JOUR DE PARADOXE POUR LE BOXING DAY A LONDRES

Au Royaume-Uni, la fête du Boxing Day perd de son prestige et affiche des achats en baisse


Longtemps considéré comme un temps fort de la consommation post-Noël, le Boxing Day se retrouve dans les griffes de la crise économique. La hausse des prix continue de peser sur les ménages britanniques, y compris lors du Boxing Day, journée historique des soldes. Inflation, coût du crédit, prix élevés de l’énergie et prudence accrue des consommateurs dessinent un Boxing Day plus modeste cette année. Selon les médias britanniques, les dépenses prévues, vendredi 26 décembre 2025, s’élèveraient à 3,6 milliards de livres, soit un milliard de moins qu’en 2024. Paradoxalement, le panier moyen devrait augmenter, passant de 236 à 253 livres : moins de participants, mais des achats plus réfléchis. Le Boxing Day conserve son poids symbolique, mais l’euphorie d’antan s’est estompée. Comparaison entre la situation des soldes en Belgique et le Boxing day britannique.

Origines du Boxing Day : de la charité à la consommation

Institué comme jour férié en 1871, le Boxing Day plonge ses racines dans des traditions mêlant spiritualité et solidarité. À l’origine, le 26 décembre, jour de la Saint-Étienne, était placé sous le signe de la générosité : les églises collectaient des fonds pour les plus démunis, tandis que les familles aisées offraient à leur personnel une « boîte » de nourriture, d’argent ou de cadeaux.

Au fil du temps, cette dimension solidaire s’est estompée. Depuis le début du 21ᵉ siècle, le Boxing Day est devenu un rendez-vous commercial majeur, marqué par des soldes massives et une affluence record dans les magasins, au point d’être souvent comparé au Black Friday américain. Une transformation où l’élan du don a progressivement cédé la place à la frénésie de l’achat.

Soldes en mutation : quand le consommateur redéfinit le Boxing Day

Traditionnellement, le Boxing Day marque le début non officiel des soldes hivernales. Les magasins ouvrent tôt, les files d’attente persistent et les réductions peuvent atteindre 50% ou plus dans la mode, l’électronique, l’ameublement et les cosmétiques. Mais le consommateur britannique a changé. Les achats en ligne se multiplient pour des raisons de commodité, de comparaison des prix et d’évitement des foules.

La concurrence du Black Friday, fin novembre, capte une part croissante des dépenses. Le Boxing Day demeure un repère, mais il n’est plus la « journée reine » des bonnes affaires.

Les promotions ont commencé avant le 26 décembre et certaines s’étendent jusqu’en janvier. Ce qui constituait autrefois un flot massif de consommateurs se répartit désormais sur plusieurs jours. La concurrence du Black Friday, fin novembre, capte une part croissante des dépenses. Le Boxing Day demeure un repère, mais il n’est plus la « journée reine » des bonnes affaires.

Un rituel sportif sous pression

La transformation du Boxing Day touche aussi les traditions populaires, notamment le football. Jadis, le 26 décembre était sacré pour les fans de Premier League, avec une avalanche de matchs et de derbys.

En 2025, un seul match entre Manchester United et Newcastle a été diffusé, conséquence d’un calendrier surchargé et des obligations européennes et télévisuelles. Même les rituels sportifs, jadis immuables, ploient désormais sous le poids des contraintes économiques et logistiques.

Une leçon européenne : prudence et transformation

Cette mutation dépasse le Royaume-Uni. Elle éclaire l’évolution des comportements d’achat en Europe, où le pouvoir d’achat est au centre des préoccupations. Les consommateurs deviennent plus rationnels, sélectifs et stratégiques : ils comparent, arbitrent, temporisent.

En Belgique, le Boxing Day n’a pas de signification commerciale particulière. Les promotions importantes se concentrent sur les soldes d’hiver, strictement encadrées par la loi, début janvier.

En Belgique, le Boxing Day n’a pas de signification commerciale particulière. Les promotions importantes se concentrent sur les soldes d’hiver, strictement encadrées par la loi, début janvier. Là où le modèle britannique repose sur la souplesse et la fragmentation des périodes promotionnelles, le système belge privilégie une structure claire et réglementée.

L’expérience britannique sert de baromètre : elle montre comment un événement historique peut être fragilisé par l’inflation, la digitalisation et l’évolution des habitudes de consommation, et rappelle que chaque rendez-vous commercial reflète une réalité sociale et économique.

Le fil d’Ariane du Boxing Day

Le Boxing Day ne disparaît pas. Il demeure un repère culturel britannique, mais il s’est transformé: moins triomphal, plus pragmatique, il incarne désormais une consommation sous tension, où chaque achat est guidé par la prudence.

Depuis les « boîtes de Noël » offertes aux serviteurs par Samuel Pepys en 1663 jusqu’aux allées bondées des grands magasins contemporains, le Boxing Day suit son fil d’Ariane, tissé entre charité, tradition et modernité.

Depuis les « boîtes de Noël » offertes aux serviteurs par Samuel Pepys en 1663 jusqu’aux allées bondées des grands magasins contemporains, le Boxing Day suit son fil d’Ariane, tissé entre charité, tradition et modernité. À travers ce fil fragile mais persistant, il raconte notre époque : une ère d’abondance conditionnelle, où les rites anciens s’adaptent et se réinventent au rythme d’un monde en constante évolution.

Alexander Seale (au Royaume-Uni)