“Non! à l’accord UE-Mercosur : l’Europe doit repenser le modèle”
Destiné à libéraliser les échanges entre l’UE et cinq pays d’Amérique latine, le traité commercial avec le Mercosur, signé en 2019, n’est toujours pas appliqué. Alors que plusieurs Etats membres s’opposent à la version actuelle de l’accord, il est toujours négocié des deux côtés de l’Atlantique. Pour l’heure, comme annoncé ce lundi, le gouvernement de Wallonie ne signera pas l’accord. L’actuel ministre-président wallon Adrien Dolimont a assuré que la Commission européenne n’était pas près d’un accord. Ce dernier réclame des clauses miroirs notamment au nom de l’exception agricole. Les députés wallons ont validé mercredi 6 novembre 2024 cette position du Gouvernement régional. Pour rappel, le texte conclu il y a cinq ans prévoit d’éliminer plus de 90 % des droits de douane imposés par le Mercosur et l’UE aux produits venant de part et d’autre de l’Atlantique. Le marché européen s’ouvrirait ainsi plus largement aux produits agricoles sud-américains, sur la base de quotas. 99 000 tonnes de bœuf par an pourraient entrer en Europe à un taux préférentiel (7,5 %), ainsi que 60 000 tonnes de riz et 45 000 tonnes de miel sans obstacles tarifaires. Les droits de douane du Mercosur seraient quant à eux progressivement éliminés sur les voitures, les machines, la chimie, les vêtements, le vin, les fruits frais ou encore le chocolat provenant d'Europe. « La future Commission s’enferme encore dans ses contradictions : prétendre défendre les agriculteurs, les consommateurs ou l’environnement et se prononcer, en même temps, pour l’accord avec le Mercosur n’a aucun sens! », réagit notre eurodéputé, Yvan Verougstraete (Engagés/Renew). Eclairage.
C’est le 28 juin 2019 que la Commission européenne annonçait que le traité UE-Mercosur était bouclé, prêt à passer les dernières étapes de ratification. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission UE de l’époque parlait alors d’un accord historique. Mais depuis l’accord de libre-échange n’est toujours pas entré en vigueur.
L’Union européenne compte aujourd’hui près de 50 accords commerciaux avec des pays du monde entier. Alors que le multilatéralisme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est en panne, les accords bilatéraux de libre-échange sont devenus centraux dans la stratégie commerciale européenne. Plus ou moins approfondis, ces partenariats comportent toujours une diminution des droits de douane.
Un compromis pour Noël?
Et alors que le Parlement européen mène les auditions des candidats commissaires, il paraît assez évident que la future Commission européenne se prononcera en faveur de l’accord commercial avec les pays du Mercosur. Pourtant, au sein des Etats, ou pour certains d'entre eux, les refus se font entendre. Ce lundi, le gouvernement de Wallonie annonçait par la voix de son ministre-président Adrien Dolimont, qu'il ne signerait pas l’accord UE-Mercosur en l'état, Adrien Dolimont réclamant des clauses miroirs notamment au nom de l’exception agricole. Une décision plutôt bien accueillie du côté des producteurs.
Merco quoi ?!
Le Mercosur ou marché commun du Sud est un espace de libre circulation des biens et des services en Amérique latine. Il regroupe cinq pays : l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie. La Bolivie y a adhéré mi-2024 et dispose de plusieurs années pour adopter les règles du Mercosur, tandis que le Venezuela en a été suspendu en 2016 pour des raisons politiques. Le Chili, la Colombie, l’Equateur, le Guyana, le Pérou et le Surinam sont des membres associés au Mercosur.
Parfois considéré comme le 3ème bloc économique après l’UE et le trio Canada/Etats-Unis/Mexique, le Mercosur représente plus de 80 % du PIB sud-américain. Un cinquième de l’économie mondiale et 750 millions de personnes : c’est ce que pèsent aujourd’hui l’UE et les cinq pays du Mercosur.
Il est temps que l’Europe repense totalement sa manière de commercer avec le reste du monde.
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