GEEK

Des experts en Tech exhortent Washington à résister à l’influence de l’industrie de la cryptomonnaie


L’actualité des cryptos est intense ces dernières semaines, avec un écosystème vivant de fortes turbulences. Dans une lettre adressée à Washington, 26 chercheurs américains appellent le législateur à résister aux pressions du lobby des cryptomonnaies et à réguler rapidement ce secteur. Les experts américains spécialisé dans la Tech se veut très critique vis-à-vis notamment de la blockchain, révèle le Financial Times. Ils s’adressent, en autre, au chef de la majorité démocrate au Sénat, Charles Schumer, au républicain Mitch McConnell, ainsi qu’à des sénateurs comme Patrick Toomey et Ron Wyden, qui ont tous fait part de leur vif intérêt pour le secteur et soutiennent l’industrie. Les élections de mi-mandat sont à ce stade un enjeu stratégique en termes de régulation.

Un marché instable

Comme tous les actifs risqués, les cryptos sont sous pression avec le contexte économique morose et surtout avec le durcissement de la politique monétaire de la Réserve fédérale, la banque centrale américaine, qui vise à maîtriser une inflation galopante.
Schématiquement, avec la hausse des taux d’intérêt, l’argent coûte plus cher et il y a moins de liquidités dans le système économique. Jusque-là, les actifs risqués avaient largement bénéficié des taux bas, en attirant de plus en plus d’investisseurs. C’est désormais le mouvement inverse qui s’opère. Les actifs risqués sont les plus pénalisés par la hausse des taux.

Par ailleurs, depuis quelques mois, le marché des cryptomonnaies est devenu de plus en plus corrélé au Nasdaq, l’indice boursier américain dédiée aux entreprise de la Tech telles que Google ou encore Meta, anciennement Facebook. Ainsi, si le Nasdaq progresse, le bitcoin progresse et inversement si le Nasdaq plonge, alors la cryptomonnaie plonge.
Or, le marché des cryptomonnaies étant plus petit (1500 milliards de capitalisation) que le Nasdaq (19.276 milliards selon Factset), il est aussi sujet à plus de volatilité. Un repli du Nasdaq a ainsi tendance à se traduire par une chute encore plus forte du marché des cryptomonnaies.

Des actifs risqués et imparfaits

« Nous vous demandons instamment de résister aux pressions exercées par les financiers, les lobbyistes et les promoteurs du secteur des actifs numériques en vue de créer un refuge réglementaire pour ces instruments financiers numériques risqués, imparfaits et non éprouvés », ont déclaré les signataires de la lettre, parmi lesquels figurent Brune Schneier, maître de conférences à Harvard, Miguel de Icaza, ancien ingénieur chez Microsoft ou encore Kelsey Hightower, ingénieur principal chez Google Cloud.

Ces derniers se veulent notamment très critique vis-à-vis de la technologie blockchain, sur laquelle repose l’ensemble des cryptomonnaies. « Les affirmations des défenseurs de la blockchain ne sont pas vraies. Ce n’est pas sécurisé, ce n’est pas décentralisé. Tout système dans lequel vous oubliez votre mot de passe et vous perdez vos économies n’est pas un système sûr », ont-ils pointé.

 30 millions de dollars en lobbying

La lettre souligne en outre les liens de plus en plus étroits entre les politiciens américains et les lobbyistes qui défendent les cryptomonnaies, mais également avec les crypto acteurs. Ainsi, en l’espace de deux ans, l’industrie crypto a déversé 30 millions de dollars en lobbying pour plaider sa cause auprès des parlementaires américains, en vue des élections américaines de mi-mandat qui se dérouleront à l’automne prochain.

Selon plusieurs observateurs, l’industrie de la cryptomonnaie joue sa crédibilité sur cette élection américaine des mid-terms. Elle va devoir ainsi convaincre de sa fiabilité après la tempête vécue sur le marché des cryptomonnaies il y a trois semaines.

L’industrie cherchera notamment à être prise au sérieux afin aussi que les parlementaires américains plaident pour une régulation moins stricte. Le nombre de lobbyistes cryptos évoluant en ce sens aux Etats-Unis est passé de 115 à 320 entre 2018 et 2021, précise le Financial Times citant les données de Public Citizen.