Incendie de la Tour Grenfell : 5 ans après le drame, hommages et quête de justice pour les familles

Un service commémoratif a eu lieu à l’abbaye de Westminster, mardi 14 juin 2022, pour marquer le cinquième anniversaire de l’incendie de la Tour Grenfell, située dans le quartier de North Kensington à Londres. Le 14 juin 2017, la Tour Grenfell, composée de 24 étages dans l’ouest de la capitale britannique, s’embrase comme une torche. Le point de combustion a été un congélateur défectueux. Le feu s’est rapidement propagé à grande vitesse par le revêtement posé sur la façade. Lors de cet incendie tragique, 72 personnes ont perdu la vie, dont un bébé. L’enquête publique a débuté en 2018 et ne se terminera pas avant 2024. Elle a donné l’image de responsables voulant se protéger. Selon des chiffres du Guardian, la procédure pourrait coûter plus de £250 millions de livres.

L’évêque de Kensington, le révérend, Dr Graham Tomlin, s’adressant à la congrégation de l’abbaye de Westminster, a déclaré qu’il y avait « injustice, chagrin et tristesse » après l’enfer de 2017. Il a pris la parole après que les noms des 72 hommes, femmes et enfants qui ont perdu la vie, ont été égrenés lors du service multiconfessionnel organisé pour les survivants, les militants et les proches des victimes.

L’ancienne Première ministre britannique, Theresa May, qui a été très critiquée après l’incendie de la tour Grenfell était également présente à l’abbaye de Westminster ainsi que le maire de Londres, Sadiq Khan, et le ministre du Logement, Michael Gove.

Les habitants de Grenfell sont-ils ignorés ?

« Ce n’était pas un accident malheureux. C’était le résultat de décisions imprudentes prises, de réglementations ignorées, d’une industrie qui semblait parfois plus intéressée à faire des profits et à vendre des produits qu’à la valeur précieuse de la vie humaine et à assurer la sécurité des personnes dans leurs propres maisons », a dénoncé le révérend Tomlin, parlant des problèmes qui ont conduit à la tragédie.

Grenfell, située dans l’arrondissement le plus riche de Londres, illustre l’inégalité grotesque avec laquelle notre société a été déchirée.

Construite en 1974, la Tour a été rénovée plusieurs fois. En 2016, un collectif de résidents s’était plaint des risques posés par l’état de l’immeuble. L’édifice de 24 étages et de 120 logements, situé dans le quartier de North Kensington, abritait une population majoritairement pauvre et immigrante. La Tour Grenfell a été le pire incendie résidentiel depuis la Deuxième Guerre mondiale au Royaume-Uni.

Symbole des inégalités sociales

Pour le journaliste britannique, Jon Snow, qui était, ce matin-là, à l’abbaye de Westminster,  « Grenfell, située dans l’arrondissement le plus riche de Londres, illustre l’inégalité grotesque avec laquelle notre société a été déchirée. Nous devons maintenant affronter les problèmes soulevés par la catastrophe de Grenfell. C’est notre temps. C’est le moment où les responsables doivent faire face à la justice ». Un témoin de l’incendie de la Tour Grenfell nous a confié son exaspération. Il a ajouté qu’il a raconté à une enquête publique qui a commencé en mai 2018 comment il avait jeté des ordures sur les fenêtres de la Tour pour alerter les habitants afin qu’ils puissent fuir l’incendie. « Vous pouvez lire mon témoignage sur le site de l’enquête », dit-il.

Je suis fâché qu’il n’y ait pas eu une seule arrestation. La phase 1 de l’enquête a pris 18 mois pour être rédigée. La phase 2 sera très longue.

« J’habite toujours au Barandon Walk. Je suis fâché qu’il n’y ait pas eu une seule arrestation. La phase 1 de l’enquête a pris 18 mois pour être rédigée. La phase 2 sera très longue. J’imagine qu’elle sera terminée en 2024. L’enquête publique sera finie en juillet », témoigne Thomas Joseph Michael Delaney, d’une voix tremblante. Il vit à côté du gratte-ciel de l’ouest de Londres. « Les habitants du quartier ne regardent pas la Tour. Le gouvernement n’a rien fait depuis l’incendie», poursuit-il. Il avoue être traumatisé par le drame, 5 ans après (post traumatique). Ses voisins aussi.

D’autres Grenfell à craindre pour l’avenir ?

Selon le journal The Times, 640.000 Britanniques vivent encore dans des immeubles recouverts d’un revêtement du même type que celui de la Tour Grenfell.

L’enquête publique a débuté en 2018 et ne se terminera pas avant 2024. Elle a donné l’image de responsables voulant se protéger. Selon des chiffres du Guardian, la procédure pourrait coûter plus de £250 millions de livres.  Une marche blanche a organisée au pied de la Tour, mardi soir, dans le quartier londonien de North Kensington où des cœurs verts devenus le symbole de Grenfell ont été affichés dans les rues. Les immeubles aux alentours et la Tour seront illuminés en vert ce soir. Dans une tribune publiée dimanche dans The Guardian, le maire de Londres s’est exprimé. « Une demi-décennie plus tard, nous devrions pouvoir offrir plus que des pensées et des prières. Nous devrions pouvoir fournir les réponses, la justice et les changements auxquels les résidents de Grenfell ont droit ».

Alexander SEALE (à Londres)