Paris 2025 : le Britannique Jeremy Corbyn soutient une conférence européenne contre la course aux armements
Ancien leader du parti travailliste, Jeremy Corbyn soutient l'initiative contre le réarmement de l'Europe. Stefan Rousseau / POOL / AFP Alors que l’Europe augmente ses budgets militaires sous l’impulsion de l’OTAN, une coalition politique, syndicale et culturelle appelle à un autre choix. Le Dôme de Paris a accueilli les 4 et 5 octobre 2025 la Conférence internationale pour la paix, avec des interventions de Brian Eno et de John Rees. L’objectif : créer un mouvement transnational pour résister à la militarisation, à l’austérité et à la montée de l’extrême droite. Initiateur de la conférence, John Rees estime que cette course aux armements « ne fait qu’accroître l’insécurité », tout en privant la santé et l’éducation de ressources vitales. Après Paris, une conférence de suivi est d’ores et déjà prévue à Londres en 2026 afin de consolider ces liens et de donner une continuité au mouvement. L’ancien leader des travaillistes, Jeremy Corbyn, soutient l’initiative.
L’initiative est dirigée par John Rees, historien et militant britannique, chercheur invité à Goldsmiths (Université de Londres). Cofondateur de la coalition « Stop the War » et du collectif « Counterfire », il est une figure de la mouvance pacifiste depuis les grandes mobilisations contre la guerre en Irak en 2003.
Des armes plutôt que des services publics
« Presque sans exception, les gouvernements européens ont lancé un programme de réarmement à l’échelle du continent, reléguant au second plan les priorités sociales de l’Europe », a-t-il dénoncé lors d’une conférence de presse, de présentation de l’évènement le organisée le 23 septembre 2025 à la Foreign Press Association à Londres.
Quelque 2 000 participants sont, venus de plusieurs pays ont participé à la conférence. Les organisateurs dénoncent ce qu’ils qualifient de « programme de réarmement européen mandaté par Trump », en référence aux pressions exercées par le Président américain pour que les membres de l’OTAN atteignent, voire dépassent l’objectif de 2% du PIB consacrés aux dépenses militaires.
Il y a quelques années encore, le Royaume-Uni consacrait 5% de son PIB à l’enseignement et 2,5% à la défense. Désormais, nous nous dirigeons vers 5% pour l’armement et seulement 3,5% pour l’éducation.
Pour John Rees, l’Europe s’engage dans une dangereuse fuite en avant. « Dans certains pays, les budgets militaires s’apprêtent à dépasser ceux de l’éducation. Il y a quelques années encore, le Royaume-Uni consacrait 5% de son PIB à l’enseignement et 2,5% à la défense. Désormais, nous nous dirigeons vers 5% pour l’armement et seulement 3,5% pour l’éducation. Les entreprises d’armement en récoltent déjà les bénéfices », observe-t-il.
Selon lui, cette course aux armements « ne fait qu’accroître l’insécurité », tout en privant la santé et l’éducation de ressources vitales.
Corbyn contre la course aux armes
L’invité phare de la conférence était Jeremy Corbyn, ancien chef du Labour, mais il n’a pas pu faire le déplacement. Il soutient toutefois l’initiative et avait assisté à la conférence de presse de presentation de l’évènement. Il avait rappelé que l’Europe a déjà payé le prix fort de tels choix. « À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, les mouvements de paix se sont multipliés en Europe. Mais une série d’accords militaires a conduit à la Première Guerre mondiale », a-t-il dénoncé en septembre.
Corbyn a également évoqué les conflits actuels, notamment en Ukraine, en Palestine, au Soudan, au Congo, au Yémen ou encore en Papouasie occidentale, pour souligner que la militarisation nourrit les tensions.
« Les dépenses d’armes n’apportent pas la paix. Elles entraînent généralement davantage de conflits », a-t-il averti, tout en critiquant l’attitude des États occidentaux face à la guerre à Gaza.
Le militant John Rees, à l'origine de la conférence de Paris, photographié lors d'une action en faveur de Julian Assange à Londres. BELGA/AFP Le militant John Rees, à l’origine de la conférence de Paris, photographié lors d’une action en faveur de Julian Assange à Londres. (Ben STANSALL / AFP).
La Palestine au cœur des débats
La question palestinienne a occupé une place centrale. Plusieurs intervenants ont mis en avant la mobilisation citoyenne qui a déjà poussé certains gouvernements européens à infléchir leur discours. Jeremy Corbyn a dénoncé « une victoire pyrrhique obtenue au milieu des ruines et des actes de génocide ».
La construction d’armes permet aux gouvernements de maintenir une économie de commandement dans un système qui se prétend de marché.
Le musicien et producteur Brian Eno, figure engagée des luttes progressistes, y voit une dérive inquiétante des institutions : « La construction d’armes permet aux gouvernements de maintenir une économie de commandement dans un système qui se prétend de marché. C’est une tromperie : un moyen de siphonner l’argent de la société vers des poches de plus en plus restreintes ».
Syndicats et luttes sociales
La conférence a aussi mis en lumière le rôle des syndicats. Leur implication sera, selon les organisateurs, décisive pour relier la contestation de la militarisation aux combats sociaux contre la pauvreté et l’austérité.
Des élus comme Jérôme Legavre (La France insoumise) insistent déjà : « Chaque milliard consacré à l’armement est un milliard retiré aux familles, aux enfants et aux hôpitaux ».
Les gouvernements ont l’OTAN et l’Union européenne. Pour les syndicats, les travailleurs et les mouvements sociaux, l’internationalisme reste à construire.
Au-delà de la dénonciation, l’objectif affiché est d’amorcer une coordination internationale pérenne.
« Les gouvernements ont l’OTAN et l’Union européenne. Pour les syndicats, les travailleurs et les mouvements sociaux, l’internationalisme reste à construire », explique John Rees.
Les organisateurs espèrent que Paris 2025 constituera la première étape d’un réseau européen de solidarité et de mobilisation.
Une conférence de suivi est d’ores et déjà prévue à Londres en 2026 afin de consolider ces liens et de donner une continuité au mouvement. Entre les coffres des armées et les écoles désertées, l’Europe se tient à la croisée des chemins : son avenir se joue-t-il dans les arsenaux ou dans la capacité de ses citoyens à résister et construire la paix ?
A.S.
