POLITIQUE

Les gilets jaunes dénoncent des études McKinsey « grassement payées et qui ne servent à rien »


La filiale française du cabinet américain connaît depuis un an une exposition médiatique totalement inédite. McKinsey, omniprésent durant le quinquennat d’Emmanuel Macron, est mis au pilori. De la crise sanitaire, en passant par la gestion des gilets jaunes, jamais un cabinet conseil n’a eu autant d’influence sur la décision publique révèle le rapport d’une commission d’enquête sénatoriale. Des hashtags #McKinseyGate et #MCKinseyDehors dénoncent « ces consultants payés des sommes hallucinantes, qui ne paient pas d’impôts en France et qui s’immiscent de facto dans la vie démocratique du pays ». Entre acceptabilité et ras-le-bol, stop ou encore ?

Un quinquennat téléguidé par des conseillers

Il ressort de la commission d’enquête du Sénat, dans un rapport explosif rendu le 17 mars dernier, que l’Elysée et le gouvernement ont commandé près de 1600 missions à des cabinets de conseil depuis 2017. En propulsant parfois ces organismes privés en première ligne des grands chantiers de la présidence Macron. Mais, en confiant un rôle-clé aux consultants de McKinsey dans l’organisation de la campagne de vaccination contre le Covid-19, en 2021, le gouvernement a propulsé le cabinet de conseil américain sous les projecteurs.

En 2021, l’État a dépensé plus d’un milliard d’euros pour des prestations de conseil particulièrement opaques

« L’ampleur de cette crise a nécessité de mobiliser, en un temps record, des renforts importants en nombre et en expertise », s’est justifié le ministre de la santé, Olivier Véran, lors d’une audition. Un choix exceptionnel, dicté par l’urgence ? Rien n’est moins sûr. Car le recours du gouvernement français aux cabinets de conseil a été massif tout au long du mandat d’Emmanuel Macron et ce, bien avant la pandémie.

L’hexagone fait face à une nouvelle réalité totalement inédite en France, et ce même si la présence de McKinsey auprès des administrations publiques du pays est très ancienne.
Dès 1947, le cabinet accompagne la direction du Trésor dans la mise en œuvre du plan Marshall, avant même l’ouverture d’un bureau en France, en 1964. Pour marquer leur désapprobation, les gilets jaunes ont envahi les bureaux de McKinsey situé 90 avenue des Champs-Elysées, à Paris.

 

Stop and go dans le secteur public?

La facture fait grincer des dents. En 2021, l’État a dépensé plus d’un milliard d’euros pour des prestations de conseil particulièrement opaques. Si les gilets jaunes « n’aiment  pas les voleurs et n’aiment pas les menteurs », malgré les polémiques, McKinsey continue à être sollicité, alors que plus de 40 millions d’euros ont été versés à des prestataires consultants pendant la crise sanitaire, dont McKinsey.

Preuve en est, les missions sur la vaccination, par lesquelles la polémique est arrivée, ont été prorogées à plusieurs reprises, et pas à la demande de McKinsey. Ce qui démontre que les fonctionnaires qui les commandent jugent leur valeur ajoutée supérieure aux risques de polémique qu’elles font courir.
La dernière en date s’est achevée tout début février. Business as usual donc, même dans le secteur public. De son côté, McKinsey n’exclut pas de réduire la voilure dans le secteur public en France.

 

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