« Si, à 15 ou 16 ans, on faisait tous un voyage plus minimaliste, on changerait le monde »
Tout le monde a envie de voyager… au moins une fois dans sa vie. Certaines personnes goûtent plus tôt que d’autres à l’expérience et deviennent de véritable globe-trotter à même pas trente ans. Gaël Crutzen, 24 ans, bloggeur, est de ceux-là. Dès son plus jeune âge, il « choppe » le virus des voyages et ce goût de l’aventure et de la découverte ne le quittera plus. Terminer un tour du monde entamé à 18 ans à peine vous semble impossible ? Gaël Crutzen, vous prouve le contraire. Rencontre

Dolero Photography
Le regard est rieur, le sourire facile et la conversation coule comme une onde entre deux rochers. L’entretien se fait sur le bord d’une table, mais notre invité ne se formalise pas de ce genre détails. « Bonjour, je m’appelle Gaël. J’ai 24 ans. » Le ton est calme, posé, tranquille et emprunt d’histoires. C’est que Gaël a déjà vécu beaucoup de choses à 24 ans à peine. Il a visité plus de pays que certains plus âgées que lui ne visiteront jamais.
Un premier déclic
C’est sur son blog « One life, One travel » que le jeune homme partage sa passion du voyage. Du voyage et non des voyages, car comme il l’explique : voyager, c’est faire plus que visiter. « Mon premier déclic, c’est lorsque je suis parti vivre deux mois et demi en Thaïlande avec mes parents. Ils avaient déjà beaucoup voyagé auparavant : Le Kenya, l’Indonésie… Ils ont trouvé que le monde du voyage était assez fascinant. Ça permettait de découvrir les autres, de s’ouvrir aux populations locales. Ils ont voulu que mon frère et moi, on connaisse la même chose le plus tôt possible. »
Et c’est ainsi que le petit Gaël, 12 ans, se retrouve sur les routes de Thaïlande en compagnie de ses parents, sac sur le dos. « On faisait du stop. Parfois, on était dans des bus avec des cochons ou des poules. On vivait vraiment comme des backpackeurs. On n’était pas toujours dans le confort. C’était un peu Pékin express (rires). »
Vivre avec moins pour vivre mieux
Une fois revenu en Belgique, il n’a qu’une seule envie, repartir. Ce qu’il fera 3 ans plus tard avec l’ONG « Défi Belgique Afrique » (DBA). Une association d’éducation à la citoyenneté qui forme des jeunes à mieux comprendre les inégalités sociales. Pendant une année, des élèves de la 4ème à la 7ème se préparent pour rejoindre des ONG en Afrique.
« On avait certaines règles à respecter là-bas : pas de contact avec notre famille, pas de réseaux sociaux. On vivait avec l’habitant : on se lavait dans une bassine d’eau, on lavait nos vêtements à la main. Le but recherché, c’était l’immersion totale pour nous faire comprendre comment les habitants vivaient, comment les gens sont là-bas. Ça a été la plus grosse baffe de ma vie. Le fait de perdre son confort m’a fait comprendre pas mal de choses. Doit-on perdre les choses qu’on possède pour comprendre leur valeur ? », explique-t-il.
C’est à ce moment-là de sa vie qu’il commence à ressentir un décalage entre lui et le monde qui l’entoure. La plupart de ses camarades n’ont pas vécu cette expérience, certains adultes non plus. Il continue ensuite ses aventures : le tour du Mont-Blanc en 10 jours, la vie d’étudiant à Halifax au Canada et finalement, arrive la date fatidique de son dix huitième anniversaire. « J’avais dit que quand je serai majeur, je partirai. Et voilà, j’ai 18 ans et je peux partir officiellement sans personne responsable de moi. Et j’annonce à mes parents que je vais réaliser mon rêve et faire le tour du monde. »
Le tour du monde à 18 ans
Première étape, l’Equateur où vit l’un de ses amis. « J’ai fait tout le tour du pays. Il y a des montagnes plus hautes que le Mont-Blanc, des plages et surtout l’Amazonie. En quelques heures de route, tu passes de la montagne à la jungle puis à la mer. Et comme je voulais continuer de découvrir la vie locale, je suis allé vivre dans des populations indigènes. »
À partir de là, sa vie s’accélère et il ne cesse de changer de pays. Il découvre les îles Galapagos, travaillera dans une réserve naturelle au Costa Rica en tant que bénévole, deviendra promoteur d’une agence de voyage à Sydney où il cultivera son côté entrepreneur, assistera à l’éruption d’un volcan à Bali, vivra sur les routes de Nouvelle-Zélande. Il continuera ensuite son voyage à travers l’Asie du Sud-Est : la Thaïlande, la Birmanie, le Laos…

