Les Européens doivent désormais disposer d’une autorisation pour voyager au Royaume-Uni
Alors que les conséquences de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne se dessinent petit à petit depuis le référendum sur le Brexit en 2016, le pays durcit ses conditions d’accès au territoire. De nouvelles conditions s’appliquent aux ressortissants européens qui doivent désormais se munir d’un « Electronic travel autorisation » (ETA ou autorisation électronique de voyage). Il s’agit d’un visa numérique qui sera obligatoire dès le 2 avril 2025 pour un montant de 10 livres (environ 12 euros). Il sera valable pour plusieurs voyages pendant deux ans ou jusqu’à expiration du passeport. Le détenteur peut séjourner jusqu’à 6 mois dans le pays. Tour d’horizon des pays concernés, du calendrier d’instauration du nouveau visa et des documents à fournir pour obtenir son ETA. Certains renseignements demandés prêtent à sourire. La nouvelle procédure ne fait pas que des heureux.
Après le Brexit, les ressortissants européens pouvaient entrer sur le territoire britannique en étant munis uniquement de leur carte d’identité. Le Royaume-Uni a décidé de restreindre les conditions d’entrer sur son territoire. En 2023, le Gouvernement britannique a annoncé qu’il allait durcir les conditions d’accès sur le sol britannique. Il était question de mettre en place une nouvelle autorisation de séjour, qui sera nécessaire pour la plupart des ressortissants de nationalité étrangère.
Depuis le 1er février 2024, le nouveau système appelé « Electronic Travel Authorisation » (ETA ou autorisation électronique de voyage) vise les visiteurs venant des pays du Golfe, notamment d’Arabie saoudite, de Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, du Qatar, et d’Oman. Ce système s’étendra donc progressivement au reste du monde en 2025.
Si c’est pour empêcher le terrorisme, comme pour le modèle américain, ce n’est pas ce genre de choses qui va les arrêter.
A compter du 8 janvier 2025 (commande possible dès le 27 novembre 2024), les ressortissants des pays suivants devront se munir d’une ETA pour visiter le pays : Antigua-et-Barbuda, Argentine, Australie, Bahamas, Barbade, Belize, Botswana, Brésil, Brunei, Canada, Chili, Colombie, Corée du Sud, Costa Rica, États-Unis, Grenade, Guatemala, Guyana, Hong Kong, Îles Marshall, Île Maurice, Îles Salomon, Israël, Japon, Kiribati, Macao, Malaisie, Maldives, Mexique, Micronésie, Nauru, Nouvelle-Zélande, Nicaragua, Palaos, Panama, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, Pérou, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Samoa, Seychelles, Singapour, Taïwan, Tonga, Trinité-et-Tobago, Tuvalu, et Uruguay.
Dès le 2 avril 2025 (commande possible dès le 5 mars 2025), l’ETA sera élargie aux ressortissants européens : Allemagne, Andorre, Autriche, Belgique, Bulgarie, Croatie, Chypre, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Islande, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Malte, Monaco, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Saint-Marin, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse et Vatican.
Quelles sont les modalités de l’ETA ?
Cette autorisation ne peut pas être utilisée comme un visa et n’est destinée qu’à des voyages de courte durée. Si vous êtes un ressortissant européen et que vous souhaitez vous établir au Royaume-Uni de manière permanente, il vous faudra désormais obtenir un visa, distinct de l’ETA.
L’ETA sera obligatoire pour passer la frontière ou transiter par le Royaume-Uni, les enfants aussi sont concernés. L’entrée sur le territoire vous sera refusée si vous n’en disposez pas. Il s’agit d’une autorisation de voyage qui ne garantit pas l’accès au territoire, vous devrez toujours passer les douanes avec votre passeport.
Vous devrez vous assurer que le passeport que vous avez enregistré lors de votre demande soit le même que celui avec lequel vous voyagez, et qu’il soit valide pendant toute la durée de votre séjour.
L’autorisation pourra être utilisée plusieurs fois et sera valable pendant deux ans ou jusqu’à la date d’expiration du passeport enregistré. L’ETA sera reliée à votre passeport électroniquement, et vous n’aurez donc pas besoin de version papier pour voyager.
