COVID-19

Débat scientifique : l’argument vaccinal n’est pas à lui seul démontré

BELGA

Avec la montée en puissance du variant Omicron et les nouvelles restrictions anti-Covid récemment entrée en vigueur un peu partout en Europe, un collectif pluridisciplinaire de scientifiques, juristes et éthiciens issus de plusieurs universités adresse une note éthique et scientifique aux différentes instances concernées du pays, en particulier le Comité Consultatif de bioéthique (CCB) et le Conseil Supérieur de la Santé (CSS). Deux ans après le début de la pandémie, ils estiment qu’il serait grand temps d’assumer les arbitrages courageux qui s’imposent à nous, surtout lorsque les principes sont soumis à l’épreuve du réel. La vaccinale intégrale pose des questions d’ordre scientifique. Nous ne pourrons pas nous en sortir avec le seul vaccin. Ils demandent d’ouvrir le débat pour que d’autres perspectives pérennes d’un retour à la vie soient offertes à la population.

Cette crise sanitaire interroge profondément la pertinence de nos modes d’approche. Ne pas le comprendre c’est différer sine die certains débats difficiles, au motif qu’ils provoqueraient des controverses politiques dans un contexte social fragilisé par des mois d’incertitudes, de contraintes, de contradictions et de deuils. L’idéologie de la vaccination intégrale, en ce compris pour les enfants, crée un apartheid sanitaire sans précédent entre différentes franges de la population, une discrimination inédite et une atteinte aux droits humains dans des pays aux régimes réputés démocratiques.
Et pourtant, telle est la nouvelle religion, celle qui s’enracine dans la peur pour se répande dans le monde : l’argumentation en faveur de l’obligation vaccinale se reproduit d’avis en avis émanant d’institutions publiques diverses. Elles soutiennent que cette option est proportionnée (la mesure correspond à la gravité de la situation) et nécessaire (on ne peut lui envisager d’alternative possible). Et peu importe la réalité des chiffres et des vagues successives, on y croit car la vaccination fait miroiter la perspective d’un « retour à la normale » par une injection tous les six mois, tel que récemment décrété à l’Europe. Des intellectuels d’univers pluriels appellent, données à l’appui, le politique à admettre que cet argument vaccinal n’est pas à lui seul démontré.

AFP

Elderly people are seen in observation after receiving a dose of the CoronaVac vaccine against COVID-19 at a vaccination center in Mexico City, on March 17, 2021. (Photo by PEDRO PARDO / AFP)

Le vaccin contre la covid-19 n’est pas inoffensif

En préambule, les auteurs de la note soulignent que la vaccination contre la covid-19 n’est pas un acte aussi inoffensif qu’une vaccination classique.
« Les quatre vaccins contre les formes de la covid actuellement sur le marché belge (deux à ARNm et deux à vecteur viral à ADN) témoignent d’une avancée biotechnologique impressionnante. Toutefois, bien que les vaccins à vecteur viral aient déjà été utilisés lors d’études sur les maladies d’Ebola et de Zika et ceux à ARNm pour certaines formes de cancer, aucune de ces deux technologies n’avait été déployée auparavant dans une large population. Il reste par ailleurs certaines questions scientifiques qui ne trouvent pas réponse dans la littérature actuelle, notamment la quantité de protéine S produite par un corps humain après vaccination (c’est-à-dire la quantité de produit actif – donnée pourtant fondamentale pour tout médicament) ou la biodistribution de cette protéine S dans le corps vu qu’elle peut circuler dans le plasma après vaccination. Ceci est important car il a été démontré que la protéine Spike, même en l’absence de virus, a des capacités inflammatoires en elle-même. Ces interrogations doivent donc être résolues par les scientifiques compétents, afin de pouvoir garantir une vue globale de l’action de ce nouveau type de vaccin. A cette fin, une injection sur un très grand nombre d’individus ne peut en aucun cas se substituer à une étude sur une longue durée, dans les règles de l’art de la pharmacovigilance active ».

Des effets secondaires sur des personnes saines

Les auteurs poursuivent : « les risques d’effets secondaires graves des médicaments actuellement sur le marché sont en général bien acceptés car, d’une part, leur survenue est extrêmement rare (innocuité excellente) et, d’autre part, les personnes qui recourent aux médicaments souffrent d’une maladie qu’elles souhaitent traiter. Elles acceptent donc le risque, très faible, d’un effet secondaire lorsque celui-ci est mis en balance avec la probabilité, extrêmement élevée, que le traitement consenti améliore effectivement leur état de santé. Dans le cas des vaccins, en ce inclus les vaccins anti-covid, la situation de départ est toute autre: la personne qui le reçoit est en bonne santé et la démonstration de l’innocuité des vaccins anti-covid actuels est loin d’équivaloir celle des vaccins traditionnels. Elle est trop faible pour envisager qu’ils puissent être imposés à tous sans exposer un nombre significatif d’individus sains à des effets secondaires graves ».

