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L’ecologie made in Macron consterne les Verts de France

bePress Photo Agency

PARIS. L’objectif est annoncé, répété à l’envi : faire en sorte que la France parvienne, d’ici 2030, à réduire de 55% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 1990. Pour l’atteindre, le Président de la République Emmanuel Macron a présenté, entouré de la Première Ministre Elisabeth Borne et des ministres concernés par le dossier, ce que l’Elysée appelle la « planification écologique ». Une fois encore, tout comme il l’a indiqué lors de son intervention télévisée ce 24 septembre durant laquelle il a prôné « une écologie de progrès » et confié « j’adore la bagnole », la protection de l’environnement demeure sa préoccupation numéro 1, avant même les dossiers du social et de l’éducation.

Macron, un président « vert »

Une fois encore, en présentant sa « planification écologique », Emmanuel Macron a insisté qu’il ne doit y avoir ni contrainte ni changements sociétaux… pour construire une « écologie à la française ». Et de revendiquer un projet « qui répond à un triple défi : celui du dérèglement climatique et de ses conséquences, celui d’un effondrement de notre biodiversité et celui de fin de l’abondance, de la rareté de nos ressources » puis d’annoncer une « stratégie biodiversité » qui sera présentée en octobre prochain et un plan sur l’adaptation en décembre.

L’ambition de produire 1 million de voitures électriques en France d’ici 2027

Au fil des semaines et mois précédents, Emmanuel Macron avait déjà lancé quelques pistes qu’il a confirmées lors de la présentation de la « planification écologique » cette semaine avec, par exemple, la volonté, d’ici 2027, de sortir du charbon (l’énergie fossile la plus polluante) ou encore parvenir à la production « sur le sol de France » d’un million de voitures électriques. Ainsi, serait atteinte la baisse de 55% des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique d’ici 2030.
Précision et condition sine qua non pour y parvenir : une baisse de 5% par an entre 2022 et 2030…

Un calendrier mais pas de méthode

Parmi les autres points de la « planification écologiques » annoncées par le président Macron : une reprise, dans les prochaines semaines, du « contrôle du prix de notre électricité pour qu’il soit soutenable à la fois pour les entreprises et les particuliers » ; un plan de décarbonation de 50 sites industriels fin octobre, début novembre ; un débat public sur le déploiement de l’éolien en mer ; une enveloppe de 700 millions d’euros pour la construction de 13 RER (Réseau Express Régional) métropolitains, et la production d’un million de pompes à chaleur en France, toujours d’ici 2027…Enfin, dernière annonce de taille : le leasing à 100 euros par mois pour la location de voitures électriques dès novembre. Sur ce point, le Président de la République  précise: « Ce ne sera, pour l’année 2024, que quelques dizaines de milliers de modèles ».  

Les priorités du second quinquennat

De la protection de l’environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique, Emmanuel Macron a fait la priorité de son second quinquennat. Il aime à se présenter comme un « président vert » et souhaite que l’écologie soit un « idéal européen », tout en assurant la souveraineté industrielle et la justice sociale. Attendue de longue date, cette « planification écologique » n’a pas, et c’était prévisible, convaincu les oppositions. Ainsi, Marine Le Pen (RN, Rassemblement national- extrême droite) affirme que ce plan « n’est pas une transition, mais une destruction ».

Emmanuel Macron (…) ne comprend rien à l’écologie, à la gravité de ce qui se produit sur la planète. Il croit qu’on peut tout changer sans rien changer.

A l’opposé de l’échiquier politique, les Verts se disent « consternés ». Le réalisateur et militant vert Cyril Dion confie même : « Emmanuel Macron ne comprend pas ce qu’il se passe. Il ne comprend rien à l’écologie, à la gravité de ce qui se produit sur la planète. Il croit qu’on peut tout changer sans rien changer ». Dans le même temps, Greenpeace France déplore « le silence assourdissant concernant le pétrole et le gaz fossile » et le WWF (World Wildflife Fund- Fonds mondial pour la nature) regrette : « Nous attendions un moment de vérité, le président de la République s’est contenté de donner un calendrier ».

Dans son rapport annuel en juin dernier, le HCC (Haut Conseil pour le Climat) concluait : « Il est grand temps d’acter l’urgence et d’engager les moyens ». Avec la planification écologique et l’écologie à la française,  Emmanuel Macron a-t-il trouvé la solution pour lutter contre le réchauffement climatique ? Premiers éléments de réponse en 2030…

 

Serge BRESSAN (correspondant à Paris)