INONDATIONS

La Région soutiendra les biens des sinistrés non assurés à hauteur de 50% des dégâts

bePress Photo Agency / BOURGUET

Ce mercredi, la Région a présenté une série de nouvelles mesures de soutien aux personnes sinistrées par les inondations de juillet. Au total, l’exécutif wallon mobilise entre 2,3 et 3 milliards d’euros pour aider financièrement les sinistrés et réparer les infrastructures régionales. Les personnes sinistrées qui bénéficient du revenu d’intégration sociale font également l’objet d’une indemnisation spécifique liée à leur situation. Le Gouvernement s’est aussi accordé  à soutenir financièrement, et dans une moindre mesure, les personnes non-assurées. Pour les immeubles non-assurés, les propriétaires bénéficieront d’une intervention à hauteur de 50% du montant des dégâts évalués avec un plafond limité à 80.000 euros.

Indemnisation pour les assurés en risque “incendie-inondation”

Le 12 août dernier, le Gouvernement wallon annonçait que les sinistrés assurés en risques simples seraient indemnisés à hauteur de 100 % des dommages estimés et couverts par leur police d’assurance. Pour rappel, avant 2005, les catastrophes naturelles telles que les inondations n’étaient pas couvertes par les assureurs. C’est en 2005 qu’une loi fédérale impose la couverture des catastrophes naturelles dans les assurances incendies. Cette loi prévoit également la limitation stricte de l’intervention des assureurs en cas de catastrophe naturelle de grande ampleur, et ce afin de garantir leur solvabilité et éviter leur faillite si le montant est colossal.

Les inondations de juillet dernier dépassent largement ce montant. Par conséquent, sans l’intervention régionale, les citoyens sinistrés n’auraient reçu que 19 % du montant des dégâts. Suite à l’accord intervenu entre la Région et Assuralia (représentant le secteur des assurances), les assureurs ont accepté de doubler leur plafond d’intervention. La Région prendra à sa charge l’entièreté du solde restant. Par ce biais, les personnes sinistrées assurées en risques simples seront indemnisées à 100% des dommages estimés et couverts par leur police d’assurance. Sur base des estimations provisoires actuelles, les assureurs interviendraient pour 613 millions, et la Région wallonne pour 990 millions.

Le montant accordé aux sinistrés non assurés sera moindre que ce qu’ils auraient obtenu s’ils avaient été assurés. Le Gouvernement n’entend pas encourager les gens à ne pas s’assurer

Un décret d’exception “calamités”

Pour pouvoir exécuter l’accord avec les assureurs, une base légale s’impose, sous forme de décret spécifiquement consacré à la catastrophe. Compte tenu de l’ampleur des inondations, Le Gouvernement wallon a également souhaité intervenir pour soutenir financièrement les citoyens, les commerçants, les entreprises, les acteurs du non-marchand, les agriculteurs, les forestiers et les pouvoirs locaux non-assurés. Le Gouvernement interviendra pour indemniser partiellement toute une série de biens non-assurés et ce, selon des modalités variables.

Indemnisation de 10 000 euros pour tous les biens non assurés

Suite aux inondations de juillet dernier, des milliers de familles ont tout perdu et se retrouvent aujourd’hui dans des situations de grande précarité. Par manque de moyens, et dans de nombreux cas, certaines d’entre elles n’étaient pas assurées. La Région ne pouvait les laisser sans le moindre dédommagement. Afin d’éviter le désespoir complet des citoyens non assurés, le Gouvernement a décidé de leur accorder une indemnisation partielle. Cependant, le montant accordé sera moindre que ce qu’ils auraient obtenu s’ils avaient été assurés. Le Gouvernement n’entend ainsi pas encourager les gens à ne pas s’assurer, mais à circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles. Ainsi dans le cas des biens meubles situés à l’intérieur de l’habitation sinistrée et dont le contenu n’est pas assuré, tous les sinistrés non assurés pour ce type de dommage, qu’ils soient locataires, propriétaires d’un bien assuré pour l’immeuble uniquement ou non assurés totalement pourront bénéficier d’une indemnisation de maximum 10.000 € (plafond valable pour tout type d’immeuble).  Un expert devra procéder à l’expertise.

