Police/Justice

Accord de plaidoyer de Benjamin Netanyahu : Une clause de turpitude morale est un mauvais message


Accusé de corruption, fraude et abus de pouvoir dans une série d’affaires, l’ex-Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (72 ans) discute d’une négociation de peine qui lui permettrait d’échapper à la prison. Benjamin Netanyahu est notamment accusé d’avoir reçu des cadeaux de riches personnalités et d’avoir accordé des faveurs gouvernementales à l’entreprise de télécoms Bezek en échange d’une couverture médiatique à son avantage par le site d’informations Walla, propriété de cette société. Cet accord de plaidoyer pourrait mettre un terme à sa carrière politique par une « clause de turpitude morale » et faire tomber le gouvernement, rapporte The Times of Israël.

A la télévision israélienne, sur les chaînes de radios, dans la presse écrite, comme sur les réseaux sociaux, Israël suit de près la saga du « iskat tioun », ou « plea bargain ». De quoi s’agit-il? De la  négociation de peine pour Benjamin Netanyahu, moyennant certains aveux, dans le but d’échapper à une éventuelle incarcération, mais qui mettrait également un terme à la carrière d’un homme obsédé par son image publique. Ce qui aura sans doute aussi provoqué sa perte, même si le plus pérenne des chefs de gouvernement de l’histoire du pays clame son innocence et accuse la justice d’avoir ourdi un coup d’Etat contre lui.

Une clause de turpitude morale

Boaz Ben Tzur, l’avocat de Benjamin Netanyahu, a rencontré le procureur général Avichaï Mandelblit pour définir les termes d’un accord de plaidoyer. Selon le quotidien, The Times of Israël, le procureur général cherche à ajouter une « clause de turpitude morale » qui aurait pour effet en droit israélien d’empêcher B. Netanyahu de siéger au Parlement pour les sept prochaines années.

Lors d’une conférence de presse, qui s’est tenue ce jeudi 20 janvier, le procureur général adjoint Shlomo Lamberger a déclaré qu’il serait « inconcevable » qu’un accord de plaidoyer avec le leader de l’opposition ne comprenne pas cette « clause de turpitude morale ».
De son côté, B. Netanyahou a pour l’heure minimisé les rumeurs selon lesquelles il avait décidé de signer l’accord. « Il n’y a rien à mettre à jour. S’il y a quelque chose à annoncer, je le ferai », a-t-il déclaré aux députés de son parti, le Likoud. Le porte-parole de l’ex-Premier ministre a quant à lui publié une déclaration citant ses avocats et affirmant qu’ « il n’a pas encore annoncé qu’il acceptait la turpitude morale ».

La coalition tient à un seul député

Selon un sondage réalisé par la chaîne publique Kan, une majorité d’Israéliens (52%) s’opposent à un tel accord. Cet accord pourrait rebattre les cartes politiques en Israël et favoriser le retour au pouvoir d’un gouvernement de droite, pronostiquent analystes et commentateurs.
La coalition (droite, gauche, centre, arabe), dirigée par le premier ministre Naftali Bennett et le chef de la diplomatie Yaïr Lapid, a été formée pour une seule et unique raison : empêcher  Netanyahu de rester premier ministre.

Pour l’heure, elle compte sur le soutien de 61 députés, le seuil même de la majorité au Parlement. Le gouvernement tient de facto à un député. Il lui sera donc difficile de survivre si B. Netanyahu quitte la vie politique. « Les scénarios seront pluriels dans cette hypothèse. Mais en regroupant l’ensemble des députés de droite, dont ceux du Likoud et des formations religieuses actuellement dans l’opposition, la droite pourrait former le gouvernement avec environ 65 sièges et revenir au pouvoir », a déclaré par voie de presse, Gideon Rahat, professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem.

L’arrangement est un mauvais message

Le procureur-général Avichai Mandelblit en charge du dossier quitte son poste à la fin du mois de janvier. Cet arrangement judiciaire aurait délibérément débuté à la demande de Netanyahu et de ses avocats à la dernière minute, avant le départ du procureur et avant le prochain témoignage au procès de Shlomo Filber, témoin de l’accusation.
« Du point de vue de Netanyahu, l’intérêt est évidemment formidable. Mais pour l’intérêt général, c’est honteux. Un arrangement judiciaire transmettrait un très mauvais message aux politiciens. Tous les politiciens les plus en vue sauront que s’ils sont accusés d’un crime, plus ils s’en prendront au système judiciaire ou aux médias et mieux ils s’en sortiront. C’est un message terrible », a déploré, dans les colonnes du The Times of Israël, l’’ancien procureur de l’État Eran Shendar.

 

Copyright : Le procureur général adjoint Shlomo Lamberger (à droite) s’exprime lors d’une conférence organisée par l’Association du barreau israélien, le 20 janvier 2022. – Capture d’écran Ynet


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