EDITO

Salle de shoot de Liège : un manque d’anticipation péjudiciable

AFP

Malgré l’alerte donnée en mars dernier sur la fin de l’échéance des trois ans d’activité en septembre et les difficultés auxquelles la salle de shoot serait confrontée si son autorisation n’est pas confirmée, la Ville de Liège n’a pas pris les choses en main pour sécuriser le projet Tadam. Conséquence, les dirigeants ont dû prendre des mesures conservatoires en préavisant le personnel et en informant les usagers de la salle de shoot, déjà fragiles par leur état, qu’ils trouveront porte close dès ce mercredi 1er septembre. Evidemment, différents éléments seront mis en avant par les autorités communales pour justifier l’absence de décision visant à sécuriser le personnel du projet Såf ti (sauve-toi, en Wallon), notamment la crise du Covid-19 (qui dure depuis mars 2020) ou encore les inondations meurtrières (qui ont endeuillé la région liégeoise à la mi-juillet). Mais ces excuses ne tiennent pas la route, car l’attitude des autorités communales n’est rien d’autre qu’un manque d’anticipation coupable dans leur chef.

L’échéance des trois ans était dès le lancement du projet en 2018 et la Ville de Liège aurait dû toutes les dispositions nécessaires pour éviter un vide dans l’aide à la consommation de drogues. Pour n’avoir pas anticipé les choses comme on est en droit de l’attendre des autorités publiques, elle complique la mission du personnel et des dirigeants de Tadam. Car les consommateurs, face à la fermeture des deux salles de consommation et d’inhalation, ne fut-ce que pour quelques jours, risquent de se retrouver dans la nature et d’être livrés à eux-mêmes. Il sera plus difficile pour le personnel qui devra déployer des efforts supplémentaires pour les ramener au bercail. La Ville court aussi le risque de devoir passer par une procédure formelle d’appel d’offres ouverte. Même si cette dernière procédure a le mérite d’être un gage de transparence et aurait permis de jouer la concurrence entre les projets avec, à l’arrivée, le choix de la solution la plus aboutie, elle risque aujourd’hui de rallonger les délais et la durée de fermeture de la salle de shoot. Si le souhait était de lancer une procédure d’appel à projets, il fallait s’y prendre plus tôt afin de prendre le temps nécessaire pour analyser sereinement les projets qui auront été introduits et de faire les choix sans précipitation.

En réformant la loi de 1921, le Fédéral garantira un meilleur encadrement des salles de shoot, amènera plus de stabilité et leur permettra aussi de faire appel à des donateurs privés pour les soutenir.

Après avoir joué le rôle de frondeur en bravant la loi de 1921 qui interdit les salles de shoot, la Ville de Liège envoie aujourd’hui, de par son apathie, un mauvais message et ternit son image. Reste à voir maintenant comment le bourgmestre Willy Demeyer (PS), dont tout le monde salue l’activisme de 2018, va corriger le tir.

En attendant, il est aussi l’heure pour le Gouvernement fédéral de réviser la loi de 1921 pour permettre à d’autres communes d’initier ce genre d’initiatives. En réformant la loi, vieille d’un siècle, le Fédéral garantira un meilleur encadrement des salles de shoot, amènera plus de stabilité et leur permettra aussi de faire appel à des donateurs privés pour les soutenir. Car ceux-ci pourront bénéficier de réductions d’impôts pour les dons octroyés. Il permettra ainsi de soulager les communes dont les budgets sont déjà sous pression.