ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC AHMAD ZIA MASSOUD

L’Afghanistan aujourd’hui : un génocide moral, social et intellectuel à l’encontre des femmes


Ce 9 septembre 2024 marque le 23e anniversaire de l’assassinat, par Al Qaïda, du légendaire Commandant Massoud, naguère chef charismatique de la Résistance, dans la mythique vallée du Panjshir, contre le terrorisme islamiste. Entretien exclusif, afin de commémorer dignement sa mémoire, avec son frère, Ahmad Zia Massoud, ancien vice-président de l’Afghanistan, président du principal parti politique et démocratique (« Jamiat ») de ce pays, mais vivant aujourd’hui en exil, pour d’évidentes raisons de sécurité, dans une importante capitale occidentale. Entretien exclusif avec Ahmad Zia Massoud,  frère du légendaire commandant Massoud  et ancien vice-président de l’Afghanistan.

L’occasion aussi de faire le point, trois ans après la chute de Kaboul et l’arrivée au pouvoir des Talibans, sur l’actuelle et déplorable situation de ce pays et, en particulier, des femmes, désormais réduites, sous ces abominables prisons ambulantes que sont les burqas, à l’invisibilité tout autant qu’au silence !

Daniel Salvatore Schiffer : Votre frère aîné, Ahmad Shah Massoud, mieux connu en Occident sous le glorieux et célèbre nom de Commandant Massoud, a été assassiné par deux terroristes d’Al Qaïda, venus expressément de la commune bruxelloise de Molenbeek, le 9 septembre 2001, soit deux jours seulement avant l’attentat meurtrier, le 11 septembre de la même année, à l’encontre des tours jumelles, à New York, du « World Trade Center ». Quel souvenir gardez-vous de cet homme d’exception, légendaire combattant pour la liberté et la démocratie en Afghanistan, où il est encore considéré de nos jours, 23 ans après sa tragique mort, comme un héros tout autant qu’un martyr ?

Ahmad Zia Massoud : Ahmad Shah Massoud était une personnalité unique, un homme courageux et visionnaire, au service de la volonté et de la force de son peuple. Il vénérait la liberté, prenait ses décisions en toute indépendance et assumait pleinement la responsabilité de ses choix.

L’un des souvenirs les plus marquants que j’ai de mon frère, Ahmad Shah Massoud donc, est son insistance inébranlable sur l’importance de l’éducation. Bien que sa vie ait été consacrée à la défense de son pays, il n’a jamais perdu de vue l’importance de l’enseignement. Il était convaincu que l’éducation était le seul moyen de sauver le pays de ses problèmes, notamment de l’obscurantisme.

Je me souviens d’une de ses visites dans un village éloigné, au début de la lutte contre les Soviétiques, où il s’adressait à un groupe de jeunes et parlait avec passion du rôle de la science, du savoir, et de l’importance de l’éducation dans la vie. Il a créé de nombreuses écoles dans les zones sous son contrôle, tant pour les filles que pour les garçons. Une part considérable du budget de la résistance dirigée par Ahmad Shah Massoud était dédiée à la culture et à l’éducation. Ces initiatives ont non seulement contribué à améliorer le niveau d’alphabétisation et de conscience sociale des gens, mais ont également insufflé un nouvel espoir dans le cœur des jeunes.

Les Talibans, en usant d’une violence sans bornes et sans précédent, en violant massivement les droits humains  (…) sont devenus le principal foyer du terrorisme international.

Le commandant Massoud était une personnalité charismatique et inspirante. Il entrait en contact avec les gens avec une grande simplicité et écoutait leurs problèmes. J’ai personnellement été témoin de la manière dont il répondait avec patience et attention aux questions de chacun, les encourageant à œuvrer pour l’avenir de leur pays. Tout au long de ses combats politiques et militaires, il a toujours été une source d’inspiration et d’espoir pour les autres.

Ahmad Shah Massoud n’était pas seulement un commandant militaire exceptionnel, mais aussi un leader politique doté d’une vision claire. Il croyait fermement en la démocratie, les droits de l’homme et la justice sociale, et n’a jamais cessé de lutter pour réaliser ces idéaux. Dans ses entretiens, il évoquait souvent la démocratie et les élections comme les seuls moyens de mettre fin à l’instabilité et à l’injustice. Il aspirait à voir le pays se transformer en un pays moderne et avancé, où chacun, les hommes comme les femmes, jouirait de droits égaux.

