SOCIETE

Pays-Bas : Le mariage pour tous s’ouvre aux monarques


Avec distributions de rubans rouges et préservatifs , ce 1er décembre marque la Journée Mondiale de la lutte contre le Sida. Si depuis près de 40 ans et la découverte de la maladie, la médecine a fait d’énormes progrès, les mentalités ont aussi largement progressé. Alors qu’en 2001, les Pays-Bas deviennent le premier pays au monde à autoriser le mariage entre deux personnes du même sexe, le mariage pour tous s’ouvre désormais aussi aux monarques. Chez nos voisins néerlandais, les reines et rois pourront désormais épouser une personne de même sexe, tout en conservant leur trône.

Avec les années sida, une culture homo mondiale a émergé qui a aussi imprégné le législatif. En deux décennies, le droit au mariage pour les couples gays et lesbiens a été reconnu par la plupart des pays dits occidentaux. C’était l’un des derniers pays de l’Europe de l’Ouest où cette liberté était considérée comme illégale. La Suisse a franchi un cap historique fin septembre 2021 en légalisant aussi le mariage pour tous.

En 2019, c’est l’Autriche (en janvier) et l’Irlande du Nord (en octobre) qui rejoignaient la liste des pays européens ayant légalisé le mariage entre personnes de même genre. Partie des Pays-Bas en avril 2001, cette officialisation d’une union pour tous a, au fil des ans, gagné la Belgique (2003), l’Espagne (2005), la Norvège (2009), le Portugal (2010), l’Islande (2010), le Liechtenstein (2011), le Danemark (2012), la Suède (2012), le Royaume-Uni (2013-14), la France (2013), le Luxembourg (2014), la Finlande (2015), Chypre (2015), la Grèce (2015), Malte et l’Allemagne (2017).

Le concept selon lequel la conception d’un héritier doit se faire de manière traditionnelle n’est pas gravé dans la pierre.

Un trait d’union royal

Le 14 octobre 2021, dans une lettre adressée au parlement, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte fait une déclaration avant-gardiste : « les temps ont changé depuis que l’un de mes prédécesseurs a abordé la question pour la dernière fois en 2001 ». Il estime que l’héritière au trône, la princesse Catharina-Amalia, pourrait devenir reine même si elle se mariait avec une autre femme.
« Nous devons en effet faire en sorte qu’il soit parfaitement clair qu’une nouvelle génération de membres de la famille royale puisse aimer librement et épouser qui elle veut. Le cabinet du Premier ministre ne voit donc pas pourquoi un(e) héritier(ère) au trône devrait abdiquer s’il/elle souhaite épouser un partenaire du même sexe. Il est d’ailleurs temps pour toutes les monarchies d’Europe de suivre l’exemple des Pays-Bas et de dire publiquement “oui” au mariage entre personnes du même sexe ».

Entre droit et religion

Si en droit, le principe ne rencontre pas d’objections, il existe toutefois des aspects plus nuancés au débat. Au Royaume-Uni, le droit civil autorise le mariage homosexuel, mais l’Église d’Angleterre ne le permet pas. Or, le monarque est également le chef suprême de l’Église. Il ne fait aucun doute que le fait qu’un futur souverain choisisse de se marier en dehors de ses auspices susciterait de nombreuses discussions.
De même, l’Église catholique est opposée au mariage entre personnes du même sexe. Les monarchies des pays à forte tradition catholique, dont la Belgique et l’Espagne, seraient donc également confrontées à un débat intense si un souverain choisissait un partenaire du même sexe.

Il y a aussi la question au cœur de toute dynastie royale, celle de la succession : comment un mariage homosexuel affecterait-il la succession ultérieure des enfants du couple royal ? « Cela n’a pas de sens d’essayer de répondre à cette question maintenant. Le droit évolue avec le temps et les mentalités. Et puis, le concept selon lequel la conception d’un héritier doit se faire de manière traditionnelle n’est pas gravé dans la pierre. Protesterions-nous si un monarque ou un héritier direct recourait dès maintenant à un traitement de fertilité pour fonder sa famille ? Non, et à juste titre. Alors si, à l’avenir, un couple de même sexe emprunte la même voie, où est le problème ? », a ponctué Mark Rutte.

 

Copyright : La famille royale des Pays-Bas – Facebook – octobre 2021