France : le président-candidat Macron sous le feu des critiques après ses propos sur les anti-vaccins
Le président-candidat Emmanuel Macron, le président désormais candidat pour la présidentielle a le vent en poupe. AFP L’interview fleuve tirée de la rencontre entre le président Emmanuel Macron et des lecteurs du quotidien « Le Parisien-Aujourd’hui en France » suscite des critiques de l’opposition. Il lui est principalement reproché sa sortie sur les Français qui refusent de se faire vacciner contre le Covid-19. Son camp défend les propos du président en précisant qu’il ne fait que dire tout haut ce pense la majorité des Français. En attendant, il fait un pas de plus vers la candidature à la présidentielle.
La « Une » et pas moins de six pages intérieures pour un Président qui répond, ce mercredi 5 janvier 2022, à sept lecteurs/lectrices du « Parisien-Aujourd’hui en France ». Nombreux sont les sujets évoqués. L’Europe, la vaccination, les réformes, l’élection présidentielle des 10 et 24 avril prochains… Et, comme souvent, Emmanuel Macron n’hésite pas sur les formules choc- extraits : le drapeau européen : « Il est aussi le nôtre. J’en suis fier, il faut l’assumer » ; le pouvoir d’achat : « Tant que je serai dans mes fonctions, il n’y aura pas d’augmentation d’impôts » ; la présidentielle 2022 : « Autant que la montée des extrêmes, c’est l’abstention qui nous guette »… et aussi la crise sanitaire, alors que le nombre des cas Covid-19 en France est reparti à la hausse : « Le pire ennemi, c’est le mensonge et la bêtise ».
Des propos sans langue de bois
Toutefois, dans cet entretien au cours duquel Emmanuel Macron dit « ses quatre vérités » comme l’indique le titre de « Une » du quotidien parisien, une formule a fait son effet. Une formule choc, du même acabit que les précédentes : « Un pognon de dingue » ou encore « Un travail je vous en trouve en traversant la rue ». Une formule cinglante : « Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout ».
Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout.
Dans la foulée de la parution de l’entretien présidentiel, branle-bas de combat au Parlement où les députés ont cessé d’examiner, à 2 heures du matin, le projet de loi sanitaire présenté par le gouvernement après avoir, la veille, voté un arrêt des débats à minuit… Dans l’hémicycle, des députés des oppositions de droite et de gauche s’en prenaient à « Macron l’emmerdeur ». Une possible candidate à la présidentielle, Christiane Taubira, a twitté : « On ne parle pas comme cela des Français ». Président du groupe LREM (La République en Marche) à l’Assemblée Nationale, l’ancien ministre de l’Intérieur Christian Castaner a commenté : « Le Président Macron porte une parole que beaucoup de Français partagent ».
De son côté, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, a précisé que le Président de la République faisait, avec ces mots, référence à des mots prononcés en 1966 par le Premier Ministre de l’époque, Georges Pompidou, à l’un de ses conseillers, Jacques Chirac : « Il faut arrêter d’emmerder les Français ». Déjà, dans ses vœux pour 2022, disant : « Nul ne saura déraciner mon cœur », Emmanuel Macron avait cité en creux des mots de l’historien Marc Bloch (1886- 1944)…
Un pas de plus vers la candidature à la présidentielle
Mais au-delà de la formule-choc « emmerder les non-vaccinés », on a bien, au-delà de ses « quatre vérités », le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron et également les grandes lignes du candidat Macron à sa succession. Puisqu’il confie : « il n’y a pas de faux suspense. J’ai envie ». Pourtant, dans l’immédiat, il doit, il le dit et le répète, gérer avant tout la crise sanitaire.
Il rappelle que 89,9% des Français de plus de 12 ans ont un schéma vaccinal complet, que ces 89,9% n’en peuvent plus de vivre depuis deux ans avec les contraintes inhérentes à la pandémie et qu’il faut donc rendre la vie quasi impossible aux 10% qui refusent la vaccination. Il sait également qu’il sera jugé sur sa gestion, réussie ou non, de la pandémie. A ce jour, sa cote de popularité est très élevée avec plus de 40% d’avis favorables, et dans tous les sondages d’intention de vote pour la présidentielle d’avril 2022, il est toujours (largement) en tête devant le duo Valérie Pécresse- Marine Le Pen…
Serge Bressan (à Paris)
