WALLONIE

Scandale au greffe du parlement wallon : des agents dénoncent l’autoritarisme du greffier et appellent à l’aide

On voit sur la photo, le président du Parlement wallon, Jean-Claude Marcourt (PS) et derrière lui à gauche, le greffier, Frédéric Janssens. BELGA

Face à l’absence de décisions concrètes afin de sanctionner le greffier du Parlement wallon, Frédéric Janssens, les agents du greffe ont adressé une lettre ouverte au bureau Parlement avec copie à la justice. Ils dénoncent « L’autoritarisme de M. Janssens, ses pressions, ses menaces, ses colères, ses insultes, ses humiliations ainsi que sa violence psychologique – et parfois physique – » ayant « instauré une ambiance délétère, un climat de terreur ». Ils ne comprennent pas pourquoi le bureau du Parlement régional n’a pris aucune mesure radicale « face un acte illégal qui semble impuni ». Les signataires demandent le soutien du bureau du Parlement et rappellent que 52 agents statutaires sur les 106 agents du greffe du Parlement wallon soutiennent leur démarche.

Révélé par nos confrères du « Soir », le scandale au greffe du Parlement wallon continue de faire des vagues. L’absence de décisions radicales du bureau de l’institution régionale suscite de l’indignation et de l’incompréhension dans le rang des fonctionnaires. Ces derniers viennent d’envoyer un courrier témoignant de la révolte et de la frustration de voir que malgré les révélations, les choses ne semblent pas bouger. « Votre communiqué du 13 courant n’a pas manqué d’interpeller une majorité d’entre nous. Les révélations de l’article du Soir ne nous ont guère surpris, mais face à une menace de mort, étayée par un enregistrement, nous espérions davantage de votre part. Au cœur de la démocratie, un acte illégal qui semble impuni est d’autant plus révoltant, et le justifier par un quelconque contexte est hors de tout entendement », écrivent les signataires dans un courrier adressé au président, aux vice-présidents, aux secrétaires et aux membres du bureau.

Le monde politique a fermé les yeux pendant trop longtemps sur ces abus de pouvoir qui durent depuis plus d’une décennie, dont il avait pourtant parfaitement connaissance.

Dénoncer l’impunité

Une copie du courrier est d’ailleurs envoyée à la justice à Namur. Tout en rappelant leur fierté de travailler pour la démocratie et leur grande implication dans leur travail au quotidien, ils assimilent le manque de décision du bureau de l’abandon et à de l’impunité, alors que les faits dénoncés sont graves. « Nous nous sentons néanmoins abandonnés à notre sort et salis par les techniques managériales de celui qui a autorité sur nous en votre nom et qui ternissent l’image du Parlement. Le monde politique a fermé les yeux pendant trop longtemps sur ces abus de pouvoir qui durent depuis plus d’une décennie, dont il avait pourtant parfaitement connaissance, et nous ne pouvons plus l’admettre », lit-on encore dans le courrier envoyé aux rédactions.

D’après eux, le greffier du Parlement wallon sévit depuis des années et ce n’est pas la première fois qu’une plainte est déposée à son encontre. Ils dénoncent l’impact d’un « management toxique » sur l’état de santé psychologique de plusieurs agents dont plusieurs d’entre eux ont quitté prématurément le service. « Deux responsables de direction sur quatre sont en burn-out, sans compter les nombreux fonctionnaires qui ont eu et ont à vivre cette terrible maladie après de longues années de dévouement sans faille envers l’institution. Il est de notre devoir de les soutenir et de sortir de notre réserve afin que ces agissements indignes d’un haut fonctionnaire cessent une bonne fois pour toutes », poursuivent les signataires du courrier.

Trop souvent, nous n’avons assisté qu’à des simulacres de dialogue qui n’ont jamais abouti, notamment faute de confidentialité réelle et d’impartialité.

Autoritarisme et simulacres de concertation sociale

Il estime que l’attitude du greffier qui dénonce un absentéisme dans son service s’apparente à la démarche du pompier-pyromane. « L’autoritarisme de M. Janssens, ses pressions, ses menaces, ses colères, ses insultes, ses humiliations ainsi que sa violence psychologique – et parfois physique – ont instauré une ambiance délétère, un climat de terreur et une résignation au mutisme qui impactent notre travail au service des parlementaires et des citoyens, et, au-delà même, notre vie privée ainsi que notre santé psychique et physique », écrivent les signataires qui ne croient pas en la concertation sociale mise en avant.

« Trop souvent, nous n’avons assisté qu’à des simulacres de dialogue qui n’ont jamais abouti, notamment faute de confidentialité réelle et d’impartialité. Par cette démarche courageuse au vu du contexte de terreur et de délation dans lequel nous vivons au quotidien, nous vous demandons de prendre vos responsabilités et de ne plus cautionner cette situation inacceptable, car cette impunité ne peut plus durer », concluent-ils, rappelant au passage que « 52 statutaires parmi les 106 agents du greffe du Parlement de Wallonie soutiennent ce courrier, qui n’est pas signé par la crainte de certains de mesures de représailles et d’intimidation de la part de M. Janssens ».

Pour rappel, le greffier Janssens est accusé de harcèlement de dépenses importantes payées avec les deniers publics. L’opposition est vent debout contre les pratiques dénoncées et le PTB demande un débat public pour garantir la transparence.