FRANCE

Affaire Bygmalion : Nicolas Sarkozy déclaré coupable

En pleine tournée de promotion pour son nouveau livre, Nicolas Sarkozy est rattrapé par l'affaire du financement libyen de sa campagne électorale. AFP

Nicolas Sarkozy était absent ce matin au tribunal correctionnel de Paris où devait être rendu l’énoncé du jugement portant sur le financement illégal de la campagne présidentielle de 2012; il y a été reconnu coupable du financement illégal.  Le 1ermars dernier, l’ancien président avait déjà été condamné à trois ans de prison (dont un an ferme) pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire des écoutes. Il a fait appel de cette condamnation. Dans l’affaire Bygmalion, treize autres prévenus ont été déclarés coupables de complicité de financement illégal de cette campagne électorale. Le tribunal de Paris s’est montré sévère, avec l’ancien chef de l’État, la peine d’un an ferme est plus lourde que celle requise par le parquet en juin dernier, ce dernier avait alors réclamé six mois ferme.

C’est ce matin que le tribunal correctionnel de Paris rendait le jugement dans l’affaire Bygmalion, sur les dépenses excessives de sa campagne présidentielle en 2012. L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy était absent. Il écope d’un an de prison ferme. En prononçant cette peine, les juges sont allés plus loin que le parquet qui, en juin, avait réclamé une peine d’un an de prison dont six mois ferme. Franck Attal, directeur adjoint de la filiale de Bygmalion, Event & Cie, et Fabienne Liadzé, directrice des ressources de l’UMP en 2012, ont été reconnus coupables des faits d’usage de faux. On ne sait toutefois pas encore à quelle peine ils sont condamnés.

AFP

Jerome Lavrilleux, ancien directeur adjoint de la campagne électorale de Sarkozy en 2012.

Guy Alvès et Bastien Millot, co-fondateurs de Bygmalion, et Sébastien Borivent, directeur adjoint de Event & Cie ont été relaxés des faits d’usage de faux. Directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, Jérôme Lavrilleux a quant à lui été reconnu coupable d’abus de confiance. A la barre, M. Lavrilleux avait qualifié la campagne 2012 de « dinguerie ». Il est le seul à l’UMP (Les Républicains aujourd’hui) à avoir reconnu le système de double factures créé pour attribuer au parti les dépenses excessives de campagne. Mais il soutient n’en avoir été informé qu’après le second tour de l’élection.

Fabienne Liadzé, alors directrice des ressources à l’UMP, Eric Cesari, directeur général et fidèle de Sarkozy, ainsi que Pierre Chassat, directeur de la communication sont également reconnus coupables d’abus de confiance. Pour le tribunal, « Nicolas Sarkozy était prévenu du risque de dépassement » de ses dépenses. « Nicolas Sarkozy connaissait le montant légal du plafond [de dépenses], », a expliqué la juge Caroline Viguier en annonçant que l’ancien président était déclaré coupable du financement illégal de sa campagne. « Ce n’était pas sa première campagne et il a connaissance du droit. De plus, il a été averti par écrit du risque de dépassement par deux notes. Et Nicolas Sarkozy a poursuivi des meetings dans les mêmes conditions que précédemment… »

Selon le tribunal correctionnel parisien, dès le 31 mars 2012, chaque meeting représentait une infraction.  Le tribunal a constaté que le montant du dépassement du compte de campagne était de 16 247 509 euros. Le tribunal a estimé que les prévenus savaient qu’ils engageaient les fonds pour autre chose que pour le compte de l’UMP. « Nicolas Sarkozy connaissait le montant du compte de campagne », a poursuivi la juge Viguier. « Son expérience de candidat lui avait même permis de prévenir son équipe du risque de dépassement. »

A noter encore que Nicolas Sarkozy avait été mis en examen pour « corruption passive », « financement illégal de campagne électorale », « recel de fonds publics libyens » et « association de malfaiteurs » dans l’affaire des soupçons du financement libyen en 2007.