SOCIETE

Une journée dans la vie d’Odile, étudiante en situation de précarité


Rencontre cette semaine avec Odile, 20 ans et étudiante à l’ULiège en Philosophie. Comme plus de 70.000 étudiants en Belgique, cette jeune femme se trouve dans une situation de précarité. En novembre 2021, une délégation de 200 jeunes menées par la Fédération des Étudiants Francophones (FEF) s’était rendue au siège du gouvernement pour manifester contre l’ « absence de mesures politiques structurelles de lutte contre la précarité croissante des étudiants ». Qu’est-ce que la précarité étudiante et que représente cette catégorie de la population étudiante en Belgique ? Cet article se lit en parallèle de la vidéo qui vous présente le témoignage d’Odile. Il se veut être un complément d’information.

La précarité estudiantine est une notion complexe à définir. Est-on en situation de précarité à partir d’un certain seuil ? Ou dès que certains droits fondamentaux,  comme l’accès à une vie sociale et culturelle, sont mis en danger ?

36 % des étudiants feraient face régulièrement à des problèmes financiers

C’est quoi la précarité estudiantine ?

Selon Inforjeunes, association d’informations à destination de la jeunesse, la précarité estudiantine désigne une situation dans laquelle un jeune, en insécurité financière à cause des coûts liés directement ou indirectement à ses études, n’a plus les moyens de jouir pleinement de ses droits fondamentaux (droit à l’alimentation, droit à la santé, droit à une vie sociale et culturelle, droit à l’accès numérique…).

L’organisme caractérise cette situation comme provisoire et pouvant mener à une amélioration des conditions de vie de l’étudiant ou à l’aggravation de la situation. Malgré l’intervention d’aide sociale, certains étudiants peuvent être obligés de faire l’impasse sur un ou plusieurs éléments constitutifs de sa vie d’étudiant : un repas, un soin de santé, une activité… Travailler dans de telles conditions peut être difficile pour ces étudiants et réduit leurs chances de réussite par rapport aux étudiants qui n’y sont pas soumis.

60 000 jeunes seraient en situation de précarité

Combien de jeunes en situation de précarité en Belgique ?

Selon une étude commandée en 2019 par le cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur sur les conditions de vie des étudiants de l’enseignement supérieur, on estime qu’en moyenne, 36 % des étudiants feraient face régulièrement à des problèmes financiers et bénéficieraient d’un ou plusieurs dispositifs d’aide sociale.
Selon les chiffres de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ils seraient un peu plus de 200 000 a arpenté les bâtiments scolaires de l’enseignement supérieur. Parmi cette population étudiante, un peu plus de 60 000 seraient en situation de précarité.

L’enquête estime également que 40 % des étudiants seraient, quant à eux, en situation de précarité subjective. Ces jeunes déclarent ainsi avoir déjà dû renoncer à un repas ou un soin de santé pour payer leurs études; ces étudiants n’ont pas recours aux aides sociales. Ceux ayant besoin d’un job étudiant pour être capable de payer leurs études tombent également dans cette catégorie.

Combien coûte une les études supérieures ?

Selon cette enquête, pour une année d’étude dans le supérieur, l’étudiant qui vit en kot devra débourser 10 000 euros (4 500 euros de logement et 2800 euros d’alimentation). La note est moins salée pour un étudiant navetteur qui vit encore chez ses parents soit 4 000 euros. Cette somme couvre dans un premier temps les coûts directs d’un cursus dans le supérieur (dont le minerval), mais aussi les frais indirects générés par la vie étudiante : transport, alimentation, sorties….

Des aides existent pour soutenir les étudiants et leur permettre de sortir de ces situations. D’après la Fédération Wallonie-Bruxelles, en 2020, près de 99 000 étudiants ont perçu une allocation d’études, enseignement secondaire et supérieur confondus.
L’administration traite en moyenne 65 000 demandes de bourses pour le supérieur. Ce sont ainsi 30 % de demandeurs qui se voient refuser l’octroi d’une bourse. C’est le cas d’Odile qui s’est vu refuser sa bourse, car ses parents sont propriétaires de leur habitation.

Maxime KLASSEN (st)