Société

Europe Free Assange Wave : extrader Julian Assange, c’est tuer le journalisme


Dans une lettre adressée vendredi à la ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, plusieurs organisations de défense de la liberté de la presse appellent Londres à refuser de remettre Julian Assange aux autorités américaines. S’il est extradé, aucun journaliste au monde ne sera à l’abri d’un emprisonnement à vie aux États-Unis pour avoir dénoncer des irrégularités. Le rassemblement-concert EU Free Assange Rally, qui aura lieu ce 23 avril 2022 à 14h sur la place de la Monnaie à Bruxelles, est l’événement le plus important de l’année pour aider à libérer le lanceur d’alerte australien, fondateur de WikiLeak, et faire comprendre que les journalistes qui dévoilent un danger, un risque ou un scandale portant gravement atteinte à l’intérêt général ne sont pas des criminels. 

Le cybermilitant est réclamé par la justice américaine qui veut le juger pour la diffusion en ligne, à partir de 2010, de plus de 700.000 documents classifiés relatifs aux activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan, des documents que lui avait livré un lanceur d’alerte et dont la véracité a, depuis, été démontrée. Et pourtant, les publications ont entraîné une véritable chasse à l’homme organisée par le gouvernement américain et ses services de renseignement. Il encourt 175 ans de prison en violation de la loi américaine sur l’espionnage. Il a été arrêté le 11 avril 2019, après avoir passé plus de sept ans, réfugié dans l’ambassade d’Équateur à Londres (Rétroactes du dossier de Julian Assange).

Les signataires de cette lettre, soit 19 organisations – dont Reporters sans frontières, les fédérations européenne et internationale des journalistes, ainsi que plusieurs PEN clubs – exhortent la ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, à « agir dans l’intérêt de la liberté de la presse en refusant l’extradition du lanceur d’alerte. Elles demandent sa « libération immédiate » de la prison de Belmarsh, dans l’arrière-pays du sud-est de Londres où il est détenu. Son état de santé physique et mental est très préoccupant. Cette prison de haute sécurité est considérée comme le « Guantanamo de la Grande-Bretagne » pour ses conditions extrêmes de détention.

Un coup grave pour le journalisme

« Le problème à ce stade devient conceptuel. Assange n’est pas poursuivi comme lanceur d’alerte, mais comme journaliste ! Et ce serait un coup grave pour le journalisme et la liberté d’informer s’il devait être condamné. Au-delà de lui, c’est le sort et le statut de tous les journalistes qui ne sont pas américains qui en dépendent, car la Constitution américaine ne permet pas la poursuite de journalistes américains qui seraient dans les mêmes conditions. Cela créerait partant un précédent avec des disparités et conséquences légales importantes », affirme Kristinn Hrafnsson, le rédacteur en chef de Wikileaks.

Crédit: EU Free Assange

C’est également la position que soutient également Marc Molitor, journaliste membre actif de son comité de soutien et l’un des meilleurs spécialistes belges du dossier Assange. « Tout cela alors qu’il a simplement informé, divulgué, révélé, comme de nombreux journalistes le font partout dans le monde. Il est dans la situation d’une sorte de détention préventive, en attente d’une décision, mais dans des conditions épouvantables que rien ne justifie. Il pourrait très bien être assigné à résidence, en liberté conditionnelle ». Et de poursuivre : « Cette procédure judiciaire en cours au Royaume-Uni dure depuis trois ans et pourrait encore durer six mois à un an. Elle semble assez systématiquement prolongée, organisée et orientée au désavantage de Julian Assange. Les magistrats impliqués ont, en outre, des connivences choquantes, caractéristiques de conflits d’intérêt, avec des personnalités politiques hostiles à Assange, au Royaume Uni comme aux Etats-Unis. Les puissances qui s’acharnent sur lui ne veulent visiblement rien laisser au hasard. Cette situation vise évidemment à dissuader tous ceux qui voudraient suivre son exemple, journaliste ou lanceurs d’alerte, où qu’ils soient dans le monde ».

Crédit: Comité Free Assange Belgium sur Facebook.

Pour la liberté d’informer

C’est donc clairement la liberté d’informer et celle de nous tous d’être informés, qui est en jeu dans cette affaire. Un rassemblement-concert, organisé par le collectif EU Free Assange Rally, aura lieu ce samedi 23 avril au centre de la Place de la Monnaie, à partir de 14 heures. Il est organisé par l’organisation militante, Free Assange Wave, et est soutenu par des organisations majeures telles que Don’t Extradite Assange, Reporters Sans Frontières, Amnesty International et la Fédération Internationale des Journalistes.

Des orateurs de renom, dont Stella Moris, l’épouse de Julian Assange, le député britannique, Jeremy Corbyn, la journaliste d’investigation Stefania Maurizi et l’ancien ministre islandais de la Justice et des Droits de l’Homme, Ögmundur Jónasson, prendront la parole pour « dénoncer un silence lâche qui pèse sur ce qui arrive à Assange qui n’est rien de moins qu’une trahison des valeurs sur lesquelles l’Europe moderne s’est construite et qui inspirent les Constitutions démocratiques occidentales ». 

Après un flashmob #BringYourChair, plusieurs concerts gratuits seront proposés aux manifestants. Dans la soirée, il sera possible de visionner, au Cinéma Vendôme, le film de Clara Lopez Rubio et Juan Pancorbo, Hacking Justice, illustrant l’histoire du journaliste, sa fuite pour éviter la persécution politique et son combat pour ne pas être expulsé vers les États-Unis en représailles à ses activités.

Plus d’infos sur le programme : https://assangewave.com/blogs/rally/23-april-2022-eu-free-assange-concert-rally


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