappelle celle du mouvement du 20 février 2011, mais avec des revendications différentes. Ce dernier est inspiré du printemps arabe et est nourri par une coalition partisane et militante (islamistes, gauche, ONG). Ses revendications sont politiques (réforme constitutionnelle, libertés).
La mobilisation du Gen Z 212 rappelle celle du mouvement du 20 février 2011, mais avec des revendications différentes.
Il a obtenu une réponse avec la mise en place d’une nouvelle constitution et son intégration partielle dans le jeu politique.
Quant au mouvement Gen Z 212 de 2025, il semble être quelque chose de spontané : pas de leader, pas de parti, ni d’idéologie. C’est une organisation numérique et horizontale. Ses revendications sont d’ordre social : hôpitaux, écoles, lutte contre la corruption. Et ici, la réponse des autorités est plutôt brutale : interdictions, répression, et dialogue forcé.
Le silence royal, la colère contre Akhannouch
Le roi Mohammed VI reste silencieux. En attendant, la colère converge vers le Premier ministre Aziz Akhannouch. Chef du RNI, milliardaire à la tête d’un empire énergétique et commercial, il symbolise aux yeux des jeunes le fossé entre élite et population.
Ses ministres de la Santé et de l’Éducation, proches collaborateurs, sont directement accusés d’échec. Pour beaucoup, le gouvernement n’investit pas dans les services essentiels, préférant financer les infrastructures liées au Mondial 2030 (stades, TGV, aéroports).
Le roi Mohammed VI reste silencieux. En attendant, la colère converge vers le Premier ministre Aziz Akhannouch.
D’après des observateurs, plusieurs pistes émergent : réorienter les budgets du Mondial 2030 vers les services publics. Par ailleurs, la situation demande la mise en place d’un plan d’urgence santé-éducation, avec un calendrier chiffré et contrôlé.
Ils suggèrent aussi d’instaurer un dialogue numérique encadré, permettant aux jeunes de voter sur leurs priorités et de prononcer une amnistie pour les manifestants pacifiques, pour apaiser la colère. Une sortie du Roi dans un discours royal fondateur, réaffirmant l’unité nationale et annonçant des réformes structurelles, ne serait pas superflu.
Une génération qui refuse le silence
Gen Z 212 n’appelle pas à renverser la monarchie. Mais il bouscule le contrat social implicite : accepter les inégalités en échange de stabilité. En 2011, une réforme constitutionnelle avait suffi. En 2025, les jeunes exigent des hôpitaux qui soignent, des écoles qui enseignent, et une gestion publique qui rende des comptes.
Le Maroc joue une partie délicate. Soit il saisit cette crise comme une opportunité historique de refonder son modèle social. Soit il risque d’installer une fracture générationnelle profonde, dont les conséquences pourraient dépasser la rue.
Hamid Chriet
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excellent papier on veut lire plus de papier de Mr chriet
Tres intéressant merci Mr chriet .je vous ai vu sur El jazeera ENGLISH et la BBC .good job. On veut plus de sujets africains.