Police/Justice

Hassan Iquioussen et Gérald Darmanin : je t’aime, moi non plus …


Hassan Iquioussen a été interpellé ce vendredi 30 septembre du côté de Mons, en Belgique. En déplacement en Guyane, accompagné par le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti à l’occasion des Assises de la sécurité organisées à Cayenne, Gérald Darmanin s’est « réjoui » de cette arrestation. « Se soustraire à une décision d’expulsion du territoire national est un délit que le Code pénal condamne ». Il a ensuite ajouté que la procédure d’expulsion de l’imam autoproclamé vers son pays d’origine allait se poursuivre.  Désormais, il s’agit d’une coopération judiciaire entre la justice belge et la justice française. Si la procédure de remise à la France de l’imam pourrait prendre plusieurs semaines si l’intéressé s’y oppose, une chose est sûre : le ministre de l’Intérieur français aura fait preuve d’obstination. Il s’est donné les moyens d’agir dans l’Hexagone sur la question du séparatisme. L’objectif depuis la récente loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République : faire un exemple. Dans le destin d’Hassan Iquioussen, qui a d’ores et déjà annoncé qu’il refuse d’être rapatrié en France, un Darmanin peut toutefois en cacher un autre.

Entre le prêcheur et le ministre de l’Intérieur, les chemins croisés ne datent d’hier. Hassan Iquioussen, et ce dernier sont tous deux Valenciennois. Bien avant que Gérald Darmanin ne fasse éclater l’ « affaire Iquioussen », il faisait « affaire » avec lui. Selon une information du Parisien, Hassan Iquioussen aurait acheté sa maison de Lourches (Nord), en 2003, à un oncle de Gérald Darmanin.
Le journal assure avoir consulté l’acte de vente de cette propriété de 3,5 hectares. Il établit la transaction au 27 mars 2003 entre la société Darmanin Père & Fils, dirigée par un oncle paternel de Gérald Darmanin, et Hassan Iquioussen et sa femme Zaina. Selon les registres commerciaux, plusieurs sociétés immobilières liées à l’imam et à sa famille sont enregistrées à cette adresse. Onze ans plus tard, en 2014, le prédicateur aurait carrément dîné avec le ministre de l’Intérieur en marge des élections municipales.

Un dîner à vocation électorale

L’arbre a-t-il caché une forêt d’ambitions électorales ? Le 25 aout dernier, Mediapart révélait qu’avant les municipales de 2014 à Tourcoing, Gérald Darmanin aurait tenté de séduire, lors d’un dîner qui réunissait une petite dizaine de personnalités de la communauté musulmane locale, celui qui alimentait déjà le prosélytisme qui lui est aujourd’hui reproché. Hassan Iquioussen n’est alors donc pas un prédicateur comme les autres. Il n’est pas renseigné par les services de renseignement de l’État français, en parfait inconnu du ministre, mais bien comme une connaissance à qui il est demandé une faveur dans le cadre d’une campagne électorale il y a 8 ans.

Raviver les voix des musulmans de Tourcoing

Le vote confessionnel existe. Plusieurs sociologues ont démontré l’influence de l’appartenance religieuse dans la détermination des attitudes politiques et du vote. Un sondage IFOP pour La Croix et Le Pèlerin a d’ailleurs étudié le vote des électorats confessionnels lors de la dernière élection présidentielle française. L’enquête révèle que 69 % des citoyens de confession musulmane qui ont voté l’ont fait pour Jean-Luc Mélenchon lors du premier tour. Au second tour, ils sont 85 % à avoir voté pour Emmanuel Macron.

C’est dans ce contexte que Gérald Darmanin aurait voulu s’attirer les voix des musulmans du Nord. Toujours selon Mediapart et après avoir joint l’imam avant sa disparation, celui-ci aurait confié à nos confrères français « On a passé ( avec Gérard Darmanin) une très belle soirée. C’était très positif, on s’est mis d’accord sur 99,9 % des sujets de conversation ».  Étrange entente complice donc lorsque l’on sait quand le prédicateur caresse des idées extrêmes et les véhiculent, en toute franchise, sur les médias sociaux depuis plus de 10 ans.

Dans le sillage de l’idéologie islamiste

Dès 2004, le nom d’Hassan Iquioussen circule pourtant. L’Humanité révèle que l’imam promeut dans ses prêches une culture de la haine antijuive. Dans une cassette intitulée « Palestine, histoire d’une injustice », enregistrée en 2003, il reprend ainsi à son compte le mythe d’une collaboration des sionistes et d’Hitler, un lieu commun du discours antisémite en grande partie forgé par la propagande « antisioniste » soviétique.

Dans un prêche tenu à la mosquée Abou Dhar de Dunkerque le 5 octobre 2012 au sujet de l’islamophobie, Hassan Iquioussen prétend alors qu’elle s’insère dans le cadre d’un vaste plan de manipulation dont le terrorisme ferait également partie. Lors de la même intervention, il tient des propos négationnistes concernant le génocide des Arméniens.
En 2013, lors d’une conférence enregistrée intitulée « Bien choisir son épouse », Hassan Iquioussen affirme que pour une femme, « le paradis se trouve sous les pieds de son mari ». Une spectatrice relève alors qu’elle est bien au courant de l’adage qui affirme que « le paradis se trouve sous les pieds de la mère », mais pas sous ceux du mari et I ’imam de lui rétorquer que « le verset existe bien, mais est mal connu ».

Pourquoi maintenant ?

Ceci ne sont que quelques exemples. Sur le fond du dossier, l’expulsion de Hassan Iquioussen est donc légitime. Elle n’est pas liée à une actualité récente, mais est aujourd’hui permise par la nouvelle loi française de 2021, dite loi contre le séparatisme, qui autorise cette sanction, non seulement pour des faits de terrorisme, mais aussi à présent pour provocation à la haine, à la violence, au négationnisme et, de manière plus large, au déni des valeurs occidentales.
Suivi par plus de 170.000 abonnés sur YouTube, Hassan Iquioussen ne masque pas son appartenance à l’islam politique ni sa proximité avec les Frères musulmans. Il n’a jamais caché, par le biais d’un discours victimaire, mettant en scène une supposée persécution qui justifie la haine et le rejet des principes démocratiques et républicains, sa volonté de réislamiser les jeunes musulmans en les mettant en opposition avec la civilité, les mœurs et les lois françaises. Son sort était scellé. Il ne pouvait en être autrement.

Actuellement détenu à la prison de Tournai, Hassan Iquioussen aurait déjà annoncé qu’il refuse d’être rapatrié en France. Une première audience doit se tenir dans les prochains jours.

 

Copyright : Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin arrive à la réunion hebdomadaire du cabinet à l’Elysée présidentielle à Paris le 24 août 2022 – AFP


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