POLITIQUE

Qatargate : Et maintenant, le tour de Maria Arena ?

L'eurodéputée socialiste Marie Arena (photo) poussée par Antonio Panzeri à défendre l'ancien Premier ministre kazakh. Photo bePress Photo Agency

Un peu moins de 300 000 euros ont été retrouvés en juillet dernier lors d’une perquisition menée chez le fils de la députée européenne belge, Maria Arena, révélaient ce matin nos confrères du Soir. A ce stade, « aucun lien » n’est encore établi avec le scandale du Qatargate dans lequel le nom de l’Eurodéputée socialiste est cité à de nombreuses reprises. Il est clair toutefois que ce nouveau rebondissement constitue un avis de gros temps à venir pour madame Arena qui a toujours nié tout lien avec le réseau corruptif monté par Pier-Antonio Panzeri, bien qu’elle ait entretenu des liens étroits avec ce dernier. Par ailleurs Maria Arena s’est également illustrée dans la défense de personnalités kazakhes corrompues dont l’oligarque déchu, Mukhtar Abluaeov, condamné à plusieurs repises pour un détournement de plusieurs milliards de dollars dans son pays d’origine et l’ancien chef des services secrets Karim Massimov, récemment condamné pour haute trahison. Deux personnages sulfureux que Panzeri défendait également. Simple coïncidence ?

C’était le 19 juillet dernier, la juge d’instruction Aurélie Dejaiffe (qui avait  succédé, un mois jour pour jour auparavant au juge Michel Claise, forcé de faire un pas de côté après que l’association de son fils avec celui de Maria Arena dans une affaire commerciale eut été révélée par l’avocat de Marc Tarabella) menait une série de perquisitions non seulement chez Maria Arena, mais également chez « plusieurs de ses proches » (lire aussi sur L-Post: Qatargate : Perquisitions (tardives ?) chez Maria Arena et ses proches ). En tout, une demi-douzaine de perquisitions avaient lieu.

280 000 euros cash, certaines liasses sortant directement de la banque

On sait désormais qu’une somme d’un peu plus de 280.000 euros en liquide, « dont certains billets (encore) enliassés » (ce qui signifie qu’elles provenaient en droite ligne de la banque), écrit « Le Soir » avait été découverte, à cette occasion « dans l’appartement bruxellois d’Ugo Lemaire, le fils de 32 ans de Marie Arena, dans un logement attenant à celui de l’eurodéputée socialiste. » Un appartement auquel madame Arena pouvait accéder à tout moment puisqu’elle disposait de sa clé…

280 000 euros, c’est une somme correspondant aux montants versés à certains parlementaires pour acheter leur sympathie pour Doha…

L’origine de l’argent n’est pas encore connue, aucun lien avec le dossier Qatargate n’a pu en l’état être établi, précise Le Soir. On remarquera pourtant que le parquet, à ce stade, n’a pas ouvert de dossier spécifique suite à cette découverte et que l’enquête relative à l’origine de ces fonds reste donc confondue avec celle menée sur le Qatargate. Ce qui pourrait, en soit, constituer une indication sur l’orientation générale des investigations. Encore un détail : 280 000 euros, c’est une somme correspondant aux montants versés à certains parlementaires pour acheter leur sympathie pour Doha…

S’il est nécessaire de rappeler ici que madame Arena a toujours nié toute implication dans le dossier de corruption au Parlement européen, il n’en reste pas moins que ce rebondissement la place dans une situation des plus en plus inconfortable. Il vient en effet s’ajouter à d’autres éléments troublants.

Maria Arena, membre d’un quatuor de parlementaires aux ordres de Panzeri

D’abord, bien entendu, on retiendra son revirement dans sa position sur le respect des droits des travailleurs au Qatar, une évolution qui n’avait que peu de rapports avec la réalité du terrain, mais qui est identique à celle d’autres parlementaires soupçonnés, eux, d’avoir été corrompus et dont certains ont déj été inculpés. Ensuite, il y a un voyage au Qatar et un autre, « tous frais payés » au Maroc (en compagnie de Pier-Antonio Panzeri) et enfin, les quelques 400 coups de téléphone échangés avec Panzeri en un an…

A défaut de preuves matérielles, ce faisceau de présomptions avait amené le juge Michel Claise à écrire, lorsqu’il rédigeait le mandat d’arrêt international à charge d’Andrea Cozzolino (un eurodéputé italien, inculpé dans ce dossier), que Maria Arena  appartenait à un « quatuor de parlementaires » aux ordres de Panzeri et agissait, avec les autres membres du groupe, « sur instructions » de ce dernier.

Pour autant, Michel Claise n’avait jamais jugé utile de perquisitionner madame Arena et on s’était étonné de cette mansuétude dont n’avaient pas bénéficié d’autres protagonistes du dossier contre lesquels existaient parfois moins d’éléments.

Il est clair qu’un verrou a sauté. Les investigations vont désormais aller bon train.

Deux versions  existent ici. Pour l’entourage de Michel Claise, le juge avait voulu orienter ces investigations contre Arena mais le parquet ne l’avait pas suivi, estimant qu’il n’existait pas assez de charges contre elle. D’autres chuchotent que cette attitude était due à la proximité existant entre le fils du juge et celui de l’eurodéputée, tous deux étant associés dans une entreprise commercialisant le CBD, un dérivé du chanvre utilisé (légalement) à des fins thérapeutiques. C’est ce lien indirect qui avait obligé le juge Claise à se déporter du dossier.

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