Malgré toutes les difficultés et les défis auxquels il a été confronté, le commandant Massoud n’a jamais perdu espoir et a continué de se battre pour la liberté et l’indépendance de son pays. Pour moi, comme pour beaucoup d’autres de mes compatriotes, il est un symbole de résistance, de courage et d’espoir.

DSS : Depuis la catastrophique chute de Kaboul, le 15 août 2021, et la consécutive arrivée au pouvoir des Talibans, c’est le fils de ce même Commandant Massoud, le jeune Ahmad Massoud, aussi votre neveu donc, qui est considéré aujourd’hui comme le chef politique et militaire du « Front National de la Résistance » (FNR-NRF) contre l’abominable dictature islamiste des Talibans. Qu’en est-il donc aujourd’hui, concrètement et sur le plan pratique, de cette Résistance ?

AZM : Le régime taliban a plongé le pays dans une crise humanitaire majeure. Des millions de personnes ont été déplacées et vivent dans des conditions extrêmement difficiles, déplorables. Les femmes, qui constituent la moitié de la population, sont les plus gravement affectées par cette situation et sont privées de leurs droits les plus élémentaires. Les Talibans, en usant d’une violence sans bornes et sans précédent, en violant massivement les droits humains et en restreignant sévèrement les libertés, non seulement manquent de légitimité sur le plan interne, mais sont également devenus le principal foyer du terrorisme international.

Comme l’histoire en témoigne, l’emprise des idéologies extrémistes et despotiques a toujours suscité une résistance populaire. L’amère expérience du régime communiste en est un exemple frappant. Aujourd’hui encore, la population résiste à l’oppression des Talibans et lutte pour rétablir les valeurs humaines et la démocratie. Malgré tous les défis, l’espoir d’un avenir meilleur reste vivant dans le cœur de la population.

La résistance de notre peuple a débuté en réaction au retrait précipité et chaotique des forces américaines et à la chute soudaine du pays, il y a trois ans, aux mains des Talibans. Il est essentiel que cette résistance se structure autour d’une organisation nationale et inclusive, capable de constituer une alternative politique aux niveaux national et international. Pour atteindre cet objectif, notre peuple a un besoin urgent et vital de soutien.

La crise dans le pays est à la fois une crise humanitaire et sécuritaire, nécessitant une attention et une action urgente de la communauté internationale

La différence majeure entre le régime taliban et d’autres régimes despotiques réside dans la dimension internationale de ce groupe et les soutiens étendus dont il bénéficie de la part de certains pays. Les Talibans ne sont pas seulement confrontés à l’opposition de la majorité de notre peuple, mais ils sont aussi devenus un refuge sûr pour les groupes terroristes internationaux. Bien que certains analystes occidentaux affirment que l’Occident tente de contrôler les Talibans et de prévenir la montée d’Al-Qaïda grâce à des aides financières de dizaines de millions de dollars par semaine, je vous assure que la direction des Talibans est aujourd’hui entre les mains d’Al-Qaïda. Les dirigeants d’Al-Qaïda et des Talibans entretiennent des liens familiaux étroits.

Par exemple, Hamza, le fils d’Oussama Ben Laden, désormais considéré comme le leader d’Al-Qaïda, est marié à la fille du Mollah Omar, l’ancien chef des Talibans. De plus, il est important de souligner que le fils du Mollah Omar, Mollah Yaqoub, actuellement ministre de la Défense des Talibans, entretient des relations très proches avec Hamza. Hamza Ben Laden se trouve actuellement dans le pays, en Afghanistan, et a rétabli les bases d’Al-Qaïda. Cette situation représente une menace sérieuse pour la sécurité régionale et mondiale. Je tiens à souligner que les groupes talibans, Al-Qaïda et même Daesh envisagent de venger leurs dirigeants en s’attaquant aux pays occidentaux.

Les attentes de notre peuple sont claires : la communauté internationale doit prendre ses responsabilités face à cette crise et soutenir la population.

Enfin, il faut souligner que la crise dans le pays est à la fois une crise humanitaire et sécuritaire, nécessitant une attention et une action urgente de la communauté internationale. Notre peuple, dans cette longue lutte, a besoin du soutien de tous. Les attentes de notre peuple sont claires : la communauté internationale doit prendre ses responsabilités face à cette crise et soutenir la population. Il est essentiel d’aider notre peuple à atteindre la liberté, tout en protégeant le monde de la menace extrêmement dangereuse que représentent les Talibans et Al-Qaïda. Il vaut mieux agir avant qu’une autre catastrophe majeure, comme celle du 11 septembre 2001, ne se produise.

