La Suisse compte aujourd'hui un parc impressionnant de bunkers capables d'accueillir 9 millions de personnes, soit un degré de couverture égal à 114% de la population. En clair, potentiellement, non seulement tous les citoyens du pays pourraient trouver refuge dans ces dispositifs, mais aussi, par exemple, toute la population de la ville de Milan. Un cas unique au monde. Scénario de science-fiction il y a encore quelques mois, le spectre d’un conflit nucléaire en Europe a brusquement gagné en crédibilité. La crise a agi comme une véritable piqûre de rappel dans le pays qui a construit 365.000 abris antiatomiques depuis les années 1960. Ils avaient depuis été transformés en caves à vins ou en salles de sport. Mais, devant la résurgence de la menace découlant de la guerre en Ukraine, ils retrouvent leur usage originel. Les demandes explosent. Elles affluent même de l’étranger. Quid de la situation en Belgique? Les abris antiatomiques sont disponibles à la vente pour environ 50.000 euros.
En 1956, le Conseil fédéral suisse considère l’avènement d’une troisième guerre mondiale comme probable. Le pays lance alors sa campagne : « un abris pour tous », affirmant que l’on peut survivre à la guerre nucléaire si l’on s’y prépare. « La neutralité ne protège pas de la radioactivité » est l'un des slogans en vogue à l'époque. En 1963, alors que la guerre froide est à son paroxysme, le législateur formalise le principe en obligation. Il énonce que « chaque habitant doit disposer d’une place protégée dans un abri situé à proximité de son lieu d’habitation ». En pratique, chaque nouvelle maison construite doit être dotée d’un lieu aux normes (porte blindée, système de ventilation) où se réfugier en cas de guerre ou autre catastrophe. C’est ce que l’on appelle l’« évacuation verticale », seule option jugée viable pour ce petit pays enclavé et montagneux.
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