SOCIETE

Waremme : l’éducation aux médias au service de l’esprit critique


Les visages sont tendus, les discussions parfois houleuses et les claviers se font entendre. Non, vous n’êtes pas dans la rédaction de L-Post, mais bien au sein du Service d’Accrochage Scolaire (SAS) de l’ASBL Compas Format-Espace Tremplin à Waremme. Cette ASBL accueille tout au long de l’année des élèves en situation de décrochage scolaire et tente de les rediriger vers un parcours scolaire pacifié et plus clément. C’est Christophe Linotte, instituteur primaire de la structure qui nous accueille dans sa classe où se côtoient des enfants de 13 à 17 ans. Le but de cette matinée: sensibiliser les élèves à la problématique des fake news et leur faire découvrir des moyens simples de vérifier les actualités auxquelles ils sont confrontés au quotidien. Plongée dans un exercice citoyen, celui de l’esprit critique.

« Attends, et si on recherchait le nom du journal ? » , « Ha ouais, bonne idée. » … L’ambiance est à la réflexion dans la classe de Christophe Linotte, instituteur primaire travaillant dans le Service d’Accrochage Scolaire de l’implantation de Waremme de l’ASBL Compas Format-Espace Tremplin.

Ce sont huit élèves qui sont affairés autour des ordinateurs de l’école de devoir : la mission confiée par l’enseignant ? Déterminer la validité d’une source en se basant uniquement sur un corpus de liens. Par deux, ils arpentent les sites du Soir, du Figaro, de la RTBF, mais également de NordPresse et doivent séparer le bon grain de l’ivraie.

On travaille en équipe et avec sérieux- Photo : Maxime Klassen

Les Belges considéraient déjà en 2021 les fake news comme un « problème majeur »

C’est que l’éducation aux médias est un enjeu d’importance qui n’est pourtant toujours pas imposé dans les programmes scolaires. Pourtant, les Belges considéraient déjà en 2021 les fake news comme un « problème majeur ». On estime même qu’une fake news se répand six fois plus vite qu’une autre information grâce aux réseaux sociaux.
Un enjeu que les Belges ont bien compris. Selon une enquête Deloitte datant de 2021, 83 % de nos concitoyens estimaient déjà que ces fausses informations constituaient un « problème majeur ».

Cette conscience du problème se heurte cependant à la réalité de l’esprit critique. Le Belge a encore relativement confiance dans ses médias. 57 % des sondés indiquaient considéré les médias traditionnels (télévision, radio, presse écrite, site web de quotidiens,…) davantage dignes de confiance.

L’étude souligne aussi, cependant, une différence significative entre les groupes d’âge : 70 % des 65-75 ans contre 53 % des 18-24 ans les considèrent comme fiables. Dans la même étude, un peu plus de la moitié des répondants (52 %) avouent cependant éprouver des difficultés à distinguer le vrai du faux.

Critiquer des sources et produire de l’info : deux moyens d’aiguiser son esprit critique

C’est face à cette difficulté que les organismes d’éducation populaires font face tous les jours. Dès lors, comment outiller les futurs citoyens de demain ? Une des pistes proposée par l’enseignement est la mise en place d’activité d’éducation aux médias. On découvre comment est fabriqué un journal, un journaliste peut venir parler de son métier en classe via l’AJP et son opération “Journaliste en classe”….

Christophe Linotte présente un outil du journalisme à ses élèves : l’enregistreur vocal Photo : Maxime Klassen

Ou mieux, les enfants peuvent aussi prendre part à la production de l’information d’une manière ou d’une autre. C’est ce que les enfants du site waremmien de l’ASBL Compas Format, vont être amenés à réaliser dans les prochains jours. « En petite équipe, ils ont choisi des sujets et vont réaliser des micros trottoir et aller à la rencontre des habitants du quartier », explique l’enseignant. Les capsules audios seront ensuite diffusés sur les ondes d’Equinoxe FM.

Apprendre comment est produite l’information est un bon moyen pour se poser les questions que se posent tous les journalistes devant une nouvelle fraîche : Qui ? Que ? Quoi ? Dont ? Où ? et pourquoi ?  « Tu vois, je t’avais dit que NordPresse c’était bizarre comme nom. » Micro à la main, ces journalistes en herbe découvriront bientôt la réalité du terrain.

 

Maxime KLASSEN (st)