French Prime Minister Sebastien Lecornu delivers a statement at the Hotel Matignon in Paris, on October 3, 2025, before a round of consultations with political parties ahead of the announcement of the new government. Alain JOCARD / POOL / AFP
Le nouveau Premier ministre français, Sébastien Lecornu, a levé le voile sur son nouveau gouvernement, ce soir dimanche 5 octobre, près d’un mois après sa nomination à Matignon. Derrière la lenteur apparente, une méthode : écouter, négocier, équilibrer, quitte à frustrer ceux qui espéraient un véritable renouvellement. Le résultat est un cabinet d’expérience, composé en grande partie de figures déjà connues, où la stabilité semble primer sur le souffle du changement. La nouvelle équipe voit le retour de Bruno Le Maire (qui avait annoncé qu’il ne retournerait plus dans un gouvernement) et d’Eric Woerth, fraîchement relaxé par la justice dans l’affaire Sarkozy-Kadhafi.
Une genèse faite de concertations prudentes
Depuis sa nomination, Sébastien Lecornu a mené un marathon politique discret. Il a reçu tour à tour les chefs de parti, les présidents de groupes parlementaires et les représentants syndicaux pour sonder leurs lignes rouges et leurs marges de compromis. Ces consultations — du Rassemblement national au Parti socialiste, en passant par les écologistes et les communistes — visaient un seul objectif : éviter l’écueil d’une motion de censure immédiate.
Ces entretiens ont permis au nouveau Premier ministre de cartographier le terrain politique avant toute annonce. L’objectif était clair : bâtir un « socle commun », un équilibre fragile entre stabilité institutionnelle et ouverture symbolique. Lecornu sait que son gouvernement ne dispose d’aucune majorité confortable ; sa survie dépendra donc de sa capacité à fédérer ponctuellement.
Bruno Le Maire fait un retour remarqué dans l’exécutif français. (Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP).
Les grands équilibres du nouveau gouvernement
Le casting, dévoilé ce dimanche, confirme cette stratégie de continuité. La plupart des grands ministères restent entre des mains familières :
La députée Naima Moutchou apparaît comme le seul vrai visage neuf du gouvernement du Premier ministre Sébastien Lecornu. (Bertrand GUAY / AFP).
Treize membres du gouvernement précédent conservent ainsi leur portefeuille ou un périmètre similaire. Le choix est assumé : privilégier la stabilité à tout prix. Lecornu, dans son entourage, parle d’une « équipe prête à gouverner dès demain ».
Mais cette constance a un revers : elle donne à l’exécutif l’image d’un recyclage politique, d’un gouvernement d’habitude plus que de projet.
Les premières réactions : scepticisme et prudence calculée
Sur les réseaux, les réactions ne se sont pas fait attendre. Sur X (ex-Twitter), Jordan Bardella a dénoncé un « gouvernement des mêmes, sans souffle ni vision ». À gauche, Olivier Faure a prévenu que « la censure est déjà sur la table si rien ne change sur le pouvoir d’achat ». Marine Tondelier, pour les écologistes, s’est dite « consternée par la reconduction de ministres responsables de l’immobilisme climatique ».
Même au sein de la droite, le ton est mesuré : Éric Ciotti évoque une « main tendue prudente mais pas d’alliance à l’aveugle ». Les Républicains laissent planer le doute sur un soutien ponctuel, tout en ménageant leur liberté de vote.
Du côté des syndicats, le constat est identique : dialogue oui, confiance non. Ils attendent des gestes concrets, notamment sur la revalorisation salariale et les services publics. Le spectre d’une rentrée sociale sous tension n’est pas écarté.
Une stratégie de gouvernance sous contrainte
Lecornu hérite d’un Parlement fragmenté et d’une opinion publique épuisée. Sa marge de manœuvre est étroite : sans majorité solide, il devra gouverner à la carte, texte par texte, appui par appui.
Cette méthode, déjà éprouvée sous Borne, est une course d’endurance. Chaque réforme nécessitera une négociation sur mesure — avec le PS, certains écologistes, voire des députés de droite — pour éviter la paralysie. C’est une gouvernance de funambule, faite d’équilibres instables et de compromis temporaires.
Récemment relaxé par la Justice dans l’affaire Sarkozy-Kadhafi, Eric Woerth hérite d’un portefeuille mùinistériel dans le nouveau gouvernement français. (Bertrand GUAY / AFP).
Mais Lecornu sait aussi qu’il ne pourra pas se contenter d’une gestion comptable. Pour espérer durer, il lui faudra incarner autre chose : un cap, une impulsion. Autour de lui, plusieurs scénarios circulent.
Certains plaident pour un geste fort, un choc symbolique sur le pouvoir d’achat ou la fiscalité, pour redonner du souffle politique et couper l’herbe sous le pied des oppositions. D’autres, plus prudents, misent sur la continuité : consolider la stabilité économique avant toute prise de risque. Enfin, quelques proches défendent l’idée d’un remaniement plus rapide qu’annoncé, si l’équilibre parlementaire venait à se dérober.
L’après : un gouvernement sous menace permanente
À peine nommé, le gouvernement Lecornu vit déjà sous la menace de la censure. Plusieurs groupes — de la NUPES au RN — ont annoncé qu’ils examineront toute motion selon le contenu du discours de politique générale. Le risque d’un front commun anti-gouvernement n’est pas exclu.
Secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier fustige le nouveau gouvernement français. (Bertrand GUAY / AFP).
C’est un gouvernement qui cherche le calme, mais dans une tempête qui n’écoute plus.
La promesse de dialogue affichée par Lecornu suffira-t-elle à calmer le jeu ? Rien n’est moins sûr. Dans les couloirs de l’Assemblée, certains députés résument la situation d’une phrase : « C’est un gouvernement qui cherche le calme, mais dans une tempête qui n’écoute plus ».
Alors que la plupart des partis d’opposition parlent déjà de censure, une question s’impose : quelle stratégie Lecornu adoptera-t-il pour durer ? Choisira-t-il la négociation patiente ou une rupture nette pour imposer un cap ? Dans un paysage politique fracturé, ce gouvernement, fait pour tenir, devra prouver qu’il peut encore convaincre.
L.J.
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