LITTERATURE

“Le Rat de Molenbeek-Saint-Jean”, roman fiction empreint de réalisme


Depuis le 22 mars 2016, jour où le radicalisme a frappé, Bruxelles a définitivement changé de visage aux yeux des Belges et du monde. Le Rat ! Tel est le surnom d’un gosse sans papier qui crèche quelque part dans « Molem », commune tristement célèbre de l’Ouest bruxellois, où chacun se voit affublé d’un sobriquet. Le Rat de Molenbeek-Saint-Jean, c’est l’histoire d’un flic aussi et le titre de ce premier roman et polar aux accords authentiques édité par Fawkes, l’auteur belge Armand Gabriel, nous livre ici un portrait fiction empreint de réalisme, une certaine vision de l’effet papillon. Lisez, c’est du Belge!

Roman fiction d’actualité

L’une des singularités du dernier roman présenté lors de cette rentrée littéraire par la maison d’édition hesbignonne Fawkes Edition, aux mains de Julie Biasucci, est l’anonymat que l’auteur du Rat de Molenbeek- Saint-Jean, Armand Gabriel souhaite conserver.  Dans ce polar sombre aux accents incroyablement authentiques, Armand Gabriel invite à intégrer le cœur de la police et à infiltrer le milieu bruxellois. C’est donc tout naturellement la Directrice de cette pétillante maison d’édition à compte d’éditeurs de Waremme qui s’est prêtée au jeu de l’entretien.

L’Post: Vous êtes assez fière de présenter ce Rat de Molenbeek-Saint-Jean, de quoi parle ce roman ?

Julie Biasucci: C’est vrai car ce roman aborde d’une certaine manière l’actualité. Ensuite, il s’agit d’une premier roman de bonne facture avec un chouette style pour un premier roman.
Concernant le pitch, comme on dit, et bien, c’est l’histoire de Stéphane Martin, un flic de la PJF de Bruxelles, aux méthodes quelquefois border line, tentant de mettre le grappin sur une bande organisée  de jeunes polycriminels.
En même temps, ce policier est dans une phase de sa vie où il envisage de quitter le terrain, changer de zone de police afin de moins s’impliquer émotionnellement. C’est à ce moment précis qu’il entame une enquête un peu particulière. Le Rat, est le surnom d’un gosse sans papier du quartier ; il aurait pu être baptisé autrement mais les jeunes du quartier Maritime en ont ainsi décidé, sur base des codes de la rue. Ce garçon, qui a sombré dans la drogue et les vols avec violence, s’amuse à narguer la Police en jouant sur les aménagements urbanistiques de ce quartier particulier.

C’est aussi toute l’originalité de l’histoire entre vie de quartier, enquête, petite délinquance sur fond d’urbanisme car Molenbeek-Saint-Jean, on le sait peut-être peu, mais est un quartier conçu de sorte que pratiquement tous les pâtés de maisons communiquent entre eux. Le rôle joué par l’urbanisme dans le quartier et dans le roman est important. On le lit très bien entre les pages 302- 304 d’ailleurs. Je n’en dirais pas plus (sourire).

L’auteur restera anonyme, (…) mais il se peut qu’il soit présent sans le dire, dans le public, lors de rencontre littéraire

L’Post: Le Rat de Molenbeek-Saint-Jean”, un roman-réalité en quelque sorte ?

Tout à fait. Bien entendu, les noms ont été changés mais pour qui connaît le quartier, on peut se « retrouver ». De la petite délinquance on aboutit évidemment au contexte des attentats de Bruxelles de mars 2016, de nombreuses thématiques sont abordées dans l’ouvrage, les difficultés de la police, celle de l’immigration dans une certaine mesure mais sans exagération ni discrimination. Alors que le procès de Paris est en cours, ce roman tombait au bon moment. L’enquête menée par Stéphane Martin montre qu’un fait anodin peut conduire, tel un arbre qui cache la forêt, à quelque chose de bien plus important, de bien plus gros. Comme ce fut hélas le cas en 2016.

L’Post: A quel public s’adresse ce roman ?

Il est accessible à tous et aux jeunes dès 17 ou 18 ans, l’âge où on peut voter, l’âge où on se pose des questions sur le fonctionnement de notre société, celui de la démocratie. Car le roman remet un peu tout ça sur la table. Il est également critique envers le fonctionnement de la société actuelle, il invite à se poser des questions et à remettre en question, à s’informer pour se former.

L’Post: L’auteur souhaite conserver son anonymat, aucune dédicace n’est donc prévue ?

En effet… Mais c’est un aspect que je respecte. J’effectue moi-même les présentations de l’ouvrage. La première a eu lieu à Waremme ce 18 novembre. D’autres rencontres sont prévues en 2022. Néanmoins, il n’est pas rare que l’auteur soit présent sans le dire, dans le public, lors de ces rencontres. Tous les auteurs aiment entendre les échos émanant de leur lectorat.

Gabriel Armand, Le Rat de Molenbeek-Saint-Jean, Fawkes Edition, 2021.

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