SOCIETE

Pauvreté: Il y a urgence à supprimer le statut de cohabitant

BELGA

Ce 17 octobre est la Journée Mondiale de Lutte contre la Pauvreté. Cette année, le Réseau wallon de Lutte contre la Pauvreté entend concentrer son action sur un combat essentiel celui de la suppression du statut cohabitant. Rendez-vous est fixé toute la journée et jusqu’en début de soirée à Namur pour échanger, témoigner et lutter contre ce statut indigne qui provoque une spirale de pauvreté. Fin de journée, balade lumineuse dans le quartier de Bomel dès 19H30.

Chaque 17 octobre, le Réseau wallon de Lutte contre la Pauvreté fixe rendez-vous en la capitale régionale en vue de pointer du doigt les injustices sociales et continuer ce combat contre la pauvreté que la crise sanitaire a fait accroitre malgré elle. Cette année, le réseau a voulu axer d’autant plus son action sur le fameux statut de cohabitant. Il s’agit, selon la définition des membres actifs du réseau « d’une sorte d’impôt qui ne se dit pas, appliqué aux trop petites « fortunes » s’agissant de piquer à une part d’allocations complètes déjà bien maigres (souvent sous le seuil de pauvreté) pour renflouer les caisses de l’État par le biais de l’appauvrissement. On peut parler de l’organisation d’une injustice contributive, à l’heure où une vraie réforme fiscale ambitieuse est toujours aux oubliettes dans notre pays ! Pas de géant pour puiser dans la poche des cohabitant (e) ».

A noter que la crise sanitaire et la catastrophe naturelle de juillet dernier ont forcé les autorités à modifier de façon temporaire le système mis en place. Ainsi, le statut de cohabitant n’a pas été appliqué aux personnes en chômage temporaire pour l’instant. Des personnes ont par ailleurs accueilli chez elles des victimes des inondations. Dans ces cas-là, hébergeurs et hébergés n’étaient pas considérés comme cohabitants. « Les autorités ne se posent pas la question en tant de crise, ils revoient leur copie mais c’est du temporaire », commente la secrétaire générale du RWLP Christine Mahy qui réclame encore d’aller plus loin définitivement.

L’isolement du statut

Ce statut ne permet plus à celui qui le reçoit de percevoir d’allocations sociales. « C’est de la pure injustice sociale », explique Joseph, 53 ans, demandeur d’emploi depuis deux ans. « Ce statut isole plutôt que de solidariser, on se sent complètement dépendant de l’autre, ma sœur, dans mon cas, qui souvent à déjà du mal à joindre les deux bouts, avec moins de 1300 euros /mois ».  Selon le RWLP, le statut de cohabitant mis en place en 1974, au départ à l’attention des personnes dépendantes du CPAS, engendre le mal logement et augmente la pénurie de logement, entrave la colocation, brise des relations familiales, empêche des relations amicales, met à mal l’intergénérationnel, affecte la santé mentale… tous le contraire des essentiels tant réclamés par la base, tous le contraire des enjeux sociétaux majeurs au service desquels un Gouvernement devrait œuvrer. Les femmes seraient particulièrement victimes de ce statut cohabitant.

Statut discriminatoire aussi

Pour le RWLP, le statut de cohabitant participe à appauvrir toujours davantage. Pour rappel, ce statut sera étendu au début des années 80 aux chômeurs indemnisés et dès 1991, à celles et ceux reconnus invalides ou dépendants d’indemnités de maladie. « En cette journée de lutte contre la pauvreté, le RWLP demande, une fois encore au Gouvernement d’oser supprimer ce statut considéré comme honteux », commente Christine Mahy, secrétaire générale du RWLP. « Il n’est pas question ici de cohabitation légale dans un couple mais de toutes les situations de cohabitation (personnes vivant sous le même toit et partageant les dépenses ménagères) qui entraînent une baisse substantielle des revenus de remplacement, qu’il s’agisse d’une baisse du revenu d’intégration (RIS), de l’allocation de chômage, des indemnités maladie ou invalidité, de la Grapa (la garantie de revenus aux personnes âgées), voire des allocations pour personnes handicapées.  Le statut de cohabitant aggrave la pauvreté puisque les personnes sous ce statut perdent une partie de l’allocation qui émane de la sécurité sociale ou du CPAS qui est déjà inférieure au seuil de pauvreté ou qui flirte avec lui. Ce statut touche particulièrement les femmes; il est totalement discriminatoire ».

Cette perte de revenu liée au statut de cohabitant(e) est évaluée en fonction de la situation de la personne, de la composition de ménage en quelque sorte. En fonction de la situation, la personne percevra un revenu de remplacement… du plus élevé (chef (fe) de famille, au plus faible (cohabitant) en passant par un montant entre les deux (isolé). Pour rappel, en Belgique, le seuil de pauvreté est actualisé tous les ans. Il est de 1284 € pour une personne seule.

Ce dimanche, aux quatre coins de Namur, des témoignages, des contes, du théâtre gesticulé, des expositions…aborderont le thème, illustrant l’urgence de change les choses.

D’autres manifestations se tiendront toute la journée à Dinant, Tournai, Mouscron et à Bruxelles.

Programme de ce dimanche.

Allez plus loin :

https://www.onem.be/fr/documentation/bar%C3%A8mes/chomage-complet
https://www.mi-is.be/fr/nouvelles/augmentation-du-revenu-dintegration-au-1er-janvier-2021