L’ETA coûtera 10 livres (environ 12 euros). La réponse à la demande d’ETA devrait prendre 3 jours, il est donc recommandé de s’y prendre un peu à l’avance. La demande s’effectue sur le site du ministère de l’intérieur britannique.
Ce que vous pouvez faire avec une ETA
L’ETA est nécessaire quand si vous venez au Royaume-Uni pour un séjour de 6 mois maximum à des fins touristiques, pour rendre visite à des amis ou à de la famille ou encore pour le travail ou des études de courte durée.
C’est censé fluidifier le passage à la frontière, mais pour fluidifier, on nous demande un nouveau document, donc je suis perplexe.
Elle vous permettra aussi de participer à un évènement rémunéré autorisé, c’est-à-dire que vous avez une invitation d’une organisation ou d’une entreprise basée au Royaume-Uni, ou un événement déjà prévu, que vous pouvez prouver que c’est un déplacement nécessaire pour votre travail, et que vous avez plus de 18 ans. Le ressortissant européen en transit doit aussi disposer d’une ETA. Si vous venez au Royaume-Uni pour une autre raison, vérifiez si vous avez besoin d’un visa.
Ce que vous ne pouvez pas faire avec une ETA
Le ressortissant européen uni d’une ETA ne peut pas séjourner dans le pays pendant plus de 6 mois ou y effectuer un travail rémunéré ou non pour une entreprise britannique ou en tant que travailleur indépendant, sauf si vous participez à un événement rémunéré autorisé (voir ci-dessus). Il ne peut pas bénéficier de prestations sociales ou se marier au Royaume-Uni.
Quels documents à fournir pour obtenir l’ETA ?
Le ressortissant qui demande ETA doit fournir une copie, numérisée en couleur et en qualité optimale, de la page d’informations du passeport (où figurent les données personnelles du requérant ainsi que sa photo). Il doit aussi livrer une photo d’identité, numérisée en couleur et en qualité optimale.
Quels renseignements sont nécessaires à l’obtention d’une ETA Royaume-Uni ?
– Numéro de téléphone personnel du requérant ;
– Adresse personnelle du requérant ;
– Avez-vous d’autres nationalités ? Si oui, lesquelles ?
– Avez-vous un emploi ? Si oui, lequel ?
– Avez-vous déjà eu une condamnation pénale ? Si oui, laquelle ?
– Avez-vous déjà été impliqué ou soupçonné de l’un des cas suivants ?
– crimes de guerre, génocide ou crimes contre l’humanité ;
– terrorisme, y compris le soutien ou l’appartenance à des groupes terroristes ;
– soutien à des groupes extrémistes ;
– expression d’opinions extrémistes.
Des ressortissants européens mécontents
De nombreux ressortissants européens ont exprimé leur mécontentement et leur agacement face à ces nouvelles restrictions.
Alors que le Royaume-Uni compte environ 6 millions de ressortissants européens installés sur son territoire, cette démarche supplémentaire agace les proches de ces expatriés, qui viennent régulièrement leur rendre visite. Comme Claire Euler, de nationalité française, dont les deux filles sont installées au Royaume-Uni. « C’est une autorisation à renouveler tous les deux ans, donc on n’est jamais tranquille une fois qu’on l’a faite », fustige-t-elle.
C’est une autorisation à renouveler tous les deux ans, donc on n’est jamais tranquille une fois qu’on l’a faite.
En effet, pour les ressortissants européens qui voyagent régulièrement au Royaume-Uni, il s’agit d’une démarche supplémentaire qui demande plus d’organisation et de démarches administratives contraignantes. « C’est un réflexe qu’il va falloir avoir tous les deux ans. Même si cela ne va pas nous empêcher de venir, c’est une étape supplémentaire. Financièrement, cela ne nous empêche pas de venir personnellement, mais cela peut être un problème pour certains », pousuit Claire Eurler.
Enfin, elle ne comprend pas l’utilité de cette nouvelle démarche. « C’est censé fluidifier le passage à la frontière, mais pour fluidifier, on nous demande un nouveau document, donc je suis perplexe. A voir à l’usage. Je ne vois pas l’utilité d’une telle démarche. Si c’est pour empêcher le terrorisme, comme pour le modèle américain, ce n’est pas ce genre de choses qui va les arrêter ».
Léna Job (à Londres)