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Géolocalisation entre proches : applications utiles et dangers potentiels


Quoi de plus normal que de vouloir protéger ses proches ? Quoi de plus amusant que d’organiser une soirée improvisée avec vos amis ? Depuis plusieurs années, des applications mêlant géolocalisation, sécurité familiale ou encore réseaux sociaux, se développent à travers le monde. Certaines ont été pensées pour connaître la localisation votre enfant et d’autres indiquent la présence de vos amis autour de votre propre position géolocalisée. Petit tour d’horizon de ces outils de géolocalisation entre proches dont on ne peut (presque) plus se passer.

Avec l’arrivée des smartphones dans nos poches, la géolocalisation est devenue pour nous un outil naturel. Il est loin le temps des vieux GPS que l’on accrochait dans la voiture pour aller en vacances. Désormais, c’est notre téléphone qui nous indique le chemin à suivre pour nous rendre sur notre lieu de villégiature préféré.

Cette technologie de géolocalisation a donné des idées à plusieurs start-ups à travers le monde qui se sont lancées dans le développement d’applications l’utilisant. Les applications sont diverses : retrouver sa voiture, indiquer la localisation de son téléphone en cas de vol, localisez les célibataires autour de vous afin de dénicher l’âme sœur…

Protéger ses proches avec la géolocalisation

Parmi ces applications certaines visent un public assez spécifique : les familles ou encore les amis qui ne veulent pas se perdre de vue. Ils sont des millions à travers le monde à utiliser ces applis comme Zenly, Life360 ou encore Find My Kid pour connaitre en permanence la position géographique de leurs êtres chers.

Pour ce type d’application, il existe deux modèles principaux : celles destinées à protéger votre famille et plus particulièrement vos enfants, et celles qui mélangent la géolocalisation et les réseaux sociaux.

Life360 compte 33 millions d’utilisateurs, est un des plus gros pourvoyeurs de données de localisation pour les « data brokers »

Garder un œil sur ses enfants

Les parents peuvent parfois être angoissés à l’idée de laisser leur progéniture gambader sans surveillance ou encore se rendre à l’école sans eux. C’est pourquoi certains parents utilisent ces applications comme Life360 pour connaître la localisation de leur descendance en temps réel.

L’application se présente comme l’application leader en matière de sécurité familiale et propose plusieurs services : des notifications peuvent également être envoyées à votre GSM pour savoir quand les membres de votre famille quittent un endroit ou arrivent dans un lieu. Une liste de tâches peut être décidée et partagée entre vous. Lorsque l’un des membres de la famille se trouve proche d’une zone liée à l’une de ces tâches, son GSM vibrera pour lui rappeler de l’effectuer.

Une autre fonctionnalité populaire est le « panic button » : si une personne de votre groupe se sent en danger ou se sent mal, il lui suffit d’appuyer sur une touche pour que les autres soient mis au courant.

Une carte et un réseau social

D’autres applications comme Zenly, une start-up française rachetée par le réseau social Snapchat en 2017, vous propose une expérience plus fun et est plus proche d’un réseau social.

Sur une carte chatoyante, vous pouvez partager votre position avec vos amis. A l’inverse, vous voyez la localisation de vos amis sur la carte. Différentes informations sont indiquées comme la vitesse de déplacement d’une personne, la batterie restant de leur smartphone ou encore s’ils sont plusieurs à se trouver au même endroit. Vous pouvez communiquer avec eux en leur envoyant des messages via le chat intégré à l’application.

Si vous voyez que vos connaissances sont rassemblées à un endroit proche de votre localisation, il vous suffit de cliquer sur l’icône de l’un d’entre eux pour que Zenly vous propose le trajet le plus court pour les rejoindre. L’application garde également vos trajets précédents et ceux des membres de votre groupe en mémoire. Si une promenade vous a particulièrement plu, rien ne vous empêche de retrouver le trajet exact sur Zenly.

Copyright-Zenly

Une industrie qui se base sur la vente de données

Il y a un adage bien connu sur le web : « Si c’est gratuit, c’est toi le produit ». Une affirmation qui se vérifie quand on regarde de plus près les moyens par lesquels sont financées certaines de ces applications.

Life360, qui compte 33 millions d’utilisateurs, est un des plus gros pourvoyeurs de données de localisation pour les « data brokers », des « courtiers de données » qui revendent les informations fournies par Life360 au plus offrants.

« Nous voyons les données comme une part importante de notre activité », explique Chris Hulls, fondateur et CEO de l’entreprise. « Cela nous permet de proposer des services gratuits à la majorité de nos utilisateurs, notamment des fonctions qui améliorent la sécurité sur la route et qui sauvent de nombreuses vies ».

En 2016, Life360 engrangeait annuellement 693 000 de dollars grâce à la vente de données. Quatre ans plus tard, la somme est passée à 16 millions de dollars, soit 20 % de son chiffre d’affaires annuel.

Une intrusion dans la vie privée ?

« Le danger, avec des applications telles que celles-là, est que l’application soit installée et/ou configurée sur le téléphone sans que la personne ne soit au courant. On pourrait imaginer quelqu’un qui installerait l’application sur le téléphone de sa partenaire. Le couple se dispute et se quitte. Et il serait possible à la personne qui a installé l’application de continuer à avoir la localisation de son ex-partenaire », explique Laurent Mathy, professeur en systèmes informatiques répartis et sécurité à l’Université de Liège.

Ces types de comportement sont rassemblés sous l’appellation de cyberviolences conjugales : un petit ami qui lit vos messages sans votre consentement, l’utilisation de certaines technologies pour surveiller sa partenaire ou bien encore du harcèlement par SMS.
Un rapport publié en 2018 par le centre spécialisé Hubertine Auclert estimait que 9 femmes victimes de violences conjugales sur 10 subissaient également au moins une forme de cyberviolence conjugale.

La « cyberviolence conjugale »

« Pour se protéger face à ce genre d’intrusions, il faut vérifier à quoi les applications ont accès. Sur votre téléphone, il est possible de modifier l’autorisation de l’application pour qu’elle n’ait plus accés à vos données GPS. Il faut explicitement dire au téléphone d’arrêter de transmettre des données à une application ou bien encore à Google », ajoute l’expert en cybersécurité.

S’il est compréhensible de vouloir protéger sa famille et de rester en contact avec ses amis, il faut également que le consommateur soit conscient des utilisations détournées de certaines de ces applications. La savoir, c’est le pouvoir comme diraient certains.

 

Maxime KLASSEN (st)