Attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles : justice a été rendue sans déchéance de nationalité
Journaliste – Rédacteur en chef.
Plus de 7 ans après les tragiques attentats de Bruxelles perpétrés le 22 mars 2016 et qui ont finalement fait 35 morts et 340 blessés, la Cour d’assises de la capitale vient de prononcer les peines à l’encontre des auteurs. Malgré un verdict qui peut être jugé de surprenant par certains, il y a lieu de reconnaître que justice a été rendue pour les victimes et leurs proches. La culpabilité de Salah Abdeslam et de ses complices dans les attentats terroristes qui ont endeuillé des familles et le pays ne fait plus l’ombre d’un doute, la justice a tranché.
Par ailleurs, ils sont aussi condamnés à différentes peines. Et certes, Salah Abdeslam n’a écopé d’aucune peine supplémentaire parce que le collège (jurés et les magistrats) a considéré qu’il y a non seulement une « unité d’intention » reliant les actes commis, mais aussi que les peines déjà prononcées à son encontre pour la fusillade de la rue du Dries étaient suffisantes. Par ailleurs, le collège avait sûrement en tête la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté incompressible qu’il a écopée en France pour sa participation aux attentats du 13 novembre 2015 à Paris.
La reconnaissance de la culpabilité des auteurs des attentats du 22 mars 2016 est un élément important dans la reconstruction et du travail de deuil.
Certes les victimes et leurs proches ainsi que certains observateurs estimeront que ce verdict est clément à l’égard de Salah Abdeslam et ils auront probablement raison. Et aucune peine ne pourra jamais réparer le mal et adoucir leur peine. De plus, les victimes et leurs proches font partie de la mémoire collective du peuple et de ceux qui, de par le monde, sont épris de paix, d’empathie et du vivre ensemble. Mais la reconnaissance de la culpabilité des auteurs des attentats du 22 mars 2016 est un élément important dans la reconstruction et du travail de deuil. Pour cela, la justice a fait honneur à sa mission de réparation et de prise de décision permettant d’aller de l’avant. La page ne sera jamais totalement tournée et il ne le faudrait pas non plus. Mais il faut continuer à avancer en gardant en mémoire le sacrifice imposé aux victimes des attentats du 22 mars 2016.
En ne prononçant pas de déchéance de nationalité, la cour d’assises de Bruxelles indiquant que malgré le caractère atroce et révoltant de leurs actes, les auteurs des attentats ne sont pas des citoyens de seconde zone.
Le verdict de la cour d’assises de Bruxelles intègre aussi une décision qui mérite une attention particulière : elle n’a pas validé la déchéance de la nationalité pour les binationaux comme le demandait le parquet. En cela, le collège a posé un acte audacieux. En refusant de suivre le parquet, le collège a envoyé un message indiquant que malgré l’atrocité de leurs actes, leur caractère indigne et révoltant, ces coupables demeurent des enfants de la nation, des Belges et pas des citoyens de seconde zone. Pas question de les rejeter pour conforter le discours de ceux ou celles qui les ont endoctrinés en leur faisant croire notamment que leur pays d’adoption ne les considère pas. Ce message s’adresse aussi aux jeunes : ils doivent comprendre qu’il n’est pas dans leur intérêt de suivre les prêcheurs de haine et de division. Ils ont un rôle à jouer qui est celui de contribuer, d’une manière ou d’une autre, au développement de leur pays d’adoption ou de naissance en suivant un parcours honorable et ce, malgré les échecs et les vicissitudes de la vie.