Paris se met à l’heure de Marcel Proust, filez-y le rencontrer

Journaliste / Secrétaire de rédaction
On vous le disait il y a peu, 2022 est l’année Molière mais c’est aussi, l’année Proust (1871-1922). A Paris, une exposition d’envergure se tient actuellement au musée Carnavalet, à l’occasion du 150ème anniversaire de la naissance de l’auteur du Prix Goncourt 1919 avec « A l’ombre des jeunes filles en fleurs ». Redécouvrez ainsi le jeune Marcel dans les lieux phare de sa jeunesse, plongez dans les salons qu’il côtoya, les endroits qui l’inspirèrent… « Marcel Proust, un roman parisien », l’expo proposée jusqu’au 10 avril vous convie, le temps d’une visite, à cheminer, en cinq arrêts, dans le Paris d’une vie lettrée.

Visible dans l’exposition, la toile de Jean Béraud ci-dessous en illustre l’atmosphère : La Sortie du Lycée Condorcet (vers 1903). Musée Carnavalet – Histoire de Paris
Retour à Condorcet
Né dans le 16ème arrondissement de Paris, Marcel Proust a été élève au lycée Condorcet de 1882 à 1889, après avoir fréquenté les bancs du cours Pape-Carpentier. Souvent absent en raison de sa santé fragile, Marcel est toutefois un élève passionné de littérature, qui admire Anatole France et écrit dans les revues du lycée.Ce dernier, situé dans le quartier de la Chaussée d’Antin, est fréquenté par les enfants de la bourgeoisie intellectuelle de l’époque : Proust y côtoie notamment Jacques Bizet, fils du compositeur de Carmen (1875) Georges Bizet, le futur banquier Horace Finaly ou encore le futur historien Daniel Halévy.
Le Paris de Marcel Proust en 5 lieux
« Longtemps, je me suis couché de bonne heure. » De cette première phrase célébrissime, il faut retenir l’importance de sa chambre dans le processus créatif de l’écrivain, à laquelle l’exposition consacre une salle entière (le musée en étant propriétaire depuis la fin des années 1970).
Son lit, un morceau des plaques de liège dont il avait fait recouvrir les murs et quelques éléments de mobilier dressent le décor le plus intime, le plus familier de l’écrivain, et donne un aperçu de l’endroit où il a imaginé et créé l’une des plus phénoménales œuvres de la littérature occidentale – il n’en sortait guère qu’à la tombée de la nuit, pour retrouver ses amis.

Vue de l’exposition « Marcel Proust, un roman parisien » au musée Carnavalet, le lit de Proust. © Paris Musées / Pierre Antoine
Dans le salon de la comtesse Greffulhe…
Bien des personnages de A la recherche du temps perdu ont été inspirés à Marcel Proust par des amis et des membres de la bonne société parisienne : ainsi la célèbre comtesse Greffulhe lui inspira-t-il la silhouette distinguée de la duchesse de Guermantes. Extrêmement belle et sophistiquée (son goût pour la mode est tout aussi célèbre qu’elle), la jeune aristocrate tenait un salon fréquenté par de nombreux écrivains et intellectuels, comme Anatole France. Mais si elle impressionna Proust, celui-ci fut par la suite peu invité dans son salon . Quant à son cousin, le comte Robert de Montesquiou, il permit à Proust d’élaborer le portrait du baron de Charlus.

René-Xavier Prinet, Le Balcon, 1905-190 © Caen, musée des Beaux-Arts / Patricia Touzard
Le bois de Boulogne, « place to be » des Parisiens d’antan
Marcel Proust grandit dans un Paris transformé par les travaux voulus par Napoléon III, de vastes avenues dictent alors à la ville son allure aérée et moderne… Le bois de Boulogne et l’avenue qui y mène deviennent ainsi des lieux incontournables de la bonne société, qui aime à s’y montrer et s’y rencontrer, comme dans une sorte de « salon » en plein air. Les héros de la Recherche s’y promènent volontiers, se laissant imprégner par son atmosphère sensuelle de « jardin élyséen des femmes »…

Georges Stein, Cavaliers et attelages, avenue du Bois, vers 1900 © Paris Musées / Musée Carnavalet
Garnier, un opéra où le spectacle est aussi dans la salle !
L’Opéra Garnier est l’un des lieux les plus importants du Paris de Marcel Proust. L’exposition proposée au musée Carnavalet en offre plusieurs aperçus : minuscule et pâle au bout de la perspective de L’Avenue de l’Opéra, peinte en 1898 par Camille Pissarro, ou vue de l’intérieur dans Le Bal de l’Opéra de Henri Gervex (1886).

Henri Gervex, Le bal de l’Opéra, 1886 © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Cette dernière peinture est à l’image du regard de Proust : moins concentré sur le décor que sur les échanges entre ses personnages (un couple intime au premier plan, un échange galant en arrière-plan), il témoigne avant tout de l’atmosphère et de l’art de vivre d’une époque ivre de mondanité… et de beauté.
Vous aimez Proust? Vous méconnaissez Marcel? Filez à Carnavalet, le temps d’un week-end ou d’une journée.
Exposition présentée jusqu’au 10 avril au musée Carnavalet,
23 Rue de Sévigné – 75003 Paris
www.carnavalet.paris.fr
