SOCIETE

Les travailleurs empêchés de « télétravailler » comme ils le souhaitent seraient davantage confrontés au risque de burn-out


Selon une étude récente réalisée par Sécurex, le risque de burn-out serait de 44% plus élevé pour ceux à qui on ne permet pas de « télétravailler » autant que souhaité. Un travailleur sur 10 ne souhaite pas faire de télétravail, cependant 8 % aimeraient travailler à plein temps depuis leur domicile. Alors que plane le retour du « télétravail » forcé, dans la mesure du possible, trois à quatre jours par semaine, les personnes autorisées à « télétravailler » moins qu’ils ne le souhaitent courent un risque plus élevé de burn-out.

17 % des travailleurs télétravaillent moins qu’ils ne le souhaiteraient : ce groupe court un risque de burn-out plus élevé.

En 2019, le risque de burn-out chez les travailleurs était en moyenne de 8%. Chez ceux qui ne peuvent pas travailler depuis le domicile autant qu’ils le souhaitent, ce risque est désormais de 12%. Les personnes autorisées à « télétravailler » moins qu’ils ne le souhaitent courent un risque plus élevé de burn-out.

Telle est la conclusion d’une enquête menée par Securex, partenaire en matière d’emploi et d’entrepreneuriat, auprès d’un échantillon représentatif de 1512 travailleurs. « Ce n’est cependant pas la quantité de télétravail qui influence le risque de burn-out, mais l’équilibre entre le télétravail souhaité et le télétravail effectif. Il est absolument essentiel que les employeurs mettent en place une politique de télétravail qui soit flexible et, si possible, adaptée à l’employé », explique Heidi Verlinden, Research Project Manager chez Securex.

Le télétravail conseillé

Maintenant que la pandémie reprend de plus belle, les appels à la réintroduction du télétravail se multiplient. Aux Pays-Bas, le gouvernement a recommandé le travail à distance, sauf s’il n’y a pas d’autre option, et en Belgique, le Groupe des Dix a également appelé les employeurs à maximiser l’utilisation du télétravail, au moins jusqu’à la fin de l’année.
Pour de nombreux travailleurs, le déploiement rapide du travail à domicile flexible a été une bénédiction, mais pour d’autres, une malédiction. L’enquête menée par Securex révèle aujourd’hui que les personnes autorisées à « télétravailler » moins qu’elles ne le souhaitent courent un risque plus élevé (+44 %) de burn-out.

Lors du premier trimestre 2021, le télétravail était obligatoire pour tous ceux qui pouvaient en faire. Au cours de cette période, les salariés – dont l’emploi permet le « télétravail » – ont travaillé en moyenne 65% (3,3 jours) de leur temps de travail depuis leur domicile. Plus de la moitié des travailleurs (53%) ont travaillé à domicile quatre jours sur cinq ou plus. « S’ils étaient libres de choisir, les collaborateurs interrogés souhaiteraient, en temps normal, travailler en moyenne 48% de leur temps à domicile (2,4 jours par semaine). »

Il n’y a pas de relation entre la quantité de « télétravail » et le risque de burn-out. Toutefois, les travailleurs n’étant pas autorisés à « télétravailler » autant qu’ils le souhaitent courent un risque de burn-out plus élevé. Pour ceux dont, au début de l’année 2021, le nombre de jours de « télétravail » effectifs a été équivalent au nombre de jours souhaités, ce risque est resté à peu près le même.
Ceux qui étaient autorisés à « télétravailler » moins qu’ils ne l’auraient souhaité couraient néanmoins un risque de moitié plus élevé (12 %, soit 44 % de plus que le risque moyen) de burn-out. Plus l’écart entre la quantité souhaitée et la quantité réelle de télétravail est important, plus le risque est élevé.