DSS : Pourquoi les principaux responsables politiques et militaires d’Afghanistan ont-ils quitté précipitamment leur pays, voire pris la fuite, lors de la chute de Kaboul, en ce funeste 15 août 2021, livrant ainsi leur peuple, sans même combattre, aux sanguinaires mains des Talibans ? Certains de ces anciens dirigeants sont même accusés ouvertement, par le peuple afghan lui-même, d’énormes délits de corruption !

AZM : La fuite des dirigeants politiques et militaires du pays, après la chute soudaine de Kaboul, a suscité de nombreuses questions. Vous avez raison ! Les réponses qui ont été proposées à ce sujet sont souvent fondées sur des rumeurs, des informations incomplètes et des préjugés politiques.

Il est important de faire la distinction entre ceux qui avaient des responsabilités et des fonctions gouvernementales, et les dirigeants politiques qui n’en avaient pas. La fuite de ceux qui occupaient des postes au gouvernement, notamment à la tête des institutions clés comme les ministères et les organes de sécurité, n’est en aucun cas justifiable. Ils ont abandonné Kaboul aux Talibans sans opposer, en effet, la moindre résistance !
Cependant, certains dirigeants influents, sans rôle officiel au sein du gouvernement, se trouvaient dans une situation différente. Un certain nombre de ces dirigeants, dont je faisais partie, étaient en voyage au Pakistan ce 15 août 2021. Ce voyage faisait partie d’une série de conférences organisées dans les pays voisins et de la région. Cette rencontre, initialement prévue trois mois plus tôt, avait été reportée pour diverses raisons.
L’ancien Premier Ministre pakistanais, Imran Khan, avait invité plusieurs dirigeants du pays pour discuter du processus de paix. Avant lui, d’autres pays de la région avaient également accueilli des réunions similaires.
La fuite d’Ashraf Ghani, alors Président de l’Afghanistan, et de nombreux membres de son cabinet ce jour-là a coïncidé avec le déplacement de certains dirigeants vers le Pakistan. Personne, pas même les ministres les plus proches d’Ashraf Ghani, n’était informé de sa décision de fuir, et sa fuite, suivie par celle d’autres responsables, a précipité la chute de Kaboul d’une manière si rapide que même les Talibans ne l’avaient pas anticipée.

Par ailleurs, avec l’avancée rapide des Talibans et la méfiance à l’égard des garanties de sécurité proposées, les dirigeants faisaient face à une menace sérieuse pour leur vie et celle de leurs familles. Dans ces conditions, quitter le pays pour sauver leur vie et poursuivre la lutte à l’avenir, depuis l’étranger, était une décision logique et compréhensible. Malgré les promesses de soutien au Gouvernement, les pays occidentaux ont abandonné ce dernier au moment critique. Cela a brisé la confiance des dirigeants envers la communauté internationale et les a convaincus que rester dans le pays entraînerait la destruction totale du Gouvernement et des forces de sécurité.

Le rôle des acteurs extérieurs et l’ingérence des pays étrangers, en particulier du Pakistan, dans les affaires internes, et leur soutien aux Talibans, ont rendu la situation extrêmement difficile pour le gouvernement. Dans de telles circonstances, les dirigeants extérieurs au gouvernement se sentaient piégés dans un jeu politique complexe, sans aucun contrôle sur les événements.

Ainsi, la fuite des dirigeants du pays ne peut être simplement considérée comme un acte lâche ou une fuite de responsabilités. Cette décision a été prise dans des conditions extrêmement complexes et sous une pression immense. Ces dirigeants ont pris la meilleure décision possible à ce moment-là. Rester sur place n’aurait fait que condamner tout le monde à une mort certaine.

Mais cela ne signifie pas, pour autant, que les dirigeants ne portent aucune responsabilité dans la chute du pays. L’incompétence, la corruption et l’incapacité à bâtir un gouvernement solide et durable figurent parmi les facteurs qui ont contribué à cette chute. Cependant, pour porter un jugement équitable sur les décisions de ces dirigeants, il est important de considérer les conditions complexes et évolutives de l’époque.

DSS : Y a-t-il aujourd’hui une véritable stratégie, tant sur le plan politique que militaire, pour vaincre les Talibans ? Il est par ailleurs prouvé que l’Afghanistan, et sa capitale Kaboul en particulier, s’avère aujourd’hui le centre mondial du terrorisme international, où se sont réfugiés quelques-uns des principaux chefs au sein de la mouvance du pseudo « Etat Islamique », de Daesh (ISIS) à Al Qaïda et autres obscures mais fanatiques mouvements djihadistes, au terrifiant nombre de 29 aujourd’hui en Afghanistan !

