BOXE : POLEMIQUE AUX JO DE PARIS

JO de Paris 2024 : élan de solidarité en Algérie en faveur de la boxeuse Imane Khelif

L'Algérienne Imane Khelif encaisse un coup de poing de l'Italienne Angela Carini lors des huitièmes de finale de boxe féminine des éliminatoires des 66 kg lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 à la North Paris Arena, à Villepinte, le 1er août 2024. AFP

Les suspicions, accompagnées parfois de moqueries acerbes, qui ont entouré le genre de la boxeuse algérienne, Imane Khelif, suscitent un immense élan de solidarité dans son pays. Des personnalités politiques lui apportent leur soutien, de même que des compatriotes célèbres, notamment des footballeurs ou des commentateurs. Celle qui participe actuellement aux Jeux olympiques de Paris affiche un taux de testostérone supérieure à la moyenne. Son combat contre l’Italienne, Angela Carini, le jeudi 1er août, a déclenché une vive polémique après que celle-ci a rapidement déclaré forfait. La cheffe du Gouvernement italien, Giorgia Meloni, a déclaré que le combat n’était pas « un pied d’égalité », ajoutant que les « athlètes qui ont des caractéristiques génétiques masculines ne devraient pas être admis aux compétitions féminines ». En attendant, la boxeuse algérienne s’est qualifiée ce samedi 3 août en demi-finale et s’assure la médaille de bronze.

Les réseaux sociaux foisonnent depuis quelques jours de publications témoignant d’un soutien indéfectible à la sportive algérienne, Imane Khelif, après les attaques mettant en doute sa féminité qu’elle continue de subir. Malgré le verdict favorable du Comité international olympique, les attaques se poursuivent, de même que la mobilisation en sa faveur. Plusieurs personnalités de premier rang ont alimenté la polémique en raillant la victoire, jugée suspecte, d’Imène Khelif sur son adversaire italienne, Angela Carini, le 1er août. D’après elles, sa victoire, après moiins d’une minute de combat est due à une prétendue supériorité biologique. Venant souvent de la sphère de l’extrême droite, ses détracteurs, dont la cheffe du Gouvernement italien, Giorgia Meloni, pourtant amie d’Algérie, l’ex-président américain Donald Trump, en passant par le patron de X (ex-Twitter), Elon Musk, lui-même grand soutien de Trump, semblaient trouver là matière à décrier « la décadence d’une civilisation intégrant le transgenre ».

Entre transphobie et racisme

Si cette polémique réveille, en Occident, les relents du sexisme et de la transphobie, les Algériens y voient plutôt un acte de racisme et une atteinte à leur dignité. C’est ce que pense Abdelaziz Rahabi, ancien ministre de la communication, qui a écrit à ce sujet en arabe, sur son compte Facebook : « Acharnement raciste contre Imane Khelif. Certains sportifs naissent avec des avantages compétitifs. Imène Khelif est génétiquement plus forte que les autres. Lorsque des personnes comme Giorgia Meloni ou Elon Musk doutent de cela ou essaient d’en tirer profit, c’est tout simplement du racisme ». Dans les commentaires, un journaliste estime que les critiques ciblant la boxeuse algérienne relèveraient plutôt de la transphobie, et que le racisme existerait dans les deux camps.

De nombreux faiseurs d’opinion ont tenu aussi à riposter à ces cyberattaques. Le célèbre commentateur de la chaîne qatarie BeIN Sport, Hafid Derradji, écrit sur un ton sarcastique : « Imane Khelif doit faire don de quelques-unes de ces hormones à ceux qui se sont moqués d’elle, pour qu’ils puissent retrouver leur virilité perdue. En effet, Imène n’est pas une femme, c’est une super femme ! ». 

Des vedettes du ballon rond

Des vedettes de football, notamment le joueur professionnel, Riadh Mahrez il évolue au poste d’ailier droit dans le club saoudien d’Al-Ahli) ou Adlène Guedioura et des stars de la chanson, à l’image de DJ Snake, affichent leur soutien à la boxeuse, tout en l’exhortant à ne pas céder aux pressions, et à continuer sur sa lancée « jusqu’à décrocher une médaille d’or lors de ces jeux de Paris ».

A noter, enfin, que le Comité olympique algérien a, dans un deuxième communiqué, publié le 2 août, menacé de poursuivre en justice toutes les personnes ayant pris part à cette campagne de dénigrement visant Imane Khelif, après la mise en garde émise auparavant par le CIO enjoignant aux détracteurs de la boxeuse de retirer leurs publications hostiles.

A. Madi