Immeubles non-assurés visés

La Wallonie interviendra également à hauteur de 50% des dégâts évalués par un expert avec un plafond d’intervention maximum fixé à 80.000€. Pour les immeubles qui nécessitent une intervention pour une dépollution pour les hydrocarbures ou pour la présence d’amiante, le plafond d’intervention pour l’immeuble peut monter à 90.000€. Les personnes qui bénéficient du RIS (revenu d’intégration sociale) feront l’objet d’une indemnisation spécifique liée à leur situation.  Pour ceux qui vivent dans un “habitat léger de résidence permanente”, par exemple un chalet ou une caravane résidentielle, qui ne seraient pas assurés, l’indemnisation couvrira 100% des dégâts, après évaluation par un expert, avec un plafond de 20.000 euros. L’indemnisation ne sera accordée qu’au propriétaire résident d’un habitat léger ou qui a souscrit un contrat de location-achat et qui réside dans le bien.

Concernant les habitats légers de résidence permanente non-assurés, la Région interviendra à hauteur de 100% des dégâts évalués par un expert, avec un plafond de 20.000€. L’indemnisation n’est accordée qu’au propriétaire résident d’un habitat léger ou qui a souscrit un contrat de location-achat et qui réside dans le bien.

Véhicules assurés en responsabilité civile

La Wallonie interviendra pour les véhicules assurés uniquement en responsabilité civile à hauteur de 50% de la valeur de remplacement, avec les plafonds maximums suivants : 15.000€ pour les camionnettes professionnelles ; 10.000€ pour les voitures ; 5.000€ pour les motocyclettes et 2.000€ pour les cyclomoteurs, les vélos cargo et les vélos électriques. Pour les camionnettes et les voitures, l’intervention sera de minimum 1.500€. L’indemnisation des vélos est intégrée dans la grille indicative du mobilier à concurrence de 200€.

Pour les biens des entreprises et des acteurs du non-marchand, la Wallonie n’interviendra qu’à la triple condition suivante :
– Reprise de l’activité économique en Wallonie dans un lieu proche de l’implantation initiale (moins de 20km, avec dérogation possible si indisponibilité avérée de terrain ou d’infrastructures adaptées) ;
– Maintien de l’emploi pour une durée de 4 ans à un volume calculé sur la moyenne des 18 derniers mois. Ce volume doit être atteint au plus tard 18 mois avant la reprise de l’activité.
– Avis favorable d’un des trois outils économiques (SOGEPA, SOWALFIN, SRIW) après examen de la demande d’aide.

Entreprises et ASBL assurées en risques spéciaux

La Wallonie interviendra pour les entreprises de plus de 250 travailleurs : intervention déterminée par le Gouvernement avec un maximum d’intervention de 40% dans les dommages non-assurés (hors dommages liés à l’interruption de l’activité).
– Pour les entreprises entre 50 et 250 travailleurs : intervention maximum de 40% des dommages non-assurés;
– Pour les entreprises de moins de 50 travailleurs : intervention à concurrence de 50% des dommages non-assurés;
– L’indemnité sera versée en trois tranches. 50 % à l’acceptation du dossier, 40 % sur présentation des factures de reconstruction ou d’achat de matériel et 10 % au moment de l’atteinte de l’objectif du volume de l’emploi.

Entreprises et ASBL non-assurées

La Wallonie interviendra à hauteur de 25% des dégâts estimés, avec un plafond d’intervention maximum fixé à 500.000€. Pour les agriculteurs, l’intervention est évaluée à hauteur de 70% des dommages estimés, sur les biens non assurés, par un expert, avec un plafond d’intervention maximum de 300.000€. Pour les domaines forestiers, l’intervention sera de 35% des dommages estimés par un expert, avec un plafond d’intervention de 300.000€.

Reconstruction et réparation des infrastructures régionales

La Wallonie assumera aussi la réparation des infrastructures régionales endommagées. Les dégâts des infrastructures régionales sont estimés à ce jour à 650 millions d’euros. Cela concerne notamment les berges, les voiries, les tunnels, les voies hydrauliques, les bassins d’orage, les déchets, les centres de formation, etc.

Pour les berges, la Région wallonne se chargera de l’ensemble des travaux. Dans le cas où elle n’est pas propriétaire exclusive des berges, elle sollicitera une contribution du propriétaire. Pour les communes, cette contribution sera de 0% pour les communes de catégorie prioritaire, 10 % pour les communes de catégorie 1, 20 % pour les communes de catégorie 2 et 30% pour les communes de catégorie 3. Pour les privés ou les entreprises, cette intervention sera de 50%.

