Tuerie au carnaval de La Louvière : enquêteurs et juge d’instruction cherchent des réponses

Journaliste – Rédacteur en chef.
Le Premier ministre, Alexander De Croo, et le roi Philippe saluant dimanche les service secours qui sont intervenus lors du drame au carnaval de La Louvière. BELGA Le procureur du Roi de Mons, Christian Henry, a indiqué dimanche après-midi que les enquêteurs et la juge d’instruction ne comprennent pas encore ce qui s’est passé dimanche à 5h du matin quand une BMW noire, série 5, a foncé sur le cortège de carnaval dans la rue des Canadiens. L’enquête ne fait que débuter et nous irons le plus loin possible pour éclaircir ce drame, dit-il en substance. La piste terroriste est bien écartée, Paolo et son cousin Nino F. sont, pour l’instant, prévenus de meurtre. Sur place, les témoignages sont glaçants et chargés d’émotion. Carine Pisan et Bruno Meunier ne sont pas près d’oublier les événements de dimanche à l’aube et dont ils étaient des témoins directs.
Dimanche après-midi, plusieurs heures après le drame qui s’est joué à 5h du matin, sur la rue des Canadiens à Strépy-Bracquegnies, les habitants de la commune de La Louvière ont encore du mal à réaliser ce qui s’est passé. A 16h, le roi Philippe et la princesse Elisabeth, accompagnés du Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), du ministre-Président wallon, Elio Di Ripo (PS) ; de la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V) ; du secrétaire Thomas Dermine (PS) et de la ministre wallon de la Santé, Christie Morreale (PS), sont venus apporter leur soutien aux victimes et à leurs familles. Les échanges ont eu lieu dans la salle omnisports de la Louvière, rue Saint-Julien, perpendiculaire à al rue Saint-Julien où a lieu le drame. Ils ont rencontré notamment les équipes de secours et échangé avec quelques témoins. « Aujourd’hui devait être un jour de fête, un jour de de folklore, mais il s’est transformé en un jour de deuil profond », a indiqué Alexander De Croo, à l’issue de la visite.
Des témoins marqués
Dehors, beaucoup de Louviérois sont amassés derrière le périmètre de sécurité dressé autour du hall omnisport. Parmi eux, Carine Pisan qui a participé à l’habillage des Gilles avant le démarrage du cortège. Elle a été témoin du drame. « C’est un carnage. Le cortège venait de tourner dans la rue des Canadiens quand soudain la voiture a déboulé à vive allure fauchant beaucoup de personnes. Elle ne s’est même pas arrêtée. J’ai essayé de porter secours à une dame, mais quand j’ai senti son pouls, il ne battait plus. Il y avait des corps partout », raconte Carine, se tournant de temps en temps vers une amie comme pour demander son soutien. Elle a déjà bénéficié d’un soutien psychologique, mais demeure marquée par le drame. « Je comprends mieux maintenant ce que les victimes d’attentats ont ressenti. Je revois encore les images de la scène. C’est douloureux », poursuit-elle, la voix étouffée par l’émotion.
J’ai essayé de porter secours à une dame, mais quand j’ai senti son pouls, il ne battait plus.
A ses côtés, Bruno Meunier a également assisté au drame. « Je suis persuadé que c’est un acte délibéré. Le conducteur de la voiture a mis un coup de gaz et a foncé dans la foule. On se demande aujourd’hui pourquoi il a agi de cette façon. Le bruit des corps fauchés donnait l’impression de pétards en train d’exploser, mais malheureusement, ce sont des vies qui étaient détruites », renchérit le père de famille.
Prévention de meurtre à charge du conducteur et son passager
Dans la foule regroupée de part et d’autre du périmètre de sécurité, c’est l’incompréhension qui domine les conversations. Et les autorités judiciaires ne sont pas plus avancées que la population dans l’explication du drame. « L’enquête ne fait que débuter. Les auditions ont eu lieu pour entendre la version des faits des deux occupants de la voiture, une BMW noire, série 5. On confrontera leurs versions aux éléments de bord de la voiture pour savoir pourquoi le conducteur n’a pas freiné. La juge d’instruction et les enquêteurs ne comprennent pas. On a retenu, pour l’instant, la prévention de meurtre, car foncer pendant autant de temps, avec une telle vitesse, dans une foule démontre une intention d’homicide. On verra ce que l’enquête dira et s’il y a lieu de requalifier les faits en homicide involontaire. Mais nous irons le plus loin possible », a indiqué, dimanche après-midi, le procureur du Roi de Mons, Christian Henry.
On a retenu, pour l’instant, la prévention de meurtre, car foncer pendant autant de temps, avec une telle vitesse, dans une foule démontre une intention d’homicide.
Conduite sous influence de l’alcool
D’après lui, les deux occupants revenaient d’un dancing et venait de déposer une personne chez elle avant de foncer dans la foule de carnavaliers (entre 150 et 200 participants au cortège). Christian Henry indique que les analyses ont démontré que les deux occupants du véhicule ont consommé de l’alcool. Il s’agit de Paolo et son cousin Nino F, originaires de La Louvière, âgés de 32 ans et de 34 ans. Des perquisitions ont été menées chez les deux occupants de la BMW série 5, mais à ce stade, la piste terroriste reste écartée. D’après les témoins, il y avait bien quelques agents habillés de gilets fluorescents devant le cortège, mais pas à l’arrière. Une voiture de signalisation aurait été également prévue à l’arrière, mais les témoins ne se souviennent pas de sa présence.
En attendant que la justice fasse toute la lumière sur le drame, le procureur du Roi de Mons a annoncé dimanche qu’une 7ème personne a malheureusement succombé à ses blessures. Le drame a également fait 10 blessés graves et 27 blessés légers. On devrait en savoir un peu plus sur les circonstances et l’état des victimes ce lundi.
