Dino Scala, le violeur de la Sambre : déjà vers un autre procès ?
FRANCE. Le procès de Dino Scala, le violeur de la Sambre, soupçonné d’avoir violé 56 femmes, âgées de 13 à 48 ans entre 1988 et 2018, s’est ouvert le 10 juin dernier devant la cour d’assises du Nord, à Douai. Ce jeudi, les avocats généraux ont requis vingt ans de réclusion criminelle à son encontre pour des viols, agressions sexuelles ou tentatives sur ses victimes. Le verdict est attendu ce vendredi. Pourrait-on déjà imaginer un procès supplémentaire du violeur ? Les avocats généraux ont à tout le moins annoncé, lors de leurs réquisitions, l’ouverture d’investigations supplémentaires visant 14 dossiers laissés de côté par la justice.
Rétroactes et procès
Au terme de 4 ans d’information judiciaire, le procès de Dino Scala s’est ouvert le vendredi 10 juin à la cour d’assises du Nord à Douai. Pendant près de 30 ans, le bon père de famille prédateur sexuel aura semé la terreur dans la vallée de la Sambre en attaquant plus d’une cinquantaine de femmes. Interpellé après un énième fait et incarcéré depuis fin février 2018, il fait face à ses juges. Le Pontois de 61 ans encourt une peine de 20 ans de réclusion criminelle.
Vendredi 10 juin, Dino Scala a répondu aux nombreuses questions des parties civiles admettant, entre autres, avoir « commis des viols et des agressions sexuelles ». Le lundi 13 juin, les proches ont été entendus, évoquant chacun à leur tour la vie passée avec l’accusé et leur consternation devant les faits reprochés. Mardi 14 juin, les enquêteurs ont été auditionnés. Ensuite, durant dix jours, les victimes présumées de Dino Scala ont défilé à la barre pour témoigner des agressions subies et de leurs traumas.
Lundi 27 juin, les experts psychologues ont décrypté la personnalité de l’accusé et le mardi 28 juin, les avocats et les parties civiles ont plaidé. Les plaidoiries terminées, les avocats généraux ont pris la parole pour requérir la peine maximale : vingt ans de réclusion criminelle.
Combien de victimes ?
Attaquer des femmes le soir ? « Pas possible », a toujours répété Dino Scala depuis l’ouverture de son procès, lui qui agressait en hiver et au petit matin. Alors, Dino Scala coupable ou pas ? C’est la question qui a traversé tout ce procès pour l’ensemble des victimes. Dino Scala conteste à tout le moins 16 tentatives de viol ou agressions sexuelles.
L’un de ses conseils, Jeanne Peissel, argumente : « de ces trois semaines de procès, je ne retiens que du positif. Dino Scala a répondu à toutes les questions. Je suis fière de notre justice qui a permis cette prise de parole. Nous avons assisté à des moments de dialogue entre un accusé et une victime. Pour moi, c’est aussi la fonction réparatrice de la justice. Mais ce ne serait pas lui faire honneur que de condamner Dino Scala pour des faits qu’il n’a pas commis. Je vous demande de ne pas céder à cette facilité ».
C’est ensuite au tour de Margaux Matthieu de prendre la parole : « Il faudra que vous l’acquittiez pour les faits qu’il n’a pas commis et que vous le condamniez pour les infractions qu’il a réellement commises sous les bonnes qualifications. » L’avocate demande à la cour la requalification de sept tentatives de viol en agressions sexuelles. Un détail qui a son importance. La tentative de viol constitue un crime et l’agression sexuelle un délit. Les peines encourues ne sont pas les mêmes.
L’enjeu du procès n’est pas la peine
Dès sa première prise de parole, Annelise Cau, l’avocate générale, rappelle que l’affaire Scala pose un problème majeur au droit pénal français.« La loi n’est pas adaptée, ce constat doit nécessiter une réflexion profonde et collective y compris de ceux qui rédigent les lois, explique la magistrate. L’enjeu de ce procès ne sera pas la peine. La peine maximale est quoiqu’il arrive trop faible et il n’y a pas besoin d’être un professionnel du droit pour le savoir ».
Dino Scala risque maximum vingt ans de réclusion criminelle. En résumé, il a de la change d’être jugé en France où la justice ne pratique pas le cumul des peines comme aux Etats-Unis.
Une énigme persistante
« Rien dans le parcours de cet homme n’expliquera suffisamment comment, année après année, Dino Scala a pu réitérer ces agressions, le criminel d’un jour peut agir sous l’impulsion, la jalousie. Le criminel en série interroge la nature humaine bien plus profondément (…) Nous nous heurtons à un plafond de verre, un point où toute explication rationnelle devient hors-sujet », a poursuivi Annelise Cau.
Et Antoine Berthelot, le second avocat général de préciser : « entre les contradictions de l’accusé dans ses déclarations, ses revirements ou les négations dans son mode opératoire, le qualifier de sincère, c’est impossible (…) Surprendre, dominer, soumettre, quiconque, de sexe féminin, a résidé dans ces 90 kilomètres carrés de la Sambre entre 1988 et 2018, a pu être épié, observé, convoité par Dino Scala. Nous ne saurons jamais le chiffre réel de ses repérages, mais j’ai la conviction que nous en sommes très loin ».
De nouvelles investigations lancées
Ce procès aura aussi mis en lumière les errements de 30 ans d’enquête et le traitement suspicieux qui a été réservé à certaines plaignantes, qui n’ont pas été crues à l’époque. Plusieurs victimes ont dénoncé leur (non)prise en charge par les forces de l’ordre. Les avocats généraux ont annoncé, lors de leurs réquisitions, l’ouverture d’investigations supplémentaires visant 14 dossiers laissés de côté par la justice. Pourrait-on déjà imaginer un procès supplémentaire du violeur présumé de la Sambre?
Illu – Copyright – Dino Scala devant ses juges à Douai – AFP
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