Opinion

Avec des décisions incohérentes prises par ses dirigeants, l’Europe devient un repoussoir pour ses citoyens


De nombreux agriculteurs venus de plusieurs pays (Belgique, France, Italie, etc.) ont battu le pavé ce jeudi 18 décembre 2025 à Bruxelles pour montrer leur opposition à la ratification de l’accord commercial du Mercosur, prévue cette semaine, par les pays membres de l’Union européenne. Ils estiment que les dispositions actuelles du texte ne feront que fragiliser davantage l’agriculture européenne déjà confrontée notamment à une réduction des aides de la Politique agricole commune (PAC). Il est question de faire l’enveloppe budgétaire de la PAC de 20% pour le prochain cadre financier (2028-2034) en la faisant passer de 387 milliards d’euros (2021-2027) à 300 milliards.

Pour les agriculteurs européens, sans inscription claire et précise de mesures de sauvegarde et de clauses miroirs (réciprocité des normes de production) dans l’accord du Mercosur, l’agriculture européenne (bœuf, volaille, sucre, éthanol) risque d’être dépassée par les importations venant des pays du Mercosur. Les dispositifs de sauvegarde permettront à l’Union européenne de suspendre temporairement les préférences tarifaires en cas de « préjudice grave » pour l’agriculture européenne (prix bas et volumes en baisse).

Pourquoi a-t-il fallu attendre la mobilisation des agriculteurs avant de faire marche arrière et de décréter une pause afin mieux calibrer le texte de l’accord avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) ?

Face à la mobilisation, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé le report de la signature de l’accord du Mercosur à janvier 2026. Pourquoi a-t-il fallu attendre la mobilisation des agriculteurs avant de faire marche arrière et de décréter une pause afin mieux calibrer le texte de l’accord avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) ? Il aurait été plus utile d’anticiper la mobilisation et de prêter plus attention aux alertes envoyées par les fédérations des agriculteurs européens.

Un autre dossier qui illustre l’incohérence des décisions que prend l’Europe est la proposition faite à la dernière minute de lever l’interdiction de vente de véhicules thermiques en 2035. Malgré les signaux envoyés dès le début pour attirer l’attention des responsables européens sur le fait que l’échéance est trop proche et qu’elle pénaliserait l’industrie automobile européenne au profit des constructeurs asiatique (Chine, etc.), la Commission européenne a maintenu l’horizon 2035. Avant de concéder à la dernière le report.

Ces deux exemples illustrent le fait que les responsables européens sont déconnectés de la réalité du terrain que vivent au quotidien les citoyens européens.

Ces deux exemples illustrent le fait que les responsables européens sont déconnectés de la réalité du terrain que vivent au quotidien les citoyens européens. Sans oublier leur manque d’écoute qui démontre qu’ils sont drapés dans leur dogmatisme et dans leur certitude. C’est aussi le cas sur les questions énergétiques, sur lesquelles la Commission européenne, dirigée par Ursula von der Leyen, a brillé par son aveuglément en privilégiant le tout aux énergies renouvelables, alors que la voie de la raison est de défendre un mix énergétique (nucléaire, renouvelables).

Il est plus que temps pour les responsables et les élus européens de changer leur grille d’analyse et de se mettre au diapason des réalités du terrain des citoyens s’ils ne veulent pas se retrouver isolés et perdre la confiance de leurs mandants.

En voulant laver plus blanc que blanc et en voulant imposer des réformes à marche forcée aux citoyens, les responsables européens ont progressivement renforcé la défiance de la population européenne et ont transformé le projet européen en un repoussoir. Aujourd’hui, de plus en plus d’Européens voient la construction européenne comme une menace pour leur bien-être et leur pouvoir d’achat alors qu’elle était censée leur faciliter la vie.

Il est plus que temps pour les responsables et les élus européens de changer leur grille d’analyse et de se mettre au diapason des réalités du terrain des citoyens s’ils ne veulent pas se retrouver isolés et perdre la confiance de leurs mandants.

(Des manifestants allument un feu place du Luxembourg à Bruxelles, le jeudi 18 décembre 2025, lors d’une manifestation d’agriculteurs organisée par Copa-Cogeca, principale association représentant les agriculteurs et les coopératives agricoles de l’UE. Photo : Emile Windal/BELGA)


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