AZM : Actuellement, la Résistance manque d’une stratégie claire et cohérente. Les principales raisons de cette situation sont les suivantes :

– Une résistance fragmentée : les groupes de résistance sont dispersés et agissent chacun de manière indépendante.

– Absence d’un leadership cohérent : de nombreux dirigeants politiques connus ont quitté le pays et se trouvent à l’étranger, ce qui a conduit à l’absence d’un leadership cohérent et solide pour coordonner la résistance.

– Manque de soutien international : la communauté internationale ne soutient pas suffisamment la résistance, ce qui a affaibli ses capacités.

– Ingérences des pays étrangers : les pays voisins et les grandes puissances, en s’ingérant dans les affaires internes du pays, ont compliqué la situation et empêché la formation d’une stratégie unifiée.

Les restrictions imposées par les Talibans interdisent aux femmes l’accès à l’éducation, à l’emploi, à la liberté de mouvement et au choix de leur habillement.

Pour établir une stratégie efficace, la Résistance a besoin des éléments suivants :

– Un leadership unifié et inclusif : la formation d’un conseil de résistance comprenant des représentants de toutes les ethnies et groupes politiques pourrait favoriser l’émergence d’un leadership cohérent.

– Soutien international : il est crucial de mobiliser le soutien des pays occidentaux et des organisations internationales pour fournir une aide militaire, financière et politique à la Résistance.

– Création d’une armée populaire : la constitution d’une armée populaire, bien entraînée militairement, pourrait accroître la capacité de la résistance à contrer les Talibans.

– Attention aux dimensions politiques et sociales : outre la lutte militaire, il est important de prendre en compte les aspects politiques et sociaux de la Résistance et de s’efforcer d’obtenir un soutien plus large de la population.

En résumé, l’élaboration d’une stratégie claire et cohérente pour la Résistance nécessite des efforts coordonnés et collectifs de tous les groupes de résistance et de la communauté internationale.

DSS : Les femmes Afghanes vivent aujourd’hui, sous l’impitoyable férule des Talibans et leur tyrannique interprétation de la charia, une situation absolument abominable, jamais vue dans l’histoire de l’humanité ! Privées des  libertés les plus élémentaires, comme travailler ou aller à l’école, au regard de toute civilisation digne de ce nom, elles se voient même interdites aujourd’hui, avec la récente proclamation d’une nouvelle loi – outrancièrement appelée « promotion de la vertu et répression du vice » – de chanter, de parler en public, de se promener seule en rue, de faire du bruit en marchant, ou même simplement de se maquiller ou parfumer ! Ainsi, plus encore que rendues invisibles sous ces prisons ambulantes que sont les burqas et autre voiles intégraux, elles sont même complètement réduites au silence, privées de tout droit à la parole ! Comment donc lutter efficacement, au sein même de l’Afghanistan, contre ce nouveau type de barbarie ?

AZM : Les Talibans, en imposant des restrictions drastiques aux femmes, ont largement violé leurs droits fondamentaux. Ce groupe extrémiste réduit les femmes à des êtres de deuxième classe et considère que leur seul rôle est d’être ménagères et de procréer. Aux yeux des Talibans, la présence active des femmes dans la société est perçue comme une menace pour les valeurs islamiques et morales.

En interprétant de manière erronée les enseignements islamiques, les Talibans cherchent à établir une société fermée et isolée où les femmes n’ont aucun rôle.

Les restrictions imposées par les Talibans interdisent aux femmes l’accès à l’éducation, à l’emploi, à la liberté de mouvement et au choix de leur habillement. En mettant en place de telles mesures, ce groupe terroriste ne se contente pas de violer les droits des femmes, mais inflige également un coup sévère à la croissance économique et sociale du pays. Dernièrement, le leader des Talibans a ordonné que les voix des femmes ne soient pas entendues à l’extérieur de la maison, un niveau de violence et de barbarie qui n’a pas de précédent historique.

La principale cause de ces restrictions est l’idéologie extrémiste et radicale des Talibans. En interprétant de manière erronée les enseignements islamiques, ils cherchent à établir une société fermée et isolée où les femmes n’ont aucun rôle.

La responsabilité de cette situation incombe non seulement aux Talibans, mais également à la communauté internationale. En signant des accords secrets et en soutenant les Talibans, les puissances, et en particulier les USA, qui se revendiquent des droits humains deviennent indirectement complices des violations des droits des femmes.

Le pays est devenu un centre de menaces mondiales.

