SCIENCE

Découverte scientifique : pour notre cerveau, la mort serait un rêve


Comment un être humain réagit-il quand vient la mort ? Que ressent-on ? Que voit-on ? Ce qui se passe dans le cerveau au moment du dernier souffle est un mystère séculaire. Les données sur un cerveau humain en train de mourir ont été capturées pour la première fois par des neuroscientifiques de l’université américaine de Louisville dans le Kentucky, au sud-est des Etats-Unis. C’est inédit. Les chercheurs ont réussi à enregistrer l’activité cérébrale d’un homme juste avant, pendant et après son décès. Pour notre cerveau, la mort s’apparenterait à un rêve.

Au moment du décès : une activité cérébrale accrue

Dans le cadre d’une étude Enhanced Interplay of Neuronal Coherence and Coupling in the Dying Human Brain (Link vers: https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnagi.2022.813531/full), les neuroscientifiques américains surveillaient l’activité cérébrale d’un patient épileptique de 87 ans qui a soudainement eu une crise cardiaque. Cela leur a permis de capter l’activité cérébrale au moment du décès. Et ce qu’ils ont enregistré comparativement, 30 secondes avant l’arrêt du cœur et 30 secondes après, est une activité accrue des ondes gamma.
Ces ondes sont présentes dans le processus du rêve, de la méditation et du souvenir. Bien que nos proches aient les yeux fermés et soient prêts à nous quitter, leur cerveau a peut-être la faculté de rejouer les meilleurs moments de leur vie. Le cerveau semble ainsi capable d’une certaine activité, même lorsqu’il n’est plus alimenté et que le sang arrête de circuler.

« Nos données fournissent la première preuve scientifique d’une activité sur cerveau humain mourant dans un cadre clinique de soins aigus non expérimental et réel. Ces données préconisent que le cerveau humain puisse posséder la capacité de générer une activité coordonnée pendant la période de mort imminente », ont déclaré les chercheurs.

Copyright : Enhanced Interplay of Neuronal Coherence and Coupling in the Dying Human Brain

 Post-mortem : une activité cérébrale continue

Cette augmentation de l’activité cérébrale pourrait expliquer les histoires vécues par ceux qui disent avoir vu leur vie défiler dans des expériences de mort imminente. En 2018, une première étude (Link vers : https://www.resuscitationjournal.com/article/S0300-9572(14)00739-4/fulltext) de l’Université de médecine Stony Brook de New York avait déjà découvert que l’activité cérébrale d’un individu pouvaient continuer pendant quelques heures après un arrêt cardiaque.

Les patients dont la réanimation avait permis de faire rebattre le cœur, ont tous témoigné d’un certain état de conscience, même après l’arrêt cardiaque. Ils ont affirmé se souvenir des conversations du personnel soignant et pouvoir décrire en détails ce qui s’est passé autour d’eux.

Cette expérience de mort imminente (EMI) est expliquée par le directeur de l’étude, le Dr Sam Parnia : après l’arrêt cardiaque, le cœur cesse de pomper le sang vers le cerveau et celui-ci commence lentement à se fermer, explique-t-il.
L’activité du cortex cérébral ralentit mais les cellules du cerveau restent actives. Ce processus de fermeture lente du cerveau peut durer des heures et même si la personne est dans un état de mort clinique celle-ci peut demeurer conscience de son environnement. Lorsque la réanimation cardio-pulmonaire (RCP) est réalisée sur le patient et qu’elle fonctionne, le cœur redémarre et le cerveau fonctionne également.