Un consentement libre et éclairé pour le vaccin

 Concernant les éventuels effets secondaires à moyen ou longs termes, en raison de leur autorisation de mise sur le marché conditionnelle, avant homologation, « aucune étude de cancérogénicité n’a pu être conduite à ce jour pour le vaccin Moderna. De même, aucune étude de génotoxicité ou de cancérogénicité n’a été menée pour les vaccins AstraZeneca, Pfizer et Johnson & Johnson. Les données sur les effets à long terme, l’interaction avec d’autres vaccins, l’utilisation pendant la grossesse/l’allaitement, l’utilisation chez les sujets immunodéprimés et chez les sujets présentant des comorbidités, des troubles auto-immuns ou inflammatoires manquent encore pour ces vaccins ».

Dans la mesure où « une obligation vaccinale avec les vaccins anti-covid actuels n’est en rien inoffensive, proportionnée, nécessaire ni suffisante », comme le prévoit la loi du 22 août 2002 relative aux droits du patient, les auteurs de la note plaident pour le respect du consentement libre et éclairé de chaque personne qui accepte de se faire vacciné et donc contre toute obligation vaccinale.

Un testing régulier pour les soignants

 Le 3 novembre dernier, le Conseil supérieur de la santé (CSS) s’est positionné en faveur d’une obligation vaccinale du personnel soignant en s’appuyant sur un avis du Comité consultatif de bioéthique émis en décembre 2020. Pour les auteurs de la note, « les vaccins anti-covid actuels protègent peu des transmissions pour en bloquer les chaînes de propagation et ils n’empêchent ainsi pas les infections même s’ils en limitent un certain temps les formes graves. Leur efficacité demeure à durée variable et imprévisible, et dépend radicalement de la stabilité temporelle de variants temporaires sur lesquels l’action des vaccins peut être effective ».

Ils soulignent encore que les formes graves de la maladie touchent essentiellement des patients à risques (âge ou comorbidités) à présent bien connus et identifiables. « le taux de létalité du Covid-19 varie dans des proportions gigantesques selon l’âge et les comorbidités, avec un taux de mortalité par infection variant de 0,002% à 10 ans jusqu’à 15% à 85 ans ». Ils soutiennent donc que « le meilleur moyen d’exercer une solidarité efficace et de protéger les patients les plus vulnérables à l’hôpital, n’est pas de vacciner tous les soignants ni toute la population, mais d’organiser, quand cela apparaît nécessaire, un testing régulier et gratuit des personnes vaccinées et non vaccinées qui travaillent ou demeurent au chevet des patients ».

Une évaluation risque/bénéfice personnalisée

 « La vaccination n’est pas une nécessité pour diverses catégories d’âge de la population, sous condition d’un bilan de santé personnalisé qui objective l’absence de risques majeurs (comorbidité) en cas de maladie. En raison de la pharmacovigilance en cours des vaccins anti-covid, il est donc indispensable de pondérer pour chaque patient, dans sa catégorie d’âge et compte tenu de son bilan de santé, sa balance bénéfice/risque qui dépend des risques respectivement causés par le Covid-19 d’une part, et par le vaccin d’autre part, après réflexion et prise d’information. Cette évaluation doit être personnalisée, et doit s’établir dans un rapport de confiance entre le patient et son médecin, aidés si nécessaire par les services de conseil et de spécialisation médicale appropriés ».

Les universitaires et scientifiques signataires de cette note éthique appellent donc le CCB et le CSS à réactualiser leurs positions et à constater que « la vaccination obligatoire des “plus forts” n’est pas une garantie de protection des “plus faibles”. Elle ne devrait donc pas être obligatoire, mais possible sur une base volontaire ».

Note ethique et scientifique co ncernant l’obligation vaccinale des soignants et de l’ensemble de la population_14dec2021 (1)

Les Signataires

David Doat (UC Lille); Benoit Bourgine (UCLouvain); Malik Bozzo-Rey (UC Lille); Vinciane Debaille (ULB); Catherine Fallon (ULiège); Denis Flandre (UCLouvain); Marc-Antoine Gavray (ULiège); Raphaël Gély (USL-B); Michel Hubert (USL-B et ULB); Boris Jidovtseff (ULiège); Raphaël Jungers (UCLouvain); Marie-Aurore Labonte (avocate); Dr Olivier Lhoest (CHC Liège); Jean-Michel Longneaux (UNamur); Sarah O’Neill (ULB);Florence Parent (ULB) ; Elisabeth Paul (ULB); Yves Poullet (UNamur) ; Bernard Rentier (ULiège); Olivier Servais (UCLouvain); Jean-Marc Sparenberg (ULB) ; Erik Van den Haute (ULB); Clément Vidal (VUB).