D’un autre côté, nous observons que les femmes Afghanes, avec courage et détermination, sont en première ligne du combat pour leurs droits et ceux des générations futures. Les rapports officiels montrent que des centaines de femmes ont été arrêtées par les Talibans et ont subi les pires tortures et humiliations. Des preuves indéniables de viols et d’abus sexuels sur ces femmes courageuses ont été publiées, ébranlant les consciences.
Les Talibans ont incarcéré ces femmes dans des prisons où tout le personnel est masculin et affilié au groupe. Il n’existe aucune législation pour protéger ces détenues. Il est important, essentiel, de se souvenir que ces femmes ont protesté pacifiquement pour leurs libertés et droits fondamentaux. Un autre rapport accablant révèle que des dizaines de femmes dans les prisons des Talibans au nord du pays sont devenues enceintes après des viols.

Les Talibans ont utilisé ces méthodes barbares afin de tenter de briser la résistance des femmes Afghanes.

Certaines de ces femmes, qui ont ensuite fui le pays, ont révélé que les Talibans les ont filmées nues pour faire pression sur elles et leurs familles, envoyant ainsi un message clair sur le sort réservé à celles qui s’opposent. Dans une société traditionnelle, personne, y compris les victimes elles-mêmes, ne souhaite voir la publication de telles images. Les Talibans ont précisément utilisé ces méthodes barbares afin de tenter de briser la résistance des femmes Afghanes.

DSS : Qu’attendez-vous donc aujourd’hui, au vu d’une aussi dramatique situation humaine et humanitaire, de la part de nos démocraties modernes et occidentales, pour venir plus concrètement en aide, autant que possible, à votre malheureux pays, l’Afghanistan, afin de le libérer enfin de cette épouvantable tyrannie pseudo-religieuse, théocratique ou coranique (une lecture rétrograde, abusive et erronée de la Charia), qu’elle soit ?

AZM : Les groupes extrémistes comme les Talibans, en exploitant les croyances religieuses et en faisant des promesses mensongères, ont mis en péril la sécurité et la stabilité de l’Afghanistan. Ces groupes, en s’opposant à tout changement et progrès, ont entravé le développement de ce pays. Leur objectif principal est de créer un régime idéologique et répressif où les libertés individuelles et les droits humains ne sont pas reconnus. Avec la présence étendue de groupes terroristes et le soutien extérieur dont ils bénéficient, le pays est devenu un centre de menaces mondiales. Ces groupes utilisent le pays comme base pour planifier et mener des attaques terroristes dans d’autres pays.

Pour faire face à cette menace grave, la communauté internationale doit entreprendre les actions suivantes :

– La communauté internationale doit exercer des pressions sur les Talibans pour les amener à accepter la formation d’un gouvernement inclusif, issu d’élections démocratiques. Cependant, compte tenu de ce que nous savons des Talibans, il est peu probable qu’ils acceptent une telle démarche.

– La communauté internationale, comme elle l’a fait par le passé pour soutenir les forces locales contre l’occupation soviétique, doit fournir une aide complète – financière, politique et militaire – pour permettre à la population de remplacer le régime terroriste des Talibans par un système démocratique.

– Lutte contre le financement du terrorisme : la coupure des ressources financières des groupes terroristes est cruciale pour les contrer. La communauté internationale doit coopérer pour empêcher le transfert de fonds et d’armements à ces groupes.

– En l’absence d’une action sérieuse et coordonnée de la part de la communauté internationale, l’Afghanistan, mon pays, continuera d’être un refuge sûr pour les terroristes, menaçant ainsi la sécurité mondiale. Kaboul est aujourd’hui le centre mondial du terrorisme international !

– Si les suggestions précédentes ne peuvent pas être mises en œuvre immédiatement, il est nécessaire de créer une coalition internationale contre les Talibans. Cette coalition pourrait soumettre la question à l’Organisation des Nations-Unies. Ensuite, les membres du Conseil de Sécurité de l’ONU devraient parvenir à un accord sur une solution politique et soutenir la formation d’un gouvernement national inclusif. En imposant des sanctions économiques et des interdictions de voyage aux membres des Talibans, le Conseil de Sécurité pourrait les contraindre à accepter la création d’un gouvernement inclusif sous la supervision des Nations-Unies.

 

Entretien par DANIEL SALVATORE SCHIFFER

Philosophe, écrivain, auteur notamment d’une quarantaine de livres, dont « Afghanistan – Chroniques de la Résistance », dédié à la mémoire du commandant Ahmad Shah Massoud (Editions Samsa). https://www.samsa.be/livre/afghanistan