Politique

Otages israéliens libérés : un oui du Hamas mais un long chemin de croix vers la paix


A quelques jours de la commémoration des deux ans du pogrom du 7 octobre 2023, une petite lueur d’espoir se dessine pour un début du règlement du conflit israélo-palestinien. Et ce, grâce au Président américain. Qu’on l’approuve ou qu’on le critique, Donald Trump apparaît aujourd’hui comme le plus déterminé à mettre fin à la guerre de Gaza. Ce n’est pas sa guerre, mais le Président américain a choisi d’en faire son dossier prioritaire, alors que l’ONU reste paralysée et que l’Europe s’enlise dans des déclarations sans effet. Il est sur le point d’arracher un accord inédit, un plan de paix désormais soutenu par la plupart des pays arabes, par Israël  y compris par Benyamin Netanyahou, et par une partie importante des Européens. Face à l’impuissance de la communauté internationale, il tente ce qu’aucun dirigeant n’a réussi depuis le 7 octobre 2023 : briser l’engrenage entre Israël et le Hamas. Le mouvement terroriste accepte la libération des otages et des négociateurs des deux camps sont attendus ce dimanche 5 octobre 2025 à lieu à Charm el-Cheikh en Egypte pour des discussions indirectes. analyse

L’annonce de vendredi 3 octobre 2025 a marqué un moment clé. Le Hamas a officiellement accepté la libération de l’ensemble des otages israéliens encore détenus à Gaza. Ce geste, longtemps jugé impensable, s’inscrit dans le cadre du plan de paix de Donald Trump.

Celui-ci prévoit la libération immédiate des otages, un cessez-le-feu progressif lié à un retrait partiel de l’armée israélienne et la mise en place d’une administration transitoire à Gaza avant des élections palestiniennes. Cette décision redonne un espoir ténu à un processus diplomatique enlisé, sans pour autant garantir la fin de la guerre.

Négociations attendues en Egypte dès ce dimanche 5 octobre

Malgré cette avancée, les obstacles restent majeurs. Depuis deux jours, la diplomatie s’active. De Washington au Caire en passant par Doha, les capitales impliquées multiplient les contacts. Mais le Hamas rejette l’idée d’une force d’interposition internationale proposée pour Gaza et dirigée par Tony Blair.

Le mouvement terroriste palestinien exige qu’une administration palestinienne de transition, et non étrangère, gère la bande de Gaza.

Le mouvement terroriste palestinien exige qu’une administration palestinienne de transition, et non étrangère, gère la bande de Gaza. Autre faiblesse du plan Trump, l’Autorité palestinienne en est pratiquement exclue, ce qui affaiblit la crédibilité d’un futur accord politique et complique toute perspective de reconstruction et de stabilité.

Des négociateurs israéliens et palestiniens sont attendus ce dimanche 5 octobre 2025 à Charm el-Cheik en Egypte pour des discussions indirectes. Le Hamas a indiqué son souhait de trouver un accord pour mettre fin à la guerre et procéder « immédiatement » à des échanges de prisonniers avec Israël.

Signal important de la part du Hamas

L’acceptation de libérer les otages est un signal important, mais elle ne signifie pas que la guerre touche à sa fin. L’avenir politique de Benyamin Nétanyahou, affaibli mais toujours au pouvoir, reste une source d’incertitude.

Le sort des dirigeants du Hamas, que le plan américain veut écarter de toute gouvernance future, demeure également un point de blocage.

Le sort des dirigeants du Hamas, que le plan américain veut écarter de toute gouvernance future, demeure également un point de blocage. La question d’un État palestinien viable, mentionné mais jamais clairement défini dans l’initiative de Trump, reste entière.

Alors que le 7 octobre prochain marquera deux ans depuis l’attaque du Hamas contre Israël, la région reste à la merci de nouveaux cycles de violence si cet élan diplomatique ne se traduit pas rapidement par un accord concret. Pour l’heure, la libération des otages est une avancée, mais la paix reste hors de portée.

Sébastien Boussois
Docteur en sciences politiques, consultant et chercheur en géopolitique, collaborateur scientifique CNAM Paris, directeur de l’IGE (Institut Géopolitique Européen). Consultant médias.


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