Sur les 262 communes que compte la Région wallonne, 209 ont été déclarées sinistrées. Elles ont été réparties en quatre groupes. La catégorie prioritaire rassemble les communes les plus touchées. Il s’agit de Limbourg, Pepinster et Trooz, où près d’un bâtiment sur deux a été endommagé ou détruit. Dans ces communes, plus de 30% des bâtiments ont été sinistrés.

La catégorie 1 reprend les communes de Chaudfontaine, Esneux, Eupen, Liège, Rochefort, Theux et Verviers. 28 communes sont en catégorie 2 et 171 en catégorie 3. Cette classification entre en ligne de compte pour l’intervention de la Région wallonne dans les frais de réparation aux infrastructures publiques. Ainsi, dans les trois communes les plus touchées, celles de la catégorie prioritaire (Trooz, Limbourg, Pepinster), l’intervention wallonne sera de 100%. Dans celles de la catégorie 1, de 90%. L’intervention sera de 80% dans les communes de la catégorie 2 et de 70% en catégorie 3. On parle ici des travaux de réparation aux voiries, aux espaces publics, aux ponts, bâtiments, logements publics, crèches ou encore centres sportifs, etc.

Mesures de soutien à la formation dans les métiers en pénurie

La pénurie de main d’œuvre va constituer un très grand défi pour la reconstruction dans les zones sinistrées. C’est la raison pour laquelle, le Gouvernement propose des mesures complémentaires pour permettre aux entreprises de trouver des candidats à l’emploi et de réaliser les travaux de reconstruction des zones sinistrées. Parmi celles-ci : une prime pilote formation « plan de reconstruction » de 2.000 € nets pour chaque demandeur d’emploi et apprenant IFAPME apprenant qui s’engage dans le secteur de la construction. Cette prime sera liquidée en plusieurs tranches permettant d’une part, d’inciter à entrer en formation et d’autre part, à favoriser l’accès à l’emploi au terme de la formation. En partenariat avec le secteur, une vaste campagne de promotion des métiers de la construction pour sensibiliser les jeunes ainsi que les femmes à l’importance de la construction dans les enjeux de la transition.

Des « chèques permis de conduire » pour les demandeurs d’emploi ou apprenant IFAPME qui s’inscrivent dans une formation participant à la dynamique du plan de reconstruction.

Aides complémentaires : deux Task forces “énergie”

Le Gouvernement a décidé de consacrer un budget d’au moins 25 millions d’euros destiné à prendre toute une série de mesures en matière d’énergie, à court et moyen termes, qui permettront aux ménages sinistrés – que leur logement soit encore habitable ou qu’ils aient été relogés – de préparer leur logement pour passer l’hiver dans les meilleures conditions possibles.

Deux Task forces « Reconstruction des réseaux de gaz » et « Chauffages et isolation » ont identifié cet été les réponses les plus adéquates aux nombreuses difficultés rencontrées sur le terrain en matière d’énergie : dégâts des réseaux de gaz et d’électricité, équipements déclassés dans les logements encore habitables, nécessité de sécher en profondeur les habitations, disponibilité des matériaux et des corps de métier. De nombreuses parties prenantes ont été associées : GRD, secteur de la construction, CPAS, guichets de l’énergie.

En outre, les guichets de l’énergie situés dans les zones sinistrées bénéficieront d’un renfort de moyens humains et financiers afin de mobiliser un plus grand nombre de conseillers pour accompagner les sinistrés dans l’évaluation des dégâts, dans l’accès aux primes MEBAR et dans les démarches administratives.

Dispositions fiscales en matière de donation

La mobilisation de l’épargne des wallons, de manière incitative et sur base volontaire, est un levier identifié depuis de nombreux mois. En effet, l’épargne des Belges atteint des records avec près de 300 milliards d’euros et qui dans près de 75 % des cas, est déposé sur des comptes d’épargne classiques et se retrouve à y dormir durant une longue période.

Dans le cadre de la relance et de la reconstruction suite aux inondations, tout citoyen wallon pourra faire profiter de son épargne un bénéficiaire actif dans le tissu économique wallon ou dans le monde associatif, culturel ou sportif, via une baisse du tarif applicable aux donations mobilières à 1% pour les premiers 100.000 euros. Normalement, les taux ordinaires sont de 3,3% et de 5,5% et, pour les ASBL, de 7 %.