Présidence belge de l’UE : les grands enjeux institutionnels à venir de 2024
A partir de ce 1er janvier 2024 et pour 6 mois (jusqu’en juin 2024), la Belgique aura la lourde responsabilité d’assurer la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (www.belgium24.eu.). C’est un évènement important, incontournable pour chaque Etat-membre, car le pays sera en charge de conduire l’agenda européen et d’œuvrer au renforcement de la collaboration et des échanges entre tous les Etats membres. De la densification et de l’enrichissement des liens qui font ce qu’est l’Union européenne depuis sa création : une plateforme de soutien aux relations entre ceux qui la font vivre. Pour six mois, la Belgique sera la garante des valeurs européennes et devra veiller à la cohésion entre les Etats membres. Notre pays devra pousser de nombreux dossiers, notamment celui sur les enjeux environnementaux. La Belgique devra aussi favoriser l’accord sur la révision du cadre financier pluriannuel de l’Union, et notamment sur la rallonge budgétaire qu’a demandé la Commission européenne.
Approfondir ou élargir
A l’heure où l’Occident est tancé par la Russie et ses alliés, et que l’Europe est confrontée à une guerre à sa frontière orientale, tous les regards seront tournés dans les mois à venir sur l’avancée des processus d’adhésion de certains pays. L’Union Européenne est à un carrefour de son histoire où l’approfondissement pour la survie devrait prendre, un temps, le pas sur l’élargissement à gogo qui ne ferait que nous fragiliser pour le moment. C’est ce que le Premier ministre belge, Alexandre de Croo, a précisé il y a quelques jours : « préparer notre Europe à être plus performante. Et avant de devenir plus grand, on doit devenir meilleur, on doit devenir meilleur dans une prise de décision plus rapide qui nous aide à garder notre unité ».
Préparer notre Europe à être plus performante. Et avant de devenir plus grand, on doit devenir meilleur, on doit devenir meilleur dans une prise de décision plus rapide qui nous aide à garder notre unité.
Les gros dossiers
Il y a des priorités depuis plusieurs années pour chaque présidence tournante : lutte contre le changement climatique, renforcement de la croissance économique, mais aussi dans le même temps, de la cohésion sociale entre les Etats. Qui de mieux qu’un pays comme la Belgique pour soutenir les processus législatifs et parvenir à un maximum de compromis entre les 27 Etats membres de l’Union ? En tout cas, la tâche ne sera pas facile, puisqu’il s’agit de conduire les discussions communes sur des sujets sensibles, et qui dépassent largement le cadre et les préoccupations de l’Union.
La Belgique ne sera pas seule, puisqu’elle collaborera avec l’ensemble des institutions primordiales de l’Union, comme le Conseil européen que dirige toujours Charles Michel, la Commission européenne, ainsi que le Parlement européen. Elle collaborera aussi avec l’Espagne (qui sort de la présidence tournante du conseil de l’UE) et la Hongrie (qui prendra la relève le 1er juillet 2024). La Belgique aura évidemment un rôle de garant des institutions face à une Hongrie, souvent perçue comme réfractaire à nombre de valeurs et de principes européens.
Enfin, cette présidence est importante, car c’est sous ce mandat belge que se dérouleront également les futures élections européennes qui se tiendront les 6 et 9 juin prochain.
Une mission de haut niveau pour la Belgique
« Protéger, renforcer, prévoir », c’est le credo de la Belgique pour cette présidence. On parle de 150 dossiers à faire avancer, mais c’est une mission qui se fera sur un temps réduit de largement moins d’un semestre, élections obligent. Il est aussi à craindre que les choses n’avancent pas tant que cela, les uns et les autres préférant attendre la nouvelle mandature qui se mettra en place à l’issue du scrutin.
Aider cette économie à faire cette transition vers une économie durable, une industrie qui nous aide à réaliser les objectifs du Green Deal.
Le Premier ministre belge Alexandre de Croo a annoncé le cahier des charges il y a quelques jours : il faut au sein de l’Union une « économie qui créé notre prospérité, qui créé de l’emploi qui finance notre solidarité sociale. Aider cette économie à faire cette transition vers une économie durable, une industrie qui nous aide à réaliser les objectifs du Green Deal ».
En parlant de changement climatique, la présidence belge devra, dans les mois à venir, pousser le dossier qui devra mener un jour à un accord sur les émissions de carbone notamment des camions et des autobus, et promouvoir l’électrique. On parle aussi d’un accord un peu technique sur les emballages. Mais la présidence belge s’inscrira aussi à l’horizon 2040 en termes d’impératifs environnementaux, car cela se prépare dès maintenant. En matière de cuisine interne à l’Europe, la Belgique, dans quelques jours, aura la lourde tâche de favoriser l’accord sur la révision du cadre financier pluriannuel de l’Union, et notamment sur la rallonge budgétaire qu’a demandé la Commission européenne.
Sébastien BOUSSOIS
Docteur en sciences politiques, chercheur monde arabe et géopolitique, enseignant en relations internationales à l’IHECS, associé au CNAM Paris (Equipe Sécurité Défense) et du Nordic Center For Conflict Transformation (NCCT Stockholm)