Ce tueur invisible : 99% des individus respirent un air malsain et mortel
Nous tenons souvent l’air que nous respirons pour acquis. De nouvelles données révèlent que la plupart d’entre respirons quotidiennement des polluants responsables de millions de décès évitables à des niveaux malsains. Dans un rapport publié ce 4 avril, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) indique que 99 % de la population mondiale respire aujourd’hui un air qui ne répond pas aux directives de sécurité actualisées. Cela concerne 80 % des zones urbaines du monde. Cette analyse est le résultat de données relatives à la pollution atmosphérique collectées dans plus de 6 000 villes et dans 117 pays. En 2020, la pollution de l’air et fossile a causé 4 fois plus de morts que le Covid en un an.
Des risques sanitaires très élevés
La base de données de l’OMS sur la qualité de l’air compile régulièrement des données sur les mesures au sol des concentrations moyennes annuelles de particules et de dioxyde d’azote. Elle est mise à jour tous les 2 ou 3 ans depuis 2011. Les données ainsi récoltées sont utilisées pour calculer l’indicateur de l’Objectif de développement durable, Qualité de l’air dans les villes, pour lequel l’OMS est l’organisme responsable.
La cinquième base de données de l’OMS 2022 sur la qualité de l’air (Link vers : https://www.who.int/publications/m/item/who-air-quality-database-2022) est la plus importante du genre. Elle conclut que les niveaux de pollution atmosphérique et les risques sanitaires connexes sont particulièrement élevés.
Inhalation toxique
À chaque respiration, le dioxyde d’azote invisible (NO2) des véhicules, des engins de chantier, des chaudières industrielles, des centrales électriques, etc. pénètre profondément dans nos poumons. Il irrite les tissus délicats de nos voies respiratoires, provoque une inflammation accrue, déclenche des allergies et de l’asthme et réduit la fonction pulmonaire.
« Le NO2 augmente également de manière significative le risque de développer de l’asthme chez l’enfant. Il est également associé à un poids plus faible chez les nouveau-nés et à des maladies cardiovasculaires, même en cas d’exposition à court terme », affirme l’OMS.
Nous inhalons également des particules fines (PM) en suspension dans l’air, composées de nombreuses substances différentes, notamment la poussière naturelle du désert et toutes sortes de polluants microplastiques, les feux de cuisine, les activités agricoles et industrielles, la combustion de combustibles fossiles et les incendies de forêt. « Ces particules, en particulier les PM2,5, sont capables de pénétrer profondément dans les poumons et dans la circulation sanguine, entraînant des conséquences cardiovasculaires, cérébro-vasculaires et respiratoires », précise l’OMS.
Quatre fois plus de morts que le Covid
Selon une étude publiée le 16 février 2021 dans la revue scientifique Environmental Research, en 2020, la pollution liée aux énergies fossiles a été responsable de 20 % des décès d’adultes, ce qui représente une proportion stupéfiante d’une personne décédée sur cinq (630.000 morts par an en Europe et plus de 9 millions de décès dans le monde).
Quant à la pollution atmosphérique, elle est la principale cause de 24 % des décès dus aux maladies coronariennes et de 25 % des décès liés aux accidents vasculaires cérébraux. En 2020, la pollution a causé quatre fois plus de morts que la pandémie de Covid-19.
Les combustibles fossiles les plus nocifs
L’OMS note également que les combustibles fossiles produisent les émissions les plus nocives associées aux maladies aiguës et chroniques, ainsi qu’à la détérioration des conditions qui déclenchent des polluants naturels plus importants dans l’air, tels que les incendies de forêt et les tempêtes de poussière.
L’organisation appelle à des restrictions généralisées et systématiques de leur utilisation. « Les prix élevés des combustibles fossiles, la sécurité énergétique et l’urgence de s’attaquer aux deux problèmes de santé que sont la pollution de l’air et le changement climatique soulignent l’urgence d’aller plus vite vers un monde beaucoup moins dépendant des combustibles fossiles. Alors qu’ils peuvent encore être obstinément considérés comme la forme d’énergie la plus pratique, ces nouvelles données montrent que la plupart d’entre nous risquons notre santé chaque jour pour les payer », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
