Police/Justice

Agressions à l’arme blanche : le terrorisme low cost est la nouvelle menace


Fichés S, ils sont connus des services de renseignement. Aucun n’a prêté allégeance à un groupe terroriste et aucun groupe ne les a reconnus comme membres. Quand ils sont visibles, les signes précurseurs de leur radicalisation s’expriment par le biais des réseaux sociaux. Lors du passage à l’acte, aucun n’a ouvertement déclaré de motivation politique. Leur djihadisme est individualisé, leurs cibles sont indéterminées et leurs seules armes sont des couteaux. Londres, Paris, Milan, Bruxelles, ces agressions à l’arme blanche se multiplient et contribuent largement au sentiment d’insécurité dans l’espace public. L’électron libre voyou est l’héritier contemporain du criminel salafisé par une organisation extrémiste. Décryptage d’un terrorisme low cost, anti-valeurs démocratiques, difficile à anticiper et qui alimentent une réelle menace diffuse. 

Depuis les années 1970 jusqu’aux attentats perpétrés par Al-Qaïda au début des années 2000, le terrorisme se manifestait par des opérations d’envergure nécessitant une logistique pointue, des armes lourdes  et des financements conséquents. Avec Daech, un autre chapitre s’est ensuite ouvert. Des combattants étrangers sont alors recrutés un peu partout en Europe pour affaiblir le Vieux continent, avec un nouveau variant : le terrorisme prend, le plus souvent, la forme d’attentats-suicides de masse orchestrés. Paris, Nice, Bruxelles, le défi pour nos sociétés est alors redoutable, mais l’objet idéologique revendiqué est clair. Le combat est politico-radical. Phénomène nouveau, à l’ère des réseaux sociaux, le djihadisme s’individualise. N’importe quel quidam peut se saisir d’un couteau pour rendre sa « justice divine ». Et ce terrorisme low cost est difficilement maîtrisable.

Plus besoin de QG, ni d’ordres

L’entrepreneur individuel d’un acte terroriste, qui n’est rattaché à aucun groupe, s’autoreconnaît comme combattant de la cause et frappe seul. Facilitée par le numérique, cette forme de radicalisation comme la décentralisation est totale. La violence est soudaine et donc difficile à détecter. Cartographier le profil des agresseurs (âge, nationalité, motifs, antécédents judiciaires et psychologiques), comme celui des victimes, afin de pouvoir établir un plan d’actions et éviter que ces attaques se produisent et se multiplient, relève de l’ordre de l’impossible. Seule constante : la source d’autorité et de légitimité du passage à l’acte est l’islam.

Un terrorisme anti-valeurs démocratiques

Le profil de ces terroristes pointe, de manière inédite, la société occidentale elle-même et ses valeurs démocratiques, accusée d’avoir engendré ce bacille que le contexte international nourrit et stimule. Ce terrorisme victimaire s’inscrit dans le registre de la violence politique. Il joue tout à la fois sur l’irruption de la mort dans le quotidien et la déstabilisation de l’autorité étatique. Symboliquement, ce sont des figures détentrices de l’autorité qui sont visées, que ce soient des enseignants, des militaires ou des policiers. Il y a clairement un ressentiment de rejet de ces institutions qui nourrit le passage à l’acte. Le terroriste ne se voit pas comme un monstre, mais comme une victime qui fait justice. Selon sa logique, il ne fait que tuer un oppresseur. Il rend partant service à la communauté et la délivre.

L’attente aveugle accroît en outre le sentiment d’interchangeabilité des cibles. L’identification compassionnelle ressenties par les citoyens/spectateurs provoque une panique diffuse. Les « victimes » psychologiques sont ainsi infiniment plus nombreuses que les personnes tuées ou blessées. Cette dimension constitue indiscutablement le principe d’action de ce terrorisme low cost et sa force de frappe symbolique. En résumé, cela aurait pu être moi et non mon collègue …


Recent Posts

  • Politique

Koekelberg : entre minute de silence en hommage aux victimes de l’attentat antisémite d’Australie et pression fiscale en hausse

Lors de la réunion mensuelle du lundi 15 décembre 2025, le Conseil communal de Koekelberg…

4 minutes ago
  • Opinion

Maroc : le makhzen, d’un appareil traditionnel à une puissance économique autonome qui échappe désormais en partie au contrôle royal

Le concept de makhzen est souvent évoqué, rarement expliqué, et presque jamais analysé dans toute…

6 heures ago
  • Economie

Jean-Luc Maurange récupère son poste de CEO du groupe John Cockerill

Le groupe d’ingénierie multisectoriel a annoncé ce lundi matin, 15 décembre 2025, que le Français…

2 jours ago
  • Société

Australie : au moins 15 morts et 40 blessés dans la plus grave attaque antisémite de l’histoire du pays

Deux hommes vêtus de noir ont ouvert le feu, dimanche 14 décembre 2025, en fin…

2 jours ago
  • Société

L’analphabétisme demeure, chez nous aussi, un enjeu majeur

Entre 15 et 20% des adultes en Belgique francophone, présenteraient, aujourd’hui  encore, un faible niveau…

3 jours ago
  • Développement durable

Sortie du mazout en Wallonie : Techlink appelle à une transition concertée et techniquement maîtrisée

Techlink, la fédération des métiers techniques du bâtiment, rappelle que le secteur CVC (pour Chauffage,…

3 jours ago