Nouvelle campagne de vaccination anti-Covid-19 : ne plus mettre les non-vaccinés au ban de la société
Une nouvelle campagne de vaccination anti-Covid-19 sera lancée ce 12 septembre en Wallonie. Cela fait partie de la politique de gestion de la crise sanitaire face à l’incertitude sur l’évolution de l’épidémie. Néanmoins, nous ne sommes pas dans les conditions de la rentrée de 2020, ni même celles de 2021 et il n’est pas logique de rejouer simplement la pièce. Tout d’abord, les variants du SARS-CoV-2 se sont progressivement atténués (comme toujours lors des pandémies virales respiratoires) et la maladie n’est plus aujourd’hui celle de départ, aussi peut-on l’appeler « Covid-22 ». Ensuite, ce qui est proposé maintenant, c’est une revaccination (3ème ou 4ème dose, voire pour certains, une 5ème), pudiquement dénommée « 1er, 2ème ou 3ème rappel » après la vaccination dite « complète ».
Tout citoyen a légitimement droit à cette vaccination, s’il le souhaite, comme il a le droit de la refuser sans se faire mettre au ban de la société sous prétexte qu’il met ses congénères en danger. On sait, depuis l’été 2021, qu’une telle accusation ne repose sur aucune réalité, les vaccinés pouvant être infectés et propager le virus, et qu’elle alimente un fantasme injuste et discriminant envers les non-vaccinés.
Le rappel vaccinal, comme la primovaccination, est officiellement conseillé aux personnes dites « à risques ». Certains immunologistes qui ont promu avec véhémence une vaccination générale déconseillent à présent ces rappels pour le reste de la population, donc pour une vaste majorité. Pour rappel, la vaccination doit faire l’objet d’un consentement et celui-ci doit être parfaitement éclairé. Il convient donc de s’assurer que quelques principes importants soient respectés.
Aujourd’hui, personne ne peut affirmer que la répétition fréquente d’inoculations vaccinales de la dernière génération ne présente aucun danger.
Ne pas confondre campagne et propagande
Contrairement aux épisodes précédents encore dans les mémoires, sur le plan de la communication, il faut s’en tenir à une campagne d’information. Elle doit porter tant sur la disponibilité des vaccins que sur ce que l’on sait actuellement des avantages et inconvénients de cet acte médical, sans tabou ni préjugé. Une propagande repose par contre sur une information partiale ou partielle, masquant certains éléments ou promettant des résultats imaginaires. C’est ainsi qu’on a pu entendre et lire, très officiellement, lors des campagnes précédentes, que la vaccination généralisée allait permettre l’éradication du virus et nous tirer définitivement d’affaire. Cette affirmation simpliste s’est avérée fausse, et si d’éminents politiciens s’y sont laissé prendre, tout virologue expérimenté aurait dû le savoir d’emblée. En effet, on n’éradique pas — et particulièrement pas par une vaccination intramusculaire — un virus qui est : a) transmis essentiellement par la voie respiratoire, b) infectieux pour d’autres espèces que la nôtre et c) sujet à de très nombreuses mutations.
Par ailleurs, avoir fait miroiter aux personnes qui ne risquent que très peu, voire pas du tout, de connaître une forme grave de l’infection, qu’être vacciné était altruiste et généreux n’était pas correct et peut avoir fortement influencé leur décision.
Ne pas éluder les questions non-résolues
La pharmacovigilance qui accompagne la vaccination n’est malheureusement pas sans faille. Elle repose essentiellement sur l’initiative des médecins généralistes et certains d’entre eux sélectionnent les cas à rapporter en fonction de leur jugement propre. Or une pharmacovigilance bien comprise implique qu’on rapporte toute pathologie post-vaccinale, sans exception, ni préjugé, ni appréciation personnelle. L’existence ou non d’une relation de causalité est le travail et la responsabilité des services publics spécialisés.
Par ailleurs, aujourd’hui, personne ne peut affirmer que la répétition fréquente d’inoculations vaccinales de la dernière génération ne présente aucun danger.
La population a droit à une information complète et documentée, sans paternalisme.
Le public est de plus en plus informé de diverses pathologies suspectes (myo/péricardites, thromboses, dérèglements menstruels, etc.)[1]. Si même elles se révèlent passagères, leurs répercussions à long terme ne sont – forcément – pas connues et leur prise en compte doit intervenir dans l’appréciation des risques. Tenter de les évacuer péremptoirement en les qualifiant de fake news est inutilement et fâcheusement clivant et alimente la méfiance. La population a droit à une information complète et documentée, sans paternalisme. Elle doit être traitée, par défaut, comme étant capable de comprendre et de poser un choix personnel avisé.
Ne pas exercer de coercition
Lors des campagnes précédentes, des règles ont été instaurées afin de freiner la propagation du virus mais, plus discrètement, afin d’inciter les hésitants à se faire vacciner sur base de contraintes non-sanitaires : pouvoir partir en vacances, aller au restaurant ou au spectacle, se rassembler en nombre, etc., des mesures appliquées non seulement en Belgique, mais également ailleurs, ce qui impose aux voyageurs une obligation déguisée.
Il serait regrettable que, sous prétexte de sécurité sanitaire, on exerce à nouveau une telle pression, alors que le danger n’est pour le moment que théorique. Il est, en outre, clairement apparu que le Covid Safe Ticket (pass sanitaire), octroyé d’office aux vaccinés, était un activateur de propagation – par la confiance injustifiée qu’il conférait à son porteur – et non un outil de sécurité, et que son concept même devait être banni.
Quant à l’obligation vaccinale du personnel soignant, on sait aujourd’hui qu’elle n’a pas de sens puisqu’elle n’empêche pas la contamination, ni la transmission au patient.
Tant qu’aucun nouveau variant plus pathogène n’apparaît (en contradiction avec ce que l’histoire de la virologie nous enseigne : la décroissance de la virulence des variants successifs), et faute de certitude quant aux effets non désirés des vaccins de nouvelle génération, les risques potentiels deviennent disproportionnés par rapport à ceux de l’infection naturelle.
Quant à l’obligation vaccinale du personnel soignant, on sait aujourd’hui qu’elle n’a pas de sens puisqu’elle n’empêche pas la contamination, ni la transmission au patient. En outre, le personnel soignant est parfaitement capable, depuis des décennies, de prendre les précautions élémentaires.
En résumé, puisqu’une campagne de vaccination est relancée, il est de notre devoir de citoyens de vérifier qu’elle respecte les principes éthiques ainsi que la proportionnalité et les droits fondamentaux de chacun, mais qu’elle tienne également compte de l’évolution du pouvoir pathogène des souches virales dominantes pour adapter, le cas échéant, les actions à recommander. Cette mission de surveillance et d’alerte revient aux services de la santé publique.
Bernard Rentier
Biologiste et virologue
Ex-Recteur de l’Université de Liège (2005-2014)
Auteur de plus de 250 publications scientifiques et de vulgarisation
Vice-président du Conseil fédéral belge de la Politique scientifique
[1] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0264410X22010283