Sidérurgie : mis en liquidation, Liberty Steel Liège-Dudelange pourrait faire appel

Journaliste – Rédacteur en chef.
Liège est aujourd'hui une succursale de Galati, mais cette dernière filiale du groupe a aujourd'hui des problèmes de trésorerie. Le redémarrage des outils de Dudelange a du plomb dans l'aile. D.R. Le tribunal de l’entreprise de Liège a prononcé mercredi matin la liquidation de Liberty Steel, rejoignant ainsi les demandes des travailleurs, soutenus par la Sogepa, bras financier de la Région wallonne. Du côté, syndical, c’est plutôt un soulagement. « Cette une décision qui était attendue par mes travailleurs. Elle va permettre de trouver un opérateur fiable en collaboration avec la Région wallonne afin de relancer les activités de façon pérenne », nous a confié Jordan Atanasov, patron de la CSC-Metea Liège-Huy-Waremme. Selon nos informations, Liberty Steel envisagerait de faire appel. Trois liquidateurs ont été désignés.
La décision intervient après des mois de tergiversations et d’engagements non tenus par Liberty Steel. Le groupe sidérurgique est en difficulté depuis la faillite de son bailleur de fonds, Greensill. L’entreprise est passée par une Procédure de réorganisation judiciaire qui a été prolongée deux fois, avec des engagements de renflouement par la maison-mère. Mais ceux-ci n’ont jamais été respectés. « On n’est jamais satisfaits d’arriver à une telle décision, on a laissé sa chance à Liberty Steel pendant des mois, mais ça a toujours été de mal en pis. Nous sommes satisfaits d’être sortis des griffes du groupe. Nous allons maintenant faire le point avec la Région wallonne et la Sogepa pour organiser la suite. On espère que le collège des liquidateurs va revenir vers nous. Nous verrons qui va se mettre sur les rangs pour reprendre les activités », renchérit Francis Lamberg, secrétaire permanent du Setca-Liège, en charge notamment de la sidérurgie. Dans le cadre de la décision, trois avocats liquidateurs ont été désignés.
Elle va permettre de trouver un opérateur fiable en collaboration avec la Région wallonne afin de relancer les activités de façon pérenne.
Liberty Steel représente plus de 700 travailleurs en région liégeoise. Le sort des installations liégeoises est aussi lié à celui des Luxembourgeois de Dudelange. Il est aussi propriétaire d’un site de production à Dudelange (Grand-Duché de Luxembourg) dont le sort est lié à celui de Liège. Le ministère de l’Économie ainsi que les syndicats LCGB et OGB-L ont pris acte qu’en Belgique le procureur du Roi vient de demander la révocation du plan de réorganisation judiciaire de Liberty Steel pour les usines de Tilleur et de Flémalle. Il appartient désormais au tribunal de l’entreprise de Liège de se prononcer au sujet de cette demande de révocation du plan de réorganisation judiciaire et donc, à terme, sur la dissolution des entités belges du groupe Liberty Steel qu’elle pourrait entraîner », ont indiqué, il y a quelques jours, le ministère de l’Economie luxembourgeois et deux syndicats (LCGB, OGBL). Concernant Dudelange, ils soutiennent qu’ils feront le nécessaire pour maintenir et préserver l’emploi, en envisageant toutes les options possibles, « y compris la reprise par un autre acteur industriel ».
Les syndicats redoutent que les dirigeants de Liberty Steel initient tous les recours possibles pour contester la décision du tribunal de l’entreprise prise ce mercredi 13 avril. Car le groupe a tout fait pour éviter la liquidation de ses activités.
C’est en juillet 2019 que le premier producteur mondial de l’acier, ArcelorMittal, a cédé plusieurs de ses outils sidérurgiques à Liberty Steel. C’était la condition imposée par la Commission européenne pour valider le rachat par ArcelorMittal du groupe italien Ilva. Outre les sites liégeois et luxembourgeois, Liberty House ava House avait repris aussi d’autres sites d’ArcelorMittal notamment Galati (Roumanie), Ostrava (République tchèque), Skopje (Macédoine), Piombino (Italie). La transaction s’élevait à environ 740 millions d’euros. Pour Liège, d’autres candidats étaient sur la liste pour reprendre les sites : l’allemand Salzgitter et le russe NLMK (déjà présent en Belgique). Les travailleurs qui étaient surpris par le choix de Liberty Steel à l’époque se disent aujourd’hui qu’ils avaient raison de se méfier de l’industriel indien. A Liège, Liberty Steel exploite des activités du fer blanc (ex-Ferblatil à Tilleur), mais aussi deux lignes de galvanisation (4 et 5).
Amertume et soulagement des travailleurs
En entrant dans le giron de Liberty House n 2019, « Liberty Liège-Dudelange » bénéficiait également de l’appartenance de Liberty à GFG Alliance, Gupta Family Group Alliance, un groupe international d’entreprises associées à l’homme d’affaires Sanjeev Gupta, les sociétés de l’alliance sont impliquées dans les mines, l’industrie et le commerce. Il y a un an, en février 2020, le groupe sidérurgique GFG Alliance annonçait investir 100 millions d’euros au sein du cluster Liberty Liège-Dudelange pour le transformer en l’un des plus importants fournisseurs européens d’acier revêtu. Cet apport visait alors à améliorer les performances opérationnelles des différents sites et augmenter la qualité des produits. Le chiffre d’affaires de GFG Alliance dépasse les 20 milliards de dollars et emploie environ 30 000 personnes. Mais la faillite de Greensill a douché les ambitions de Sanjeev Gupta.
Aujourd’hui, l’expérience est loin d’être concluante. Les travailleurs sont partagés entre amertume et soulagement. Ils rappellent que depuis que Liberty Steel a repris les outils d’ArcelorMittal à Liège, aucune évolution positive n’a été constatée. Au contraire, ils n’ont connu qu’une dégradation continue de la situation. Le fondateur du groupe, Sanjeev Gupta promettait, en février 2020, des investissements de 100 millions d’euros pour moderniser les outils à Liège et à Dudelange, mais les travailleurs n’en ont jamais vu la couleur. La procédure de réorganisation judiciaire (PRJ) n’ont rien donné.