Faire face aux exigences professionnelles

« Ce n’est donc pas la quantité de télétravail qui a un impact sur le risque de burnout, mais la correspondance entre la quantité souhaitée et la quantité réelle de télétravail. Nous constatons très clairement que les travailleurs accordent une grande importance à l’autonomie : ceux qui sont autorisés à « télétravailler » moins que souhaité éprouvent un sentiment d’autonomie moindre et, en conséquence de cette frustration de leur autonomie, sont plus exposés au risque de burn-out », poursuit Heidi Verlinden.

« La différence d’autonomie peut être due uniquement à la manière de travailler sur le lieu de travail, c’est-à-dire à la maison ou au bureau, mais aussi à la frustration de ne pas pouvoir faire face à des exigences professionnelles élevées en évitant les trajets domicile-travail et en travaillant à la maison durant ces heures libérées », renchérit Hans De Witte, professeur en psychologie du travail à la KU Leuven.

Les chiffres de cette étude proviennent d’une étude plus générale que Securex a menée en mai 202. L’échantillon comprend 1512 travailleurs et est représentatif du marché du travail belge en termes de sexe, d’âge, de statut, de taille d’entreprise et de région. La relation entre le fait de télétravailler moins qu’on ne le souhaiterait et le risque de burn-out s’explique entièrement par le degré d’autonomie dont on fait l’expérience. Le risque de burnout a été mesuré à l’aide du Burnout Assessment Tool, un instrument développé par la KU Leuven. Plus d’informations sur www.burnoutassessmenttool.com.

Ce burn-out qui pend au nez de certains

Au cours de la période durant laquelle nous avons mené l’enquête auprès des travailleurs, notamment entre le 1er janvier et le 1er avril 2021, le télétravail était obligatoire pour tous ceux qui pouvaient en faire. 25% ont ensuite travaillé à domicile autant qu’ils le souhaitaient, et 17% ont « télétravaillé » moins qu’ils ne le souhaitaient. Ce dernier groupe courait donc un risque plus élevé de burn-out. Au cours de la même période, 58 % des travailleurs ont « télétravaillé » plus qu’ils ne l’auraient souhaité : étonnamment, ceux-ci couraient un risque plus faible (-36 %) de burn-out.

Les employeurs doivent avoir une politique de télétravail flexible qui laisse de la place à chaque salarié et à l’équipe

Pour Frank Vander Sijpe, Director HR Trends & Insights chez Securex, le fait que les personnes qui travaillaient à domicile plus souvent qu’elles ne le souhaitaient soient moins à risque est surprenant. « Cependant, cela s’explique aisément », explique-t-il.
« Au début de l’année, les travailleurs étaient conscients qu’il s’agissait d’une situation temporaire, que c’était la même chose pour tout le monde et donc justifié. On peut aussi supposer que beaucoup d’entre eux travaillent pour des entreprises qui se soucient de la santé de leurs salariés, ce qui a toujours réduit le risque de burn-out, et qu’elles maximisent désormais le télétravail pour éviter les infections, ou dans des entreprises qui privilégient la confiance plutôt que le contrôle, et pour qui le fait que leurs salariés travaillent à distance ne pose pas de problème ».

Une politique flexible du télétravail

« Les employeurs doivent avoir une politique de télétravail flexible qui laisse de la place à chaque salarié et à l’équipe », prévient  encore Anja Van den Broeck, professeur en motivation et de gestion à la KU Leuven.
« En tant qu’employeur, vous souhaitez que vos salariés viennent au bureau lorsque les mesures le permettent ? Ne leur imposez pas cela comme une obligation générale. Donnez la parole à vos salariés et expliquez-leur la valeur ajoutée de leur présence sur leur lieu de travail. Veillez également à ce que cela soit clair : une personne qui vient au bureau pour discuter en ligne toute la journée et/ou qui ne peut pas discuter avec ses collègues sera peu motivée pour venir au bureau. Cela ressemble alors à une obligation et le risque de burn-out augmente »,
conclut-elle.