EXPOSITION

« Les hiéroglyphes avant Champollion» se dévoilent au Grand Curtius de Liège


Née grâce à une initiative du Pr Jean Winand, Premier Vice-Recteur de l’Université de Liège, Président du Pôle muséal et culturel ULiège, et  à l’occasion du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion, l’exposition « Les hiéroglyphes avant Champollion» qui s’ouvre à au Grand Curtius de Liège, ce 5 mars et jusqu’au 22 mai  vaut tous les détours pour qui s’intéresse aux écritures anciennes et à l’histoire égyptienne. Mise en boite par le service d’Egyptologie de l’Université de Liège et le Pôle muséal et culturel de l’ULiège. Remontez le temps, et découvrez  aussi une sélection de pièces et d’ouvrages anciens , conservés pour l’essentiel dans les fonds patrimoniaux de la Bibliothèque de l’Université de Liège ainsi que quelques volumes essentiels, prêtés par la Bibliothèque royale de Belgique (KBR).

Dans le cadre du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion, le service d’égyptologie de l’Université de Liège, en collaboration avec le Musée Curtius de la Ville de Liège, a monté une exposition sur la réception de l’écriture hiéroglyphique en Europe, depuis l’Antiquité jusqu’au déchiffrement, en 1822. L’exposition met en valeur les éditions anciennes conservées pour l’essentiel aux fonds patrimoniaux de la bibliothèque de l’Université de Liège. Des objets venus en prêt du Musée Curtius, du Musée de la Boverie, du Cabinet des Estampes de la Ville de Liège, du Musée royal de Mariemont et de la Bibliothèque royale de Belgique complètent le catalogue.

Le catalogue de l’exposition est introduit par une série de chapitres, arrangés chronologiquement, qui remettent en perspective la place de l’écriture hiéroglyphique et de l’Égypte ancienne dans l’histoire des idées au cours de l’Antiquité classique, du Moyen Âge, de la Renaissance, de l’Époque baroque et du Siècle des Lumières. Rédigés par des spécialistes, ces chapitres font du catalogue un ouvrage de référence sans grand parallèle dans l’édition scientifique.

Bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes

Le 27 septembre 1822, Jean-François Champollion (1790 – 1832) envoie à Joseph Bon Dacier, secrétaire de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, sa célèbre lettre dans laquelle il expose les principes généraux de l’écriture hiéroglyphique qu’il venait de découvrir grâce à la Pierre de Rosette. Cette date marque la naissance symbolique de l’égyptologie, science de tout ce qui a trait à l’Ancienne Egypte.
C’est le bicentenaire de cette découverte que le service d’Egyptologie de l’Université de Liège et le Pôle muséal et culturel de l’Université de Liège, en partenariat avec le Grand Curtius vous proposent de célébrer. Ces institutions vous invitent à visiter une exposition qui s’intéresse à une période méconnue de l’égyptologie : l’avant Champollion.

Comment était perçu les hiéroglyphes quand leur traduction était impossible ? Quelles sont les premières méthodes utilisées par les érudits pour tenter de les déchiffrer ? Voici quelques unes des questions que veut aborder l’exposition qui débute ce week-end.


Léon Cogniet, Portrait de Jean-François Champollion, 1831, Musée du Louvre

Une écriture mystérieuse

Durant plus d’un millénaire, l’écriture des pharaons est demeurée une énigme pour le monde occidental. Une incompréhension accentuée par la place tronquée que les historiens de l’époque attribuait à la civilisation égyptienne : l’histoire de l’humanité était pensée en Occident en se basant sur la Bible comme clef de voûte. Où placer dans ce récit cette mystérieuse ancienne civilisation du nord de l’Afrique ?
Sa position au sein de cette histoire fluctuera en fonction des interprétations des époques.
Après un Moyen Âge, où l’Egypte ancienne n’apparaît qu’au travers d’un voile brumeux, ce sont les humanistes de la Renaissance qui vont vraiment se lancer dans l’étude des mystérieux signes. Une étude qui ne fut pas de tout repos. Ils ne pouvaient se baser que sur deux types de sources et de témoignages : les sources matérielles, excessivement réduites à l’époque, et les voyages en Égypte encore peu fréquents.