Dans la réserve équatorienne de Cuyabeno, en pleine jungle amazonienne-Copyright Gaël Crutzen
Après deux escales en Turquie et à Dubaï, il retrouve enfin le chemin de la Belgique Le tour du monde qui ne devait durer que deux ans lui aura finalement pris deux ans. « En rentrant chez moi, je n’avais prévenu personne. Ça s’est passé très vite. En deux ans, j’ai pu expérimenter tellement de choses. J’ai pu grandir et me questionner sur moi. Je suis revenu, car je voulais voir mon petit frère. Je ne l’ai pas tellement vu grandir, mais je voulais faire partie de sa vie. Je voulais aussi prendre un peu de recul sur tout ce que j’avais vécu. »

Voyager, c’est être confronté à des difficultés- Wolf Creek, Australie-Copyright Gaël Crutzen
Le retour en Belgique
Après deux ans de voyages continus et d’aventures à travers cinq continents, est venu le temps de l’introspection pour Gaël. « Ce voyage m’a donné envie de changer les choses, d’avoir un impact sur le monde qui m’entoure. Ce qui m’a marqué, c’est la générosité qui existe à travers le monde. Que ce soient les voyageurs sur la route ou les populations locales, c’est surtout ceux qui ont le moins qui donnent le plus. Aujourd’hui, je veux rendre la pareille. »
Faute de pouvoir continuer ses pérégrinations pour cause de pandémie mondiale, Gaël travaille aujourd’hui comme commercial pour des entreprises et suit, en parallèle, plusieurs formations, mais il n’a pas fermé son blog qu’il continue de nourrir de ses récits de voyages et de ses réflexions.
« En fait, beaucoup de jeunes ont envie de voyager. On m’a posé des tas de questions sur le blog; d’autres jeunes qui voulaient aussi se lancer dans un tour du monde. Comment s’y préparer? Je trouve que le voyage est une expérience importante dans la vie. Cela permet de se découvrir et de s’ouvrir aux autres. » C’est bien connu, les voyages forment la jeunesse.
« Mais il faut aussi réfléchir à la manière dont on veut voyager. Je ne veux pas dire aux gens de partir simplement en tant que touristes. Il faut voyager pour aller à la rencontre de la vie locale et s’impliquer de manière positive dans les communautés rencontrées. Voyager de manière minimaliste aussi. Si aujourd’hui à 15- ou 16 ans, on faisait tous un voyage plus minimaliste que ce qu’on a l’habitude de faire, on changerait le monde. On se rendrait compte de beaucoup de choses et on serait davantage conscient de l’importance de changer les choses et le monde. »

faut parfois savoir prendre de la hauteur. Mont Cayambe, Equateur-Copyright Gaël Crutzen
Et demain ?
À côté de son activité professionnelle et de ses formations, il continue d’alimenter son blog (https://onelifeonetravel.com/) et compte, de plus en plus, prôner des destinations reculées et inconnues. En parallèle, il compte se lancer dans le monde du reportage et des documentaires. Il espère ainsi ouvrir les yeux du public sur certaines populations reculées et lieux incroyables qui parsèment notre monde. « Tu n’as qu’une vie et quoi que tu fasses, ce n’est qu’un voyage », termine-t-il au moment de clôturer l’entretien. Il se lève, déjà prêt à repartir pour d’autres péripéties.
Maxime KLASSEN (st)
Envie de suivre les aventures de Gaël?:
Sa chaîne Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCtnRq-1DLp_25k_4fa2V0qQ
Le blog : https://onelifeonetravel.com/
Instagram : https://www.instagram.com/gael_crutzen/?hl=en
Gaël a également donner une conférence TedxYouth ce 11 février 2022 : https://www.youtube.com/watch?v=ypmJJXufZww&t=234s
Copyright: portrait, shooting signé Dominique Leruth : https://www.instagram.com/lerofotodo/
Légende Photo couverture: Être seul face au monde- Copyright Gaël Crutzen
