CRISE SANITAIRE

Covid-19: un vaccin sous forme de patch, testé en Suisse


Emergex Vaccines, une entreprise de biotechnologie basée dans le sud-est de l’Angleterre, débutera les essais cliniques d’un vaccin anti-Covid de nouvelle génération à Lausanne, en Suisse, dès le mois de janvier prochain. Celui-ci sera administré sous la forme d’un patch cutané. Il offrirait une immunité plus longue par rapport aux solutions actuelles. Un panel de volontaires sains va se prêter à l’expérience durant six mois. Le but ? Observer l’efficacité de la méthode et les effets secondaires éventuels indésirables sévères afin de développer une immunité de longue durée. Explications.

Unisanté, le centre universitaire suisse de médecine générale et publique, va tester dès le 3 janvier 2022 un vaccin de nouvelle génération contre le Covid. Approuvés par Swissmedic, les tests seront réalisés à Lausanne avec la collaboration du Centre de recherche clinique (CRC) du CHUV-UNIL et du service d’immunologie et allergie du CHUV. Cet essai intervient quatre mois après le lancement d’une étude destinée à évaluer la sécurité d’un vaccin de nouvelle génération contre la dengue, dite aussi « grippe tropicale », qui utilise la même technologie que celle utilisée contre le Covid-19.

« Contrairement aux vaccins classiques qui stimulent plutôt la production d’anticorps, le vaccin PepGNP-Covid19, conçu en Angleterre par Emergex Vaccines, mise sur les lymphocytes T, responsables de l’immunité cellulaire, pour lutter contre les maladies infectieuses virales et bactériennes et éliminer les cellules infectées par le virus et éviter qu’il se réplique. La méthode utilise des composants non biologiques purement synthétiques qui amorcent les cellules immunitaires pour qu’elles détruisent les cellules infectées par l’agent pathogène », explique Unisanté dans un communiqué.

Recruter les lymphocites T

« Ces patchs se basent sur un concept initié en 2016 par Thomas Rademacher, professeur de médecine moléculaire à l’University College London. Ce scientifique a eu l’idée d’adapter au Covid-19 un type de vaccin entièrement basé sur un acteur central du système immunitaire : les lymphocytes T.
Une fois injectées, des particules d’or enrobées de peptides contenues dans le patch permettent de mettre ces lymphocytes en ordre de marche. En substance, cela revient à les recruter et à leur ordonner de se débarrasser des cellules infectées. C’est un fonctionnement assez différent des vaccins à ARN messager produits par AstraZeneca/Oxford ou Pfizer/BioNTech. Ceux-ci induisent également une réaction du côté des lymphocytes T, mais dans une moindre mesure. Ils se basent avant tout sur une réponse immunitaire globale basée sur les anticorps. Cette méthode est très efficace pour neutraliser le SARS-Cov-2, mais il faut pour cela maintenir cette protection à un niveau suffisant, ce qui implique des piqûres de rappel »
, précise le communiqué.

Autre avantage de cette méthode : puisqu’il s’agit d’un patch, il peut être appliqué individuellement, sans avoir besoin de l’intervention d’un professionnel pour l’injection. De plus, le vaccin pourrait être conservé sous cette forme pendant trois mois à température ambiante. Un avantage logistique considérable, sachant que les vaccins standard doivent être réfrigérés.

Copyright Facebook – Blaise Genton qui dirigera les essais cliniques à Lausanne.

Immunité de longue durée

« Cette nouvelle technologie via des cellules mémoire offre un réel espoir », souligne Unisanté. « Le vaccin a en effet le potentiel de fournir une immunité de longue durée contre le Covid-19 dans le cas où le pathogène tenterait à nouveau d’infecter une personne. Il est en outre mieux adapté aux mutations virales potentielles. En prévision d’une probable persistance du virus ces prochaines années et de la possibilité d’apparition de nouveaux variants, moins sensibles aux vaccins actuels, il est nécessaire de développer différentes technologies qui permettent d’assurer une immunité de longue durée », précise Blaise Genton, responsable de l’étude à Unisanté.
« On va stimuler des cellules mémoire qui vont attaquer les cellules infectées par le virus » poursuit-il. « Et on sait que cette immunité-là reste un certain nombre d’années, en tout cas pour les coronavirus habituels qui font des infections respiratoires tous les hivers. Elle permettrait donc d’éviter les rappels ».

Quelque 26 volontaires participent au programme. Ils recevront le vaccin sur le bras à l’aide de micro-aiguilles de moins d’un millimètre de profondeur, dans l’objectif de développer un patch à micro-aiguilles. Les premiers résultats sont attendus en juin 2022. Si les Si les résultats sont concluants, et après des essais à plus large échelle, les vaccins d’Emergex pourraient être disponible dès 2025 et venir enrichir la palette de traitements contre le coronavirus.

 

Photo: Copyright – Un patch micro-aiguille Latch Medical