L’exposition présentée dès ce week-end au Grand Curtius rassemble une sélection d’ouvrages anciens (principalement des 15e, 16e, 17e et 18e
siècles), conservés pour l’essentiel dans les fonds patrimoniaux de la Bibliothèque de l’Université de Liège ainsi que quelques volumes essentiels, prêtés par la Bibliothèque royale de Belgique (KBR).
Plusieurs objets issus des collections des Musées de la Ville de Liège, du Musée Royal de Mariemont et de la Fondation Roi Baudouin, comme des antiquités égyptiennes, des monnaies, des médailles, des tableaux et des esquisses, complètent le parcours chronologique et accompagnent les ouvrages. Autant de témoins des différents courants d’interprétation de l’écriture égyptienne au fil des
siècles.

En collaboration avec les professeurs Pierre Hallot (Unité de recherche Art Archéologie Patrimoine) et Michaël Schyns (HEC-Liège), des expériences utilisant les techniques de réalité augmentée et virtuelle clôturent le parcours chronologique. Le visiteur pourra ainsi voir une reproduction 3D du monument funéraire d’Hubert Mielemans, édifié vers 1560 dans l’église Sainte Croix, et une mise en scène de l’obélisque du Latran, depuis son emplacement originel au temple de Karnak jusqu’à sa situation actuelle à Rome. Un mapping laser sur la stèle d’Ankhou des collections du Musée Curtius permettra au visiteur de comprendre l’organisation du décor et la disposition des inscriptions. L’exposition Les hiéroglyphes avant Champollion est menée en partenariat par les Musées de la Ville de Liège, le service d’égyptologie de l’Université de Liège, le Pôle muséal et culturel de l’Université de Liège.

Un alphabet considéré (à tort) comme universel

En travaillant sur les textes à leur disposition, les scientifiques développèrent une conception déformée de cet alphabet. L’aspect symbolique fut mis en avant et occulta l’aspect linguistique du système hiéroglyphique. Il en résultat l’image d’une écriture symbolique, sans attache avec une langue quelconque. On pensait alors qu’elle avait une portée universelle.
Les érudits de la Renaissance développèrent également l’idée que les Égyptiens avaient conçu une écriture spéciale pour fixer les enseignements les plus élevés et secrets de leur théologie. On pensait que les symboles gravés dans la pierre portaient des traces importantes de révélations divine.

L’étude se poursuivit alors sur de nombreux siècles : de la Renaissance à l’époque Baroque, en passant par le Siècle des Lumières. Ce n’est finalement qu’au cours de la campagne de Bonaparte en Egypte que la Pierre de Rosette fut découverte.
Cette pierre était gravée d’un texte en trois versions : une version hiéroglyphique en égyptien dit de tradition, une version en langue et en écriture démotiques, et une version en grec. C’est à partir de copie de ces textes que Champollion aboutira à sa découverte. Il décrira les hiéroglyphes comme : «…une écriture tout à la fois figurative, symbolique et phonétique, dans un même texte, une même phrase, je dirai presque dans un même mot.»

Favoriser la collaboration entre les musées et les collections

En 2021, la Ville de Liège et l’Université de Liège avaient conclu une convention-cadre visant à structurer et à développer les collaborations entre les musées et les collections muséales qu’elles gèrent respectivement. Après une première collaboration réussie, l’exposition «Autour de Raphaël » qui avait déjà eu lieu au Grand Curtius en octobre 2021, c’est au tour de l’Egypte d’investir les lieux.

L’exposition est consacrée aux tentatives d’interprétation et de fonctionnement des hiéroglyphes jusqu’à leur déchiffrement en 1822. Elle met en scène ces tentatives au sein d’un parcours chronologique dont l’amplitude va de l’Antiquité classique jusqu’à la campagne d’Egypte menée par Bonaparte et la célèbre découverte de la Pierre de Rosette. Elle démarre ce 4 mars. L’entrée est gratuite.

Dans le cadre de cette exposition rare, un programme riche d’animations diverses est également proposé : conférences, visites guidées, stages pour les jeunes, ateliers créatifs… Vous n’avez aucune excuse pour ne pas marcher dans les pas des érudits qui se sont penchés sur la traduction des hiéroglyphes afin de en fournir tous les secrets, tous les sens et nous conter une histoire, celle de l’Egypte ancienne, berceau de notre humanité.

 

Maxime KLASSEN (st)

Photo:  Esquisse soignée des éléments sacrés utilisées par les Égyptiens, Francfort, 1608, Uliège Library

Plus d’info sur : https://www.grandcurtius.be