SANTE

Dr David Bouillon: « Je ne suis pas anti-vax, je suis pour une expérimentation éclairée »


La couverture vaccinale a fortement progressé au cours de ces derniers mois et pourtant, l’épidémie pensée maîtrisée reprend à la hausse, avec des variants plus infectieux que la souche initiale du SARS-CoV-2. Après l’échec de la stratégie zéro-Covid, de nombreux pays sont confronté à des foyers épidémiques résistants. Certains gouvernements évoquent un reconfinement possible. D’autres ont déjà décidé d’imposer une troisième dose à certaines catégories de la population. Depuis de nombreux mois, David Bouillon milite contre l’obligation vaccinal Covid. Le médecin généraliste montois estime que la stratégie actuelle de contrôle du virus exclusivement basée sur les vaccins n’est pas la seule option sanitaire. Il dénonce l’absence de débat scientifique quant à une prise en charge précoce des malades. Notre entretien.

Je n’ai de conflits d’intérêt d’aucune sorte. Je ne booste ni des groupes pharmaceutiques, ni des médicaments. Je n’ai aucun intérêt financier. Et je ne suis pas complotiste.

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le docteur David Bouillon et sa compagne Elisabeth Befumo, infirmière, ne comptent pas leurs heures. Ils effectuent des transferts médicalisés coronavirus de personnes âgées en collaboration avec des sociétés d’ambulances et des dépistages à domicile. L’unité ambulatoire médico-sociale Lagardère Asbl, active en région montoise, prend aussi en charge tout type de patients vulnérables avec la mise en place d’un numéro d’appel gratuit, accessible 24 heures sur 24. Et le téléphone du Docteur Bouillon n’arrête pas de sonner. Face au désarroi des patients, l’Asbl dénonce le manque de juste méthode dans la gestion de la crise sanitaire.
Vacciner ne réduit pas la transmission

Nombreux sont ceux qui ont été intellectuellement séduits par l’idée que le monde serait sauvé par un vaccin. Force est de constater que la vaccination seule, présentée comme miraculeuse, ne suffit pas à enrayer l’épidémie. « Après 2 ans, nous n’avons pas avancé dans la prise en charge du Covid-19 et on continu à croire dans l’efficacité exclusive de ces produits qui sont toujours en phase 3 d’expérimentation », nous explique David Bouillon.
« Je n’ai de conflits d’intérêt d’aucune sorte. Je ne booste ni des groupes pharmaceutiques, ni des médicaments. Je n’ai aucun intérêt financier. Et je ne suis pas complotiste. Je tire, en revanche, des constats empiriques de données observationnelles. Et sur cette base, je me bat pour faire respecter la loi du patient de 2002 qui prévoit une bonne information du patient, un consentement éclairé et des soins de qualité. Or, il y a une priorité à vouloir vacciner tout le monde. Cette réponse est politique et non médicale. La vaccination ne réduit pas la transmission ».

Trois piliers majeurs

Selon le docteur Bouillon, une réponse pandémique devrait être organisée selon trois piliers majeurs. Le premier concerne la distanciation physique et le respect des gestes barrières pour limiter la contagion et la diffusion du virus.
Le second est de traiter la maladie au plus tôt dans son évolution.
« Contrairement à d’autres infections, le Covid-19 présente un démarrage lent. Et c’est là que nous avons réalisé qu’il y a une fenêtre de tir avant que le patient ne soit malade au point de devoir être hospitalisé. Le troisième pilier est l’hôpital. Il doit être conçu comme un filet de sécurité et non comme une fin en soi car la plupart des décès surviennent à l’hôpital. Il suffit de voir les statistiques », poursuit David Bouillon.

Traiter dès le premier jour

La méthode du docteur Bouillon consiste à traiter les patients de manière précoce, soit dans les 10 jours d’apparition des symptômes. « L’efficacité qui en découle est quantifiée et chiffrée. Depuis le mois de mars 2020, nous avons une expertise de terrain qui se construit et se consolide de jour en jour. Nous travaillons en collaboration avec des infirmiers, des ambulanciers, des pharmaciens, etc. Le but étant de poser rapidement un diagnostic et non au-delà des dix jours comme le préconise l’Ordre des médecins et le politique. Ce protocole permet d’éviter le plus possible le passage par l’hôpital et les soins intensifs dans les cas les plus graves. Sur les plus de 20.000 patients que j’ai traités et 5000 prises de sang réalisée, personne n’a fini aux urgences et personne n’est décédé. C’est ce que le politique ne veut pas entendre ».

Si demain, nous devons faire face à une nouvelle saturation du système hospitalier, sommes-nous prêts ? Non, ni en infrastructures, ni en matériel, ni en personnel. Avons-nous tiré les leçons depuis mars 2020 ? Non.

Ne surtout pas abandonner le patient

« Il y a un embargo médiatique complet sur toute information relative à un traitement précoce à domicile. Quand les malades sont positifs, on leur dit de se mettre en quarantaine à la maison avec du paracétamol et de l’ibuprofène et d’attendre, jusqu’à ce qu’ils soient éventuellement assez malades pour aller à l’hôpital. C’est un non-sens. C’est pendant cette période de latence que les complications surviennent et que l’on finit aux urgences. On a aussi mis en place des consultations par téléphone. C’est surréaliste ! On n’ausculte pas un patient par téléphone. Comment prendre les paramètres de tensions ? Comme écouter le cœur ? Comment réaliser une prise de sang ? Comment mesurer la saturation en oxygène ? L’analyse clinique permet une prise en charge globale et une prise de sang permet de prescrire un traitement adapté à chacun. »

Arrêter d’expérimenter à l’aveugle

On nous parle aussi d’une quatrième vague. « Il y aura autant de vagues que la gestion de cette crise sanitaire restera politique et sans débat contradictoire. Le Covid-19 est un virus respiratoire à haut taux de mutation. On le voit d’ailleurs avec les variants. C’était couru d’avance. La vaccination n’est pas à elle seule le sésame qui va enrayer l’épidémie. Et pourtant, on s’entête, on insiste sur l’obligation vaccinale et on clive les patients, sans autre prisme en lecture et en dehors de toute logique médicale.
Si demain, nous devons faire face à une nouvelle saturation du système hospitalier, sommes-nous prêts ? Non, ni en infrastructures, ni en matériel, ni en personnel. Avons-nous tiré les leçons depuis mars 2020 ? Non. Ne serait-il donc pas temps, pour sauver des vies, d’arrêter de tâtonner? Les patients ne sont pas des cobayes. Il faut prendre la vague différemment en tenant compte des réalités constatées sur le terrain et au cas par cas ».

 

Copyright – David Bouillon – Unité ambulatoire médico-sociale Lagardère (Mons)