JUDICIAIRE

France : Alexandre Benalla condamné à un an de prison… chez sa mère

Alexandre Benalla (à gauche) et son avocate Jacqueline Laffont (à droite) arrivent dans la salle d’audience pour entendre le verdict de son procès sur les accusations d’agression d’un jeune couple lors d’une manifestation du 1er mai 2018. Photo AFP

La justice a eu la main lourde à l’égard de l’ancien « Monsieur Sécurité » de l’Elysée. Alexandre Benalla a été condamné à 3 ans de prison (dont 1 ferme), une amende (500 euros) pour dédommager les parties, l’interdiction de fonction publique durant 5 ans et de port d’armes durant 10 ans. Le tribunal a fait savoir qu’il pourra effectuer sa peine non pas en prison, mais sous bracelet électronique au domicile de sa mère. Un jugement tenu pour très sévère par les observateurs alors que, dans son réquisitoire, le ministère public avait demandé une peine de dix-huit mois de détention avec sursis… Il  déjà annoncé qu’il fera appel.

Lunettes cerclées, cheveux courts, masque noir du nez jusque sous le menton, ce vendredi 5 novembre 2021 au cœur de l’après-midi, son avocate Me Jacqueline Lafont à ses côtés, il quitte la Xème Chambre correctionnelle de Paris. Peu avant, il avait écouté le jugement prononcé par la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez. Et c’est peu de dire et d’écrire que dans son coin, Alexandre Benalla a accusé le coup- semblable à un direct du droit synonyme, en l’espèce, d’un knock-down, peut-être même d’un K.O.

L’ancien « Monsieur Sécurité » du Président de la république Emmanuel Macron a été condamné à 3 ans de prison (dont 1 ferme), une amende (500 euros) pour dédommager les parties, l’interdiction de fonction publique durant 5 ans et de port d’armes durant 10 ans. Le tribunal a fait savoir qu’il pourra effectuer sa peine non pas en prison, mais sous bracelet électronique au domicile de sa mère. Un jugement tenu pour très sévère par les observateurs alors que, dans son réquisitoire, le ministère public avait demandé une peine de dix-huit mois de détention avec sursis…

L’affaire remonte au 1er mai 2018

L’affaire, jugée par la Xème Chambre correctionnelle, remonte au 1er mai 2018. Ce jour-là, sur la place de la Contrescarpe, au cœur du Quartier Latin parisien, Alexandre Benalla accompagne une patrouille de policiers. Il est là en tant qu’observateur, mais casqué et porteur d’un brassard « Police » sur le bras. Des bouteilles volent. Ont-elles été lancées volontairement en direction des policiers ? Il y a accrochage avec un groupe de jeunes, un jeune homme et une jeune fille sont plaqués au sol. Une vidéo montre qu’Alexandre Benalla n’est pas en reste et frappe allègrement. L’histoire est rendue publique par deux journalistes du quotidien « Le Monde » qui ont eu accès à ladite vidéo. L’affaire remonte jusqu’à l’Elysée où Benalla avait le statut de chargé de mission, un titre pour une fonction aux contours assez peu définis entre garde du corps du Président mais aussi de son épouse, Brigitte Macron, ou encore conseiller, voire coursier… La présidente de la Xème Chambre correctionnelle dira : « Il convient de constater très clairement que vos interventions n’étaient à aucun moment nécessaires ».

Licencié par l’Elysée

Quand il sera interrogé sur sa participation à cette échauffourée du 1er mai 2018, Alexandre Benalla dira qu’il n’a fait que son devoir, expliquant que selon la loi française, tout citoyen assistant à une mise en danger d’un représentant de l’ordre public doit lui prêter main forte, voire lui porter secours. De son côté, pendant quelques semaines, l’Elysée va tergiverser : que faire du jeune homme, alors âgé de 27 ans ? Du bout des lèvres, chez certains proches du chef de l’Etat, « il faut sauver le soldat Benalla ». Mais il sera finalement remercié, quittera son bureau au Palais de l’Elysée, montera une société de sécurité qui travaillera avec quelques pays d’Afrique. Mais la justice poursuit l’enquête, tombe sur de faux passeports diplomatiques, découvre que l’ex-chargé de mission possède encore une arme sans permis de port, constatera la disparition d’un coffre-fort à son domicile… Ancien chargé de sécurité du candidat Emmanuel Macron lors de la campagne pour la présidentielle en 2017, d’aucuns ont voulu voir en Alexandre Benalla un petit voyou qui a pris goût à la lumière et la proximité du pouvoir alors que d’autres l’ont tenu surtout pour un Pied Nickelé…

Vous avez contraint à des investigations pouvant mettre en cause l’image de la Présidence de la République.

Alexandre Benalla fera appel

Annonçant le jugement, la présidente Isabelle Prévost-Desprez s’adressera d’un ton sévère à Alexandre Benalla : « Vous aviez été investi d’un certain pouvoir, réel ou supposé, et vous avez trahi la confiance qui vous avait été faite »  et aussi : « Vous avez contraint à des investigations pouvant mettre en cause l’image de la Présidence de la République ». Elle glissera également que, parce que l’ex-chargé de mission à l’Elysée a fait montre d’un « sentiment d’impunité et de toute-puissance », le tribunal est allé au-delà des réquisitions du ministère public. Et d’ajouter : « Seule une peine mixte est susceptible de marquer la gravité des faits ». Par la voix de son avocate, Alexandre Benalla qui était poursuivi pour douze infractions a annoncé qu’il fera appel du jugement…

Serge BRESSAN (à Paris)