PARIS. Récemment, un hebdomadaire dominical n’hésitait pas à titrer : « Vive le cinéma français ! » Et de préciser : « La fréquentation des salles est à la hausse en 2023 et la production hexagonale affiche créativité et diversité… 40 % des entrées en salles en 2023 concernent des films français ». Ainsi, à la veille de la 49ème cérémonie des César (coincée entre les Bafta britanniques et les Oscars états-uniens) qui aura lieu à l’Olympia de Paris ce 23 février, on serait donc dans le meilleur des mondes avec le 7ème Art hexagonal… On serait, parce que durant cette soirée présidée par la comédienne et réalisatrice Valérie Lemercier et qui pourrait voir l’actrice belge Virginie Efira récompensée dans la catégorie « meilleure actrice », va régner une ambiance pour le moins étrange. Les sourires, les accolades et les embrassades seront encore moins francs que les années antérieures.
Ces derniers temps en effet, le cinéma français a subi quelques perturbations, plus proches du tsunami que de l’Ohio. Dans la foulée du mouvement #MeToo, des affaires de harcèlement sexiste et sexuel ont été révélées au grand jour et au grand public par nombre de comédiennes ou encore d’assistantes et techniciennes, certaines peu connues, d’autres très connues. Au commissariat et près de la justice, elles posent des « mains courantes » et/ou des plaintes- la plupart de celles-ci sont classées sans suite, les faits s’étant produits au-delà du délai de prescription. Des grands noms sont cités, des stars sont visées…
Plaintes et mains courantes à la pelle
Gérard Depardieu (qui « rend fière la France », selon le Président de la République Emmanuel Macron) est sous le coup de plus de quarante plaintes de femmes pour des faits commis sur des tournages ou ailleurs, et mis en examen en décembre 2020 pour viols et agressions sexuelles- la comédienne Charlotte Arnould accuse l’acteur de l’avoir violée en 2018.
Un récent « Complément d’enquête » diffusé par France 2 montrait « Gégé » en voyage en Corée du Nord avec l’écrivain-réalisateur Yann Moix, à l’occasion de ses 70 ans; à l’écran, on vit « l’ogre » se comporter comme un porc, sauf que là, ce n’était pas du cinéma…
Le cinéma, c’est une industrie très violente pour celles qui parlent.
En ce début février, c’est la comédienne et réalisatrice Judith Godrèche, 51 ans, en promo pour sa série télé « Icon of French Cinema » (diffusée sur Arte), qui a lancé un nouveau pavé dans cette mare affreusement glauque. Elle a confié avoir vécu entre 14 et 18 ans avec le réalisateur Benoit Jacquot, figure du « cinéma d’auteur » à la française qui avait vingt-cinq ans de plus qu’elle. Elle a aussi évoqué l’emprise qu’il a exercée sur elle : « Je n'étais pas spécialement attirée par Benoit Jacquot… J’étais sa femme-enfant ».
A la même époque, un autre réalisateur ami de Jacquot, Jacques Doillon, s’intéresse à elle. Il l’a fait tourner dans son film « La fille de 15 ans », vire l’acteur principal qu’il remplace, tourne une scène érotique avec la toute jeune Judith Godrèche, lui fait rejouer 45 fois. Sa femme d’alors, Jane Birkin, est au fond du plateau, voit tout, elle confiera : « Après cette séance, j’ai vomi »…
Je sais que je ne vais plus pouvoir travailler dans le monde du cinéma où règne